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Sur sa surface rugueuse et mate, le réparage — exécuté avec des outils comme la lime, le racloir, le ciseau, le burin, la pierre tendre — permet d’enlever les irrégularités, les traces d’assemblage du moule, de boucher les trous, de nuancer les effets de surface (plus ou moins brillante), de ciseler les détails. Pour empêcher l’oxydation, on enduit l’oeuvre terminée de bitume ou de résine, à moins qu’on ne préfère la patine naturelle ou une patine artificielle. Pour les grandes pièces, on peut procéder à plusieurs fontes et assembler ensuite les parties par soudure. L’oeuvre en bronze peut être dorée soit sur toute sa surface, soit pour souligner des détails.

D’autres techniques sont à envisager pour le métal : martelage, repoussé, assemblages divers ; elles sont exceptionnelles dans le domaine de la sculpture, sauf de nos jours.

F. S.

Place du sculpteur

La notion de sculpture décorative peut correspondre à une hiérarchie parmi les sculpteurs, les « ornemanistes » étant au bas de l’échelle, cependant qu’une dignité particulière s’attache à ceux qui sont aptes à faire la « figure » ; mais les frontières restent parfois floues. Des distinctions apparaissent aussi selon que l’artiste s’adonne à la sculpture sur bois, en marbre, en bronze, et l’on constate que certains n’ont pratiqué que telle matière, ou ne se sont essayés qu’exceptionnellement sur d’autres.

La situation est loin d’être équivalente à toutes les époques et il faut tenir compte des modes, qui s’imposent aux sculpteurs comme à leurs contemporains qui commandent ou qui jugent.

La position sociale de l’artiste est aussi fort variable. Il semble bien que, dans la Grèce classique, les grands maîtres, comme Phidias*, aient joui d’une situation privilégiée au niveau de l’élite intellectuelle de l’époque, et il en fut de même à la période hellénistique. Il n’est pas sûr que le tailleur d’images

du Moyen Âge ait été cantonné dans un rôle obscur et anonyme d’artisan et d’exécutant ; signant parfois ses oeuvres, il est assurément plus en vue que le fresquiste.

La question de la préséance entre sculpteur et peintre est encore du domaine de la controverse, et la réponse a varié selon les époques. Plus près de la matière, astreint à un effort physique considérable, le sculpteur aurait tendance à apparaître comme très proche du travailleur manuel. Et pourtant, à la Renaissance, un Ghiberti* prend une haute conscience de son talent et de son importance dans la civilisation de son temps et n’hésite pas à se faire son propre historiographe. Un Michel-Ange*, polyvalent comme beaucoup d’artistes de son temps, a proclamé hautement la primauté de l’art du relief.

Plus tard, l’aspect artisanal du sculpteur reprend le dessus, alors que le peintre (qui est surtout désormais un peintre de chevalet) passe pour être d’une essence supérieure, montre généralement plus de culture et s’élève dans l’échelle sociale. À l’époque moderne, du XVIIe au XIXe s., le sculpteur, dans sa rude tenue de travail, le maillet et le ciseau à la main, laisse volontiers l’image d’un homme fruste. Il y a des exceptions : des artistes comme Edme Bouchardon*

étaient cultivés et menaient une vie de grands bourgeois. Et Falconet*, s’il fut un autodidacte, se piquait de lire le latin et écrivait d’abondance sur son art. Comme Pigalle*, il fréquentait les milieux brillants des encyclopédistes.

Grandes époques

On peut dire que dans toutes les époques de grande civilisation la sculpture a été représentée avec honneur. Mais y a-t-il eu de grandes époques de la sculpture ? La réponse, pour l’Antiquité, est faussée parce que la sculpture a mieux résisté que d’autres témoignages : c’est le cas par exemple pour les royaumes de la Mésopotamie*, Sumer, Mari, Ninive, qui ont été le lieu des premières manifestations plastiques concernant la figure humaine, jusqu’au niveau très élaboré des effigies du prince Goudéa.

Cette figure est r prépondérante dans les empires d’Égypte*, hiératique, fascinante tant dans sa beauté formelle

que dans sa densité humaine. On sait les conventions observées par les artistes des bas-reliefs pour représenter la figure humaine : la sculpture égyptienne refuse le naturalisme. Autre grande époque, celle de Babylone et de l’empire d’Iran*. Dans d’autres parties du monde existe un art du relief de haute antiquité, en Chine* et au Mexique par exemple (v. Amérique précolombienne). Cependant, c’est bien dans le monde méditerranéen que se développe une civilisation qui va produire les ouvrages de sculpture les plus prestigieux, ceux qui pendant des siècles serviront de références et de modèles. La Grèce* produit des chefs-d’oeuvre tant dans la statuaire monumentale en ronde bosse que dans le bas-relief et l’objet de petite taille. Les plus grands artistes de l’âge classique sont des sculpteurs : Phidias, Myron*, downloadModeText.vue.download 15 sur 627

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 18

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Polyclète* et ceux qui suivent : Scopas*, Praxitèle*, Lysippe*. Même si leurs oeuvres authentiques sont rares, ils restent présents dans les multiples copies propagées à travers le monde gréco-romain. Le chant du cygne, c’est l’art hellénistique*, incomparable de grâce et de naturalisme. La sculpture apparaît relativement assez tard dans l’Inde*, mais elle connaît un essor extraordinaire, tout en n’échappant pas à la répétition ni au stéréotype, alors que la Chine sait mieux se renouveler.

Rome* peut être rangée aussi dans les grands moments de la sculpture, surtout grâce à la vérité de ses portraits.

Lorsque Rome vacille sous les coups des Barbares, on pourrait croire que l’art du relief va disparaître. Cependant, des centres demeurent et d’abord Byzance, qui pendant des siècles maintiendra un certain héritage en lui imprimant sa marque propre. D’autre part, les Barbares connaissent bien un art du relief, mais le monumental, la figure humaine disparaissent au profit d’un dessin et d’un travail rudimentaires.

À cette époque subsiste en Extrême-Orient une civilisation brillante : on citera l’art khmer, au Cambodge*, qui

produit alors une multitude de figures sculptées d’une haute qualité.

L’Occident, devenu chrétien, sort difficilement de sa léthargie artistique.

Même si l’on continue à tailler la pierre ou le marbre, les lois du dessin, de la composition, de la perspective sont ignorées. Les sculpteurs romans*

auront le mérite insigne de réinventer une pratique en se servant de tout ce qu’ils trouvent sur leur route, ce qui explique l’étrangeté hétéroclite de cet art, qui finit par se forger une puissante originalité. Il fut donné aux gothiques* d’affiner le relief, de remettre en honneur la statue et d’ajouter une dimension humaine à cet art médiéval.

La péninsule italienne, et plus exactement la Toscane, est le berceau d’un éclatant renouveau de l’art du relief dès le XIIIe s., grâce à l’étude attentive des antiques retrouvés, grâce aussi au génie des artistes qui s’y succèdent : Nicola* et Giovanni Pisano, Ghiberti, Donatello*, Michel-Ange. Du XIVe au XVIIe s., l’Italie garde son hégémonie, puisque aux grands maîtres de la Renaissance* succèdent ceux du manié-

risme*, puis du baroque*. Le grand génie du XVIIe s., celui qui insufflera à ses statues la vie même dans son fré-

missement et son pathétique, le Bernin*, est lui-même d’une famille d’origine toscane. Il serait injuste d’oublier les sculpteurs flamboyants, si pleins de verve, du monde germanique, non plus que les artistes français travaillant pour les derniers Valois. La France, dans la seconde moitié du XVIIe s., grâce au mécénat éclairé de Louis XIV, tend à se tailler une place de premier rang et c’est chose faite au XVIIIe s., où l’école française de sculpture éclipse tout le reste du monde occidental par son raffinement et par sa virtuosité. L’Europe germanique conserve cependant son autonomie dans l’approfondissement du baroque. Canova* redonne pour peu de temps le flambeau à l’Italie, berceau du néo-classicisme. Le XIXe s.