Comme tout corps hygroscopique, le bois est susceptible de perdre ou de reprendre de l’humidité suivant les variations de la température et de l’humidité relative de l’air ambiant et en consé-
quence de voir ses dimensions modifiées : le bois joue ou travaille, c’est-
à-dire que, lorsqu’il est mis en oeuvre à un degré d’humidité déterminé, il gonfle s’il reprend de l’humidité, il se rétracte s’il en perd. C’est un phéno-mène nuisible pour son emploi et on cherche à limiter cet inconvénient en séchant le bois à un degré d’humidité bien déterminé suivant les cas. Pour chaque valeur de la température et de l’état hygrométrique de l’air, le bois se stabilise à une certaine humidité. C’est ainsi qu’un bois humide, placé dans une atmosphère de 25 °C et 65 p. 100
d’humidité, séchera et se stabilisera à 12 p. 100. Ces valeurs ne sont valables que dans le cas où le bois sèche. Si un bois plus sec (8 p. 100 par exemple) est mis en contact avec un air ayant les mêmes caractéristiques que ci-dessus, il reprendra de l’humidité et se stabilisera à un degré d’humidité légèrement inférieur : de 10 à 11 p. 100 (de 1 à 2 p. 100 de moins en valeur absolue) ; c’est ce qu’on appelle le phénomène d’hystérésis du bois. Comme le bois change de dimensions quand il perd ou reprend de l’humidité et comme les conditions atmosphériques ne sont jamais fixes, il joue d’une manière plus ou moins continue, quel que soit son âge (cas des meubles anciens).
y Bois dits « secs à l’air ». L’Association française de normalisation a défini entre 13 et 17 p. 100 en moyenne la fourchette d’humidité des bois « secs à l’air ». Ces humidités correspondent respectivement aux conditions climatiques moyennes : périodes estivale (25 °C ; 60 p. 100) et hivernale (0 °C ; 85 p. 100). Il ne s’agit que de moyennes variables suivant les régions. Mais un bois stabi-
lisé à 12-13 p. 100 en fin d’été reprendra une humidité supérieure l’hiver suivant, pour reperdre de l’humidité l’été de l’année suivante et cela indé-
finiment. Un bois ne se stabilise donc jamais dans le temps, comme bien souvent encore on le croit.
y Humidité des bois destinés à
séjourner à l’intérieur des appartements modernes. Les conditions climatiques actuelles des appartements durant l’hiver où le chauffage central fonctionne (en moyenne 22 °C ; de 30
à 40 p. 100) sont telles que les bois (parquets, meubles, etc.) atteignent des degrés d’humidité de l’ordre de 7 à 8 p. 100. En revanche, durant l’été, ces bois sont soumis aux conditions climatiques extérieures (25 °C ; 65 p. 100 en moyenne) ; ils reprennent de l’humidité, mais, en raison du phé-
nomène d’hystérésis, ils atteignent des humidités de 11 à 12 p. 100. Les bois jouent entre ces humidités tous les ans, de sorte que, pour limiter le jeu, on sèche les bois, pour ces emplois, à une humidité moyenne de 10 p. 100. D’autre part, un tel taux d’humidité ne peut être atteint par un séchage à l’air, qui ne peut dépasser le taux de 13 et 17 p. 100 suivant les saisons. On doit donc avoir recours au séchage artificiel pour sécher les bois destinés à l’intérieur des habitations.
Procédés de séchage
Les caractéristiques de l’air intervenant dans le séchage sont :
— la température (plus l’air est chaud, plus le séchage est rapide) ;
— l’état hygrométrique (plus il est faible, plus courte est la durée du séchage) ;
— le débit de l’air (vitesse de l’air entre les planches) [plus la vitesse est élevée, plus le séchage est accéléré].
Dans certains cas, les bois subissent avant séchage des traitements divers, entre autres le « dessevage » sur le Chêne et le Hêtre, qui consiste à exposer les planches sortant de scie à un étuvage à la vapeur à 60-70 °C durant plusieurs heures ; cette opération permet d’améliorer, sous certains aspects, la qualité des bois séchés ultérieure-
ment à l’air ou en séchoir.
Séchage à l’air
Ce procédé, utilisé depuis des centaines d’années, consiste à exposer les bois à l’action de l’air en plaçant les planches parallèlement au sol et en les séparant par des pièces de bois appelées baguettes, épingles ou cales afin de faciliter la circulation de l’air entre elles. C’est un procédé encore largement employé et qui présente d’ailleurs downloadModeText.vue.download 24 sur 627
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des avantages : aucune construction permanente n’est nécessaire, aucune consommation de chaleur ni d’électricité sur le plan technique n’est à envisager.
Ce séchage permet d’obtenir des bois sans tension interne dont l’humidité est régulièrement répartie dans l’épaisseur, ce qui permet de pratiquer aussitôt, sans inconvénient, tous les procédés d’usinage (dégauchissage, rabotage, refente, etc.) et d’utiliser correctement les appareils électriques de mesure d’humidité. Ces avantages ne se présentent pas pour les bois sortant d’un séchoir.
Mais le séchage à l’air présente aussi des inconvénients : la durée du sé-
chage, variable suivant les régions et les saisons de l’année, est relativement élevée. Pour amener au taux dit sec à l’air des planches de 30 mm, il faut compter en moyenne une durée de l’ordre de 5 à 6 mois pour les bois durs (Chêne, Hêtre, etc.) et de 2 à 3 mois pour les bois tendres (Peuplier, résineux, etc.), à condition qu’une technique spéciale d’empilage soit convenablement appliquée. D’autre part, au cours du séchage à l’air, les bois peuvent être soumis à des attaques biologiques (Champignons, Insectes).
Enfin, sur le plan technique, on ne peut obtenir des bois dont l’humidité soit inférieure à 13-17 p. 100 suivant les saisons de l’année.
Pour obtenir les meilleurs résultats pos-
sibles, une technique d’empilage est nécessaire. En effet, dans l’air ambiant, la température et l’état hygrométrique doivent être acceptés tels qu’ils sont, et le seul facteur sur lequel on puisse agir pour améliorer la durée du séchage est la vitesse de l’air. Tout doit donc être mis en oeuvre, au cours de l’empilage, pour l’accélérer (sans oublier certaines précautions à prendre à l’encontre de diverses essences durant la période estivale), en surélevant les piles de 0,40 m à 0,50 m au-dessus du sol, en agissant sur l’épaisseur des baguettes et, dans certains cas, en constituant des cheminées à l’intérieur des piles.
Enfin, les piles doivent être protégées efficacement du soleil et des intempéries (pluie, neige). Une fois secs à l’air en août ou septembre, les bois ne doivent pas rester sur chantiers, mais être rentrés dans une pièce fermée et mis bois sur bois pour éviter toute reprise d’humidité au cours du stockage.
Séchage artificiel
Divers procédés peuvent être
envisagés.
SÉCHAGE À AIR CHAUD ET HUMIDE
Cette technique, actuellement la plus utilisée, a été mise au point aux États-Unis durant la Première Guerre mondiale et est encore employée dans la presque totalité des industries du bois.
On peut agir sur trois caractéristiques de l’air : sa température, son état hygrométrique et sa vitesse. Le séchage artificiel classique s’effectue à des températures de 40 à 80 °C suivant les essences. Toutefois, d’autres procédés fonctionnent à plus basse température (de 25 à 40 °C).
y Séchage artificiel classique (de 40 à 80 °C). Il se réalise dans des séchoirs de divers types, mais qui comportent toujours trois parties. Dans une chambre, ou case, très étanche et bien calorifugée, les bois sont correctement empilés. La longueur des piles est variable, et leur largeur relativement peu élevée pour limiter le parcours de l’air, qui se réalise le plus souvent dans ce sens (pile de 1,50 à 1,60 m de large) ; leur hauteur est de l’ordre de 2 à 2,50 m. La case peut
contenir un cube de bois réel correspondant à environ 35 à 40 p. 100 de son volume intérieur. Cette chambre est équipée d’un système de conditionnement d’air qui comporte : une batterie de chauffe, alimentée par de la vapeur, de l’eau chaude ou par l’électricité ; un système d’humidification, réalisé par des tubes perforés alimentés en général par de la vapeur à basse pression ; des cheminées d’entrée d’air frais et de sortie d’air humide ; un système de ventilation, soit sans ventilateur (ventilation dite