Le « Comité » énumère ses buts : il est un organe d’étude des questions concernant la sidérurgie en France et à l’étranger, et un organe de publication de documents que l’on réunira sur ces questions ; il se veut
instrument de recherche de nouveaux débouchés à l’étranger. Un bulletin mensuel est prévu : le premier paraît le 15 juillet 1864. 350 hauts fourneaux, sur 450 que compte alors la sidérurgie française, sont représentés dans le nouveau « Comité », dont le poids sera considérable. Eugène Schneider (1805-1875) a été choisi pour président, le vice-président étant Jules Hochet (lui-même membre du bureau de l’Association pour la défense du travail national). On retrouve donc les plus grands noms de l’industrie française au sommet de ce « syndicalisme » débutant : cette pré-
éminence imprégnera les instances patronales jusqu’au milieu du XXe s.
Mais la réalité de ce syndicalisme d’employeurs se trouve ailleurs encore, dans une série de grandes « chambres syndicales » qui se créent peu à peu, ancêtres de celles qui, plus tard, se fédéreront au sein de ce syndicat de syndicats que sera le C. N. P. F. : dès 1859, l’Union générale du commerce et de l’industrie groupe des représentants de diverses professions ; de nombreuses chambres s’organisent à Paris. Dès 1881, on peut compter quelque 138 chambres syndicales, groupant 15 000 employeurs. La métallurgie semble donner le ton au mouvement : la Chambre syndicale patronale des mécaniciens chau-dronniers et fondeurs (1861) et la Chambre syndicale des métaux (1862) apparaissent ; le Comité des Forges en 1902 crée l’Union des industries métallurgiques et minières, particulièrement axée sur les questions du travail (le « Comité » gardant surtout une vocation économique) et qui va rapidement fédérer 56 chambres syndicales.
D’autres chambres vont continuer d’apparaître : Chambre du matériel ferroviaire (1899), Chambre des constructeurs de navires et machines marines (1899), Chambre des constructeurs d’automobiles (1913).
L’effectif des employeurs adhérant à l’ensemble des chambres syndicales déclarées passe de 15 000 en 1881 à 100 000 en 1892, à 200 000 en 1903, à 400 000 en 1913.
Après la guerre, le ministre du Commerce Étienne Clémentel (1864-1936) souhaite la création d’un grand organisme patronal contrebalançant la C. G. T. toute-puissante. Le grand événement postérieur au premier conflit mondial sera, en 1919, la création de la Confédération générale de la production française (C. G. P. F.). Cette dernière se veut indépendante de l’État et se structure avec soin. Elle s’assure l’accord
de l’Union des industries métallurgiques et minières et entretient d’étroits rapports avec l’Association nationale d’expansion économique, qui fédère la presque totalité downloadModeText.vue.download 625 sur 627
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 18
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des groupements patronaux de l’industrie et du commerce.
y Pour l’histoire du syndicalisme patronal à partir de 1919, v. patrons et patronat et professionnelles (organisations).
J. L.
H. W. Ehrmann, Organizal Business in France (Princeton, 1957 ; trad. fr. la Politique du patronat français, A. Colin, 1959). / R. Priouret, Origines du patronat français (Grasset, 1962).
/ J. Lambert, le Patron. De l’avènement à la contestation (Bloud et Gay, 1969).
Les confédérations
syndicales françaises
aujourd’hui
LA C. G. T.
La Confédération générale du travail (C. G. T.) demeure la plus forte numériquement. Ses effectifs s’élèveraient, selon ses leaders, à 2 340 000 en 1973. Ses adversaires lui reprochent d’être subordonnée à la stratégie politique du parti communiste français, en arguant du fait que les principaux dirigeants de la C. G. T. (Benoît Frachon, président ; Georges Séguy, secrétaire général) sont membres du bureau politique de ce parti. Les partisans de la C. G. T.
rétorquent qu’ils travaillent normalement à l’union des forces démocratiques. La C. G. T. ne croit pas que les réformes aient une valeur en elles-mêmes, ni qu’il soit possible d’élever durablement le niveau de vie des ouvriers en régime capitaliste.
Elle conserve les yeux fixés sur le modèle socialiste de centralisme démocratique.
Son 37e congrès a modifié sensiblement l’article premier des statuts. La C. G. T., depuis novembre 1969, ne se propose plus comme but la « disparition du salariat et du patronat », mais la « suppression de l’exploitation capitaliste, notamment par la socialisation des moyens de production et d’échange ».
LA C. F. D. T.
Pour beaucoup d’observateurs, la Confé-
dération française démocratique du travail (C. F. D. T.) est numériquement la seconde des confédérations (avec 780 000 adhé-
rents en 1973). Elle est issue de la Confédé-
ration française des travailleurs chrétiens (C. F. T. C.) à la suite d’un congrès, tenu en 1964. Ce congrès n’a pas marqué le terme d’un sensible glissement à gauche amorcé dès 1945. La C. F. D. T. se prononce aujourd’hui pour un socialisme démocratique où s’allient planification et autogestion. Elle semble parfois partagée entre ceux qui acceptent une certaine union des forces de gauche, ceux qui voient dans le syndicalisme la seule force capable d’opé-
rer la relève de partis politiques dépassés ou ceux qui veulent maintenir le syndicalisme hors de la politique. Elle se montre partisane de l’unité d’action avec la C. G. T., mais entend garder son originalité dans le mouvement syndical. Se sont succédé au secrétariat général Eugène Descamps et Edmond Maire.
LA C. G. T.-F. O.
La Confédération générale du travail-Force ouvrière (C. G. T.-F. O.) est née au début de 1948 de la volonté de militants cégétistes refusant ce qui leur paraissait une étroite subordination de la C. G. T. au parti communiste. Les principaux leaders ont été Léon Jouhaux (président jusqu’à sa mort) et Robert Bothereau (né en 1901), secré-
taire général, aujourd’hui remplacé par André Bergeron. Se proclamant apolitique, elle se réclame des techniques mises au point par la C. G. T. de 1914 à 1935 et les prolonge par le « paritarisme » : elle affirme qu’en l’état actuel des choses l’intervention de l’État est devenue souvent nocive et que, plutôt que de recourir à elle, il faut mettre sur pied des réalisations gérées paritairement par les représentants des employeurs et les représentants des travailleurs, les uns et les autres délégués des confédérations. La C. G. T.-F. O. groupait environ 730 000 adhérents en 1973.
LA C. F. T. C.
La Confédération française des travailleurs chrétiens (C. F. T. C.) est, elle aussi, née d’une scission. Ceux qui, en 1964, n’ont pas voulu accepter l’abandon de l’épi-thète « chrétiens » ni la modification des
statuts ont décidé de prolonger l’ancienne C. F. T. C. D’où l’expression « C. F. T. C. maintenue », longtemps employée. Les effectifs de la C. F. T. C. sont sensiblement plus faibles que ceux des autres grandes centrales (environ 150 000 adhérents). Mais elle s’enorgueillit de posséder la Fédération des mineurs, qui, en 1963, déclencha un grand mouvement revendicatif de plusieurs semaines. Jacques Tessier, fils de Gaston Tessier (qui fut de 1919 à sa mort l’un des animateurs de la C. F. T. C. d’autrefois), en est le président (il a succédé à Joseph Sauty) et Jean Bornard le secrétaire général.
LA C. G. C.
La Confédération générale des cadres (C. G. C.), formée au lendemain de la Libé-
ration, a dû batailler pour se faire reconnaître. Elle veut défendre les intérêts des ingénieurs, des techniciens et des cadres, mais elle recrute aussi parmi les fonctionnaires qui s’apparentent aux classes moyennes. Elle regroupe environ 250 000