Celle-ci s’observe chez des nourrissons soumis à des régimes artificiels (lait pasteurisé, conserves, farines). Elle n’atteint jamais les enfants nourris au sein. Elle survient entre six et dix-huit mois.
Dans sa forme typique, elle est rare dans nos pays. Le nourrisson malade présente une gingivite hémorragique, des saignements, une anémie, une altération de l’état général, avec arrêt de la courbe pondérale et surtout des douleurs osseuses intenses en rapport avec des hématomes sous-périostés, traduits par des tuméfactions osseuses palpables (fémur, voûte crânienne, côtes, avec formation du « chapelet scorbutique »). L’os sous-jacent est ostéoporotique (décalcifié) et voit sa croissance diminuée. Non traitée, la maladie évolue vers la mort dans un tableau hémorragique ou infectieux.
Traité par la vitamine C, tous les
troubles s’amendent rapidement.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 18
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Traitement du scorbut
Il doit être préventif. Chez l’adulte, un régime varié et équilibré prévient toute avitaminose. La quantité d’acide ascorbique nécessaire s’élève au cours des infections, des interventions chirurgicales. Il est bon d’administrer la vitamine C chez les dyspeptiques présentant des troubles d’absorption intestinale avec alcalinité du contenu gastrique, qui détruit cette vitamine.
Devant un scorbut déclaré, on administre de 300 à 500 mg de vitamine C
(voies orale ou intraveineuse, ou intramusculaire). On associe d’autres vitamines (B1, PP, D), car la carence vita-minique est souvent multiple.
Chez le nourrisson soumis à un ré-
gime de lait conservé, il suffit d’ajouter à l’alimentation de 2 à 4 cuillerées à café par jour de jus de citron ou d’orange pour prévenir l’avitaminose.
J.-C. D.
F Vitamine.
H. L. Vis, Aspects et mécanismes des hype-raminoaciduries de l’enfance. Recherches sur le kwashiorkor, le rachitisme commun et le scorbut (Maloine, 1964).
Scorpion
Arachnide terrestre des régions
chaudes, caractérisé par ses deux pinces antérieures (formées par les pédipalpes) et par son long abdomen annelé, terminé par un aiguillon venimeux.
Écologie et répartition
Les sept cents espèces que réunit l’ordre très homogène des Scorpionidés vivent surtout dans les zones tropicales et subtropicales du monde ; les espèces plus nombreuses se rencontrent dans les déserts (Sahara, Arabie, Mexique), tandis que d’autres se plaisent dans
des pays humides : le géant du groupe, Pandinus imperator (jusqu’à 18 cm de long), vit en Afrique tropicale, où les précipitations dépassent 2 m par an.
Essentiellement nocturnes, les Scorpions restent sous les pierres pendant la journée et aménagent parfois une petite excavation dans le sol ; certains creusent même un terrier en forme de couloir de plusieurs décimètres de long. Quelques espèces pénètrent dans les habitations humaines, comme le Scorpion noir à queue jaune d’Europe, et parfois trouvent refuge dans les vêtements laissés par les dormeurs.
Cinq espèces ont été reconnues
dans le midi de la France. Parmi elles citons : le Scorpion jaune, ou Scorpion languedocien (Buthus occitanus), qui peut atteindre 7 cm de long ; le Scorpion noir (Euscorpius flavicaudis), d’au plus 3 cm, qui, après un transport accidentel, a pu s’implanter çà et là dans le Centre (Nevers, Lyon) ; Belisa-rius xambeui, aveugle, qui vit dans des grottes des Pyrénées-Orientales.
Nutrition et action
du venin
Exclusivement carnivores, les Scorpions chassent surtout des Insectes et des Araignées ; ils ne s’attaquent qu’exceptionnellement entre eux. Quittant leur retraite diurne, ils marchent, pinces ouvertes et abdomen relevé au-dessus de la tête, ou bien se tiennent à l’affût dans la même pose. Les deux paires d’yeux dorsaux, peu développés, ne jouent pas de rôle dans la détection des proies, et l’on ignore encore le rôle exact des deux longs peignes ven-traux, pourtant riches en terminaisons sensorielles ; les soies sensibles (tri-chobothries) répandues sur le tégument repèrent les déplacements d’air.
Saisie par les grandes pinces, immobilisée par l’inoculation d’un venin si elle s’agite trop, dilacérée par les ché-
licères (petites pinces), la victime est ensuite imprégnée par des sucs digestifs régurgités ; la bouillie obtenue est aspirée par le pharynx.
L’action du venin sur l’Homme
varie beaucoup d’une espèce à l’autre : elle n’a pas de rapport avec la taille,
puisque les grands Pandinus, comme les petits Euscorpius, peuvent être considérés comme inoffensifs. La pi-qûre d’un grand nombre de Scorpions provoque une vive douleur et un engourdissement du membre atteint, puis une poussée de fièvre et divers autres symptômes qui peuvent se prolonger plusieurs jours avant la guérison.
Seules quelques espèces (Androctonus australis d’Afrique du Nord, Centrur-cides noxius du Mexique) provoquent la mort, qui survient quelques heures après la piqûre ; un sérum efficace, injectable par voie sous-cutanée, fait d’autant mieux régresser les troubles qu’il est administré rapidement.
L’extraordinaire
résistance des Scorpions
Capables de survivre de longs mois à l’absence de nourriture, comme on le constate souvent en élevage (certains ont même supporté plusieurs années de jeûne), les Scorpions résistent également jusqu’à deux jours à une immersion ; ils ne paraissent pas affectés par l’obstruction de sept de leurs huit stigmates respiratoires. Des recherches récentes ont révélé une capacité exceptionnelle de résistance aux radiations ionisantes, comme celles qui sont émises par les substances radioactives ; alors que des expositions à des doses de 1 000 röntgens sont mortelles pour l’Homme et les Mammifères, des Scorpions sahariens ne sont pas tués par des doses de 100 000 röntgens ! On étudie les mécanismes de cette radioré-
sistance dans l’espoir d’aider des organismes plus sensibles à surmonter les désordres consécutifs aux irradiations.
Fait curieux pour des animaux adaptés à la sécheresse, c’est à la déshydratation que les Scorpions paraissent être le plus sensibles ; le cas se produit quand on place un Scorpion dans un cercle de feu : c’est autant la rapide perte d’eau que la température élevée qui entraîne sa mort, et ce après divers mouvements défensifs qui ont longtemps fait croire à un suicide.
Reproduction
et développement
Les préliminaires à l’accouplement
consistent en curieuses parades des deux partenaires, qui exécutent diverses figures spécifiques en se tenant par les pinces pendant de longues heures. La fécondation proprement dite n’a été que récemment observée ; elle se réalise par l’intermédiaire d’un spermatophore que le mâle dépose sur le sol ; entraînée par son compagnon, la femelle se place au-dessus de l’ampoule, dont le contenu se vide dans ses voies génitales ; le couple se sépare alors, et il ne semble pas que la femelle cherche, ordinairement, à saisir le mâle et à le dévorer ; par contre, elle peut manger le spermatophore vide.
Selon les espèces, le développement des oeufs dure de trois mois à un an et, à la ponte, ce sont des larves bien formées qui éclosent ; il y a donc viviparité. Chez les nombreuses formes dont les oeufs sont pauvres en vitellus, la larve, logée dans un diverticule de l’ovaire, se nourrit de liquides produits par la mère et contenus dans une sorte de « biberon » muni d’une « tétine ».
À la naissance, les larves, qui
peuvent être au nombre d’une centaine, s’installent sur le dos de la mère et y restent quelques jours, sans manger ; après avoir mué, elles se séparent et mènent une vie active et indépendante. Avant de devenir adultes, elles subissent environ six mues, ce qui demande plusieurs mois. La longévité atteint plusieurs années (une dizaine chez Pandinus).