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M. G.

F Phonologie.

trouveurs

F TROUBADOURS, TROUVÈRES ET

MINNESÄNGER.

Troyes

Ch.-l. du départ. de l’Aube ;

75 500 hab. (Troyens). L’agglomération compte environ 130 000 hab.

La géographie

Si la commune a une population infé-

rieure à 80 000 habitants, et qui diminue même parce qu’elle est totalement urbanisée, Troyes n’en est pas moins à la tête d’une agglomération notable qui la classe parmi les neuf villes de la « couronne parisienne » et par

conséquent en fait un point d’appui du développement du Bassin parisien.

Comme ses homologues, elle est en

effet à quelque 160 km de Paris, sur l’axe de communication Paris-Bâle

(chemin de fer et R. N. 19) ; elle béné-

ficie en outre d’une partie des flux entre le Nord (plus la Grande-Bretagne et le Benelux) et le Sud-Est, par les R. N. 77

et 71, voire de sa position sur un axe théorique Lorraine-Loire qui n’est pas encore une transversale très active.

Son rayonnement, toutefois, est à

peu près exclusivement départemen-

tal ; mais, dans ce cadre, il est souverain, puisque l’agglomération groupe plus des deux cinquièmes de la popu-

lation auboise et que sa seconde, Romilly-sur-Seine, n’a que 17 573 habitants. Elle y a une position centrale, tout en se situant au contact entre la Champagne crayeuse et les pays plus morcelés de Champagne humide, puis des plateaux céréaliers et viticoles (vignoble d’appellation champagne) qui annoncent la bande de hautes terres accidentées étirée de la Bourgogne à la Lorraine ; elle se situe exactement à l’endroit où la Seine pénètre en Champagne crayeuse en un large entonnoir de plaines. Son environnement est

donc varié, contribuant à lui assurer une fonction d’échange et à asseoir son rôle touristique, grâce à la proche forêt d’Othe, aux forêts d’Aumont

et d’Orient et surtout au nouveau lac d’Orient (à 20 km), autour duquel on a ouvert un parc régional très fréquenté.

Si l’Aube, surtout au sud, n’a pas tout à fait le même dynamisme démographique que le reste de la Champagne, du moins les résidences secondaires sont-elles assez nombreuses : on est aux franges de la zone de week-end des Parisiens.

Troyes même ajoute à ces attraits, outre un curieux village de jeunes (Copainville), un ensemble architectural original, legs de son brillant passé commercial. Ancienne ville de foires sur l’axe Méditerranée-Flandre, capitale des comtes de Champagne, Troyes a connu une active période artistique et une école de sculpture originale, au moment de la Renaissance. À côté de ses célèbres églises gothiques enrichies au XVIe s., elle a conservé nombre de vieilles maisons en colombage et de rues étroites, de tourelles et de pignons qui font le charme de ses quartiers centraux.

Ceux-ci, bâtis dans la plaine inondable de la Seine au milieu d’un lacis de chenaux, dessinent un « bouchon de champagne » aux contours jadis soulignés par les remparts, maintenant par des boulevards. Leur forme tient à la juxtaposition d’une ville ecclésiastique (la tête, avec la cathédrale), assez peu peuplée, et d’une ville commerçante (le corps du bouchon), où, auprès de l’hôtel de ville, se tiennent aujourd’hui le centre des affaires et, au nord-ouest, le centre des professions libérales. Une

partie du bouchon est très dégradée et fait l’objet d’une importante rénovation (Gros-Raisin). Un secteur sauvegardé a été délimité.

C’est au XIXe s. surtout que Troyes a développé une fonction de négoce, bien qu’elle en soit née : la bonneterie, longtemps diffuse dans toute l’Aube, s’est rassemblée dans la ville (et à Romilly), jusqu’à la dominer. Une couronne de quartiers industriels cerne le centre, mais se rénove peu à peu avec la décentralisation et la reconstruction de certaines usines. Toute une série de grandes firmes aux marques célèbres ont conservé leur siège à Troyes : De-vanlay-Recoing (DR, 2 000 salariés) et Gillier (Jil, chemises Lacoste, 1 600), du groupe Lévy ; Vitoux (Vitos, 2 200), Poron (Absorba, 1 700) ; Valton (Petit-Bateau, 1 400) ; Fra-for (1 200) ; et une trentaine d’entreprises de 100 à 500 salariés dont Exciting, Mauchauf-fée (Emo), etc. La spécialisation porte surtout sur les sur- et sous-vêtements.

L’agglomération compte 18 000 sa-

lariés dans cette branche et dans les activités annexes (teintures et apprêts, machines pour bonneterie), la seule bonneterie fournissant 62 p. 100 de l’emploi industriel. Cette domination, appuyée par l’existence d’un centre de recherches, d’une école et d’un centre de productivité, a posé quelques problèmes (mono-industrialisation et pé-

nurie d’emplois masculins).

Aussi, depuis 1960, d’autres usines sont-elles venues ou se sont-elles downloadModeText.vue.download 564 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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agrandies (tandis qu’une partie de la bonneterie abandonnait l’agglomération à la recherche des bas salaires de l’Ouest ou du Massif central) : jantes de roues (Michelin) et pneus (Kléber-Colombes) à La Chapelle-Saint-Luc, appareils de levage Fenwick, luminaires Petitjean, papiers minces Bolloré, serrures Vachette notamment, en des unités de 500 à plus de 1 000 emplois.

Ces implantations, et l’extension

corrélative de l’habitat, se sont faites en grande partie à la périphérie de l’agglomération, souvent spontanément dans la mesure où la politique des zones industrielles et des Z. U. P. n’est inter-venue qu’avec retard ; ce retard tient en partie à l’ampleur des problèmes posés par le caractère pluricommunal de l’agglomération (divergences entre communes de composition sociale et d’orientation politique différentes).

Les problèmes d’emploi demeurent,

les nouveaux postes étant en partie pourvus par la main-d’oeuvre étrangère et par les femmes, tandis que la bonneterie, sans être vraiment en crise, ne se développe plus à cause des départs, de l’automatisation et des grands changements dans les productions, dont Troyes n’a pas toujours pu suivre assez vite l’évolution : sa part en France est passée de la moitié au quart.

L’encombrement du centre, l’insuffisance de zones industrielles (on en crée une à Pont-Sainte-Marie), l’aménagement de la plaine humide de la Seine posent des problèmes auxquels on s’est attaqué surtout depuis 1970. Troyes doit mieux affirmer son rayonnement.

Elle a obtenu que la future autoroute Calais-Dijon passe non loin. Elle se sent un peu excentrée dans la région Champagne-Ardenne et voudrait diminuer la part des emplois industriels, anormalement élevée pour une ville de la « couronne » (54 p. 100 d’ouvriers

[dont 40 p. 100 de femmes], 50 p. 100

d’actifs industriels et 8 p. 100 dans le bâtiment, contre 42 p. 100 d’actifs du tertiaire) ; elle a obtenu des antennes de l’université de Reims (I. U. T., médecine) et cherche à attirer des bureaux.

R. B.

L’histoire

Capitale des Tricasses, Troyes fut appelée par les Romains Augustobona.

Créé au IVe s., l’évêché de Troyes dépendait du siège métropolitain de Sens. Ses évêques furent les véritables gouverneurs de la ville au moment des grandes invasions. Le plus illustre fut saint Loup (ou Leu, évêque de 426 à 478), qui sauva en 451 la cité des ra-

vages des Huns, après la défaite d’Attila aux champs Catalauniques.

À partir du IXe s., la ville passa sous la domination des comtes de Troyes et de Champagne et devint leur capitale. Elle fut prise et incendiée à la fin du IXe s. par les Normands, mais elle ne cessa ensuite de s’accroître et de prospérer, lorsque les comtes de Champagne eurent fait de leur fief un des plus puissants de la France médié-