On range deux familles au voisinage des Salmonidés : les Osméridés et les Salangidés.
Les Osméridés sont marins, mais se rapprochent des côtes et des estuaires pour pondre. Citons parmi eux : l’Éperlan (Osmerus eperlanus), pélagique et microphage, dont il existe des varié-
tés adaptées aux eaux dessalées de la
Baltique et des lacs des pays baltes ; le Poisson-chandelle (Thaleichthys paci-ficus) du Pacifique Est, ainsi nommé parce qu’une fois séché il est si hui-leux qu’il peut servir de torche, et le Capelan (Mallotus villosus), lui aussi pélagique et microphage des eaux arctiques, qu’on pêche activement et dont on tire une farine et des huiles à usage industriel.
Les Salangidés ont des moeurs voi-
sines de celles des Osméridés, mais ne possèdent pas de vessie natatoire. On les trouve près des côtes d’Asie orientale, ainsi que de celles d’Australie et de Nouvelle-Zélande.
La salmoniculture
La salmoniculture, ou pisciculture*
des eaux froides, concerne d’une part la production d’alevins de repeuplement pour les Saumons de l’Atlantique et du Pacifique, l’Omble chevalier, les Corégones et les Ombres, d’autre part la reproduction et l’élevage jusqu’à la taille marchande de la Truite arc-en-ciel, de la Truite commune et du Saumon de fontaine. Elle est pratiquée dans les eaux fraîches du monde entier, et sa relative facilité fait qu’elle est largement répandue.
La salmoniculture exige une eau
pure et fraîche, de préférence calcaire, éventuellement granitique, toujours bien oxygénée, ce qui nécessite une température le plus souvent inférieure à 20 °C et un renouvellement constant de l’eau. Les géniteurs, capturés dans la nature ou provenant eux-mêmes
d’un élevage, doivent comporter en moyenne trois femelles pour un mâle.
On pratique la fécondation artificielle à sec ; découverte en 1856, celle-ci assure des pourcentages de réussite de l’ordre de 95 p. 100. Les oeufs sont incubés sous abri, dans un lieu bien éclairé et protégé du gel, sur des claies de zinc ou de matière plastique. Après l’éclosion, les alevins sont conservés jusqu’à résorption de la vésicule vitelline. À ce stade, on obtient les alevins de repeuplement qu’on peut déverser dans les eaux libres. Si l’on continue l’élevage, on garde les alevins pendant trois à quatre semaines dans les auges d’incubation, en leur donnant des Daphnies
ou de la nourriture artificielle, puis on les transporte dans des étangs ou des bassins où on les engraisse selon des méthodes très variées. En général, on obtient un Poisson de taille commerciale au cours de la seconde année.
R. B.
M. Huet, Traité de pisciculture (Éd. de la Vie rustique, Bruxelles, 1952 ; 4e éd., 1970). /
C. J. Spillmann, Poissons d’eau douce, t. LXV
de la Faune de France (Lechevalier, 1962). /
N. B. Marshall, Life of Fishes (New York, 1966 ; trad. fr. la Vie des poissons, Bordas, 1972 ; 2 vol.). / F. R. Harden Jones, Fish Migration (Londres, 1968).
Truman (Harry S.)
Homme d’État américain (Lamar, Missouri, 1884 - Kansas City 1972).
Après des études modestes, il est
employé de banque et, pour un temps relativement court, fermier. Au cours de la Première Guerre mondiale, le voici lieutenant, puis capitaine d’artillerie dans le corps expéditionnaire américain ; il se bat à Saint-Mihiel et dans l’Argonne en septembre-octobre 1918. Démobilisé, il se marie et tente sa chance dans le commerce : il ouvre une chemiserie ; la récession de 1920-21 le conduit à la faillite. Il se tourne alors vers la politique et se lie avec la
« machine », particulièrement corrompue, du parti démocrate* du Missouri.
Élu juge de comté en 1922, battu aux élections de 1924, vainqueur en 1926, il construit des routes et passe pour un administrateur dévoué et honnête.
Aussi est-ce à lui que le « patron »
local du parti, Thomas J. Pendergast, songe pour les élections sénatoriales de 1934. Truman profite du succès gé-
néral des démocrates et vient siéger à Washington. Le nouveau sénateur reste fidèle à ses amis : il n’abandonnera pas Pendergast même après sa condamnation pour fraude fiscale. Malgré ses relations douteuses, son intégrité est totale. L’appui qu’il accorde à la politique du président Roosevelt* est sans faille. Il parvient à se faire réélire en 1940, en s’appuyant sur les petits fermiers, les Noirs et les ouvriers.
Peu d’observateurs de l’époque l’au-
raient cru promis à une destinée plus brillante. De fait, il accède à une relative célébrité en devenant président d’une commission spéciale du Sénat, chargée d’enquêter sur les dépenses relatives à la défense nationale. Par une activité inlassable et une scrupuleuse attention aux comptes des administrations, il fait économiser un milliard de dollars au Trésor fédéral.
Sans doute est-ce cette ardeur au travail, ce goût de l’action et le charme de sa personnalité qui conduisent
Roosevelt à le choisir comme colistier pour l’élection présidentielle de 1944. En outre, Truman est moins à gauche que le vice-président sortant, Henry A. Wallace (1888-1965), moins à droite qu’un candidat éventuel à la fonction, James F. Byrnes (1879-1972) ; il est l’homme de la situation.
Peut-être songe-t-on aussi que dans l’hypothèse de la disparition brutale du président, Truman assurera habilement et honnêtement la transition.
La mort soudaine de Franklin
D. Roosevelt le 12 avril 1945 le porte aux responsabilités suprêmes. Il n’a reçu pour cela aucune préparation : les vice-présidents sont alors tenus à l’écart des affaires ; il n’est pas au courant des grands secrets de l’État. Pourtant, si la victoire militaire sur l’Allemagne est proche, les difficultés de l’après-guerre s’annoncent particulièrement graves et le Japon n’est pas encore battu. Succédant au chef prestigieux qui a sorti le pays de la crise économique et lui a donné la première place dans le monde, Truman doit assumer deux tâches délicates : reconvertir les États-Unis aux activités de paix ; définir la politique étrangère d’une puissance investie de responsabilités mondiales.
Démobiliser les G. I. et les réintégrer dans la vie civile, lutter contre l’infla-downloadModeText.vue.download 568 sur 631
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19
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tion et apaiser l’agitation que connaît le monde ouvrier, telles sont les nécessités qui s’imposent au nouveau président. Son action, toutefois, est rendue
plus difficile encore par l’opposition qu’il rencontre : de 1947 à 1949, par exemple, les républicains sont majoritaires à la Chambre des représentants.
Truman ne renonce pas, loin de là ; mais il doit subir la loi des conservateurs : l’organisme chargé de contrô-
ler les prix disparaît en 1946 ; la loi Taft-Hartley, votée en 1947, limite les activités des syndicats. Attaqué sur sa gauche — on lui reproche sa politique
« dure » à l’égard de l’Union sovié-
tique — et sur sa droite — on critique violemment sa politique favorable à la déségrégation raciale —, Truman remporte néanmoins l’élection de 1948, alors qu’on le donnait pour battu et que son adversaire républicain, Thomas E. Dewey (1902-1971), était certain de lui succéder.
Plus libre de ses mouvements, le
président inaugure la période du « Fair Deal », qui correspond au réveil du progressisme social. Il fait adopter une législation sur les loyers et les logements, qui satisfait les plus démunis.
Si tous ses projets d’assistance sociale et économique ne passent pas, s’il n’obtient pas d’abrogation de la loi Taft-Hartley, il convainc le Congrès de voter des crédits supplémentaires pour les fermiers, la Tennessee Valley Authority et les personnes déplacées qui gagnent les États-Unis. Contrairement aux prédictions de certains économistes et des marxistes, les États-Unis ont connu une prospérité continue, et, malgré les protestations des conservateurs, qui crient au socialisme —