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lat. N. et le 15e degré de lat. S. Sa gravité potentielle doit continuer d’attirer l’attention, et les efforts dans la lutte contre cette maladie ne doivent pas se relâcher.

La maladie de Chagas

ou trypanosomiase

américaine

Carlos Chagas (1879-1934) a établi que cette anthropozoonose est due à Trypanosoma Cruzi, Protozoaire flagellé découvert par Válter Osvaldo Cruz (1910-1967). Les agents vecteurs sont de gros Insectes apparentés aux Punaises, les Réduves, qui se cachent dans les anfractuosités des murs, dont ils sortent la nuit pour se nourrir de sang. Ces Réduves sont hématophages dans les deux sexes et à tous les stades de leur développement. Le réservoir de la maladie est constitué non seulement par l’Homme, mais encore par

de nombreux animaux sauvages ou

domestiques. Les Réduves absorbent

des Trypanosomes en se gorgeant de sang sur un malade. Ces Trypanosomes se multiplient dans l’intestin du vecteur pour se transformer en Trypanosomes métacycliques infestants qui sont dé-

posés lors de la piqûre de Réduves.

L’Homme se contamine alors en se

grattant et s’inocule le plus souvent les déjections virulentes au niveau do l’oeil. La maladie de Chagas n’existe qu’en Amérique latine, où elle atteindrait quelque 8 millions d’individus faisant partie des populations rurales les plus pauvres. Cette maladie, après une incubation moyenne de 15 jours, se manifeste par de la fièvre et, au niveau de la porte d’entrée le plus souvent conjonctivale, par un oedème (chagome) accompagné d’adénopathies satellites. Puis l’oedème s’efface et l’évolution peut être spontanément favorable, mais dans un nombre non négligeable de cas des complications à type de myocardite et d’atteinte du foie et de la rate peuvent s’observer.

Le diagnostic repose sur la découverte des trypanosomes dans le sang et sur le xénodiagnostic proposé par Émile Brumpt (1877-1951). Cet examen

consiste à faire piquer le sujet suspect par des Insectes sains et à rechercher 20 jours plus tard les Trypanosomes dans les déjections de ceux-ci. Aucun traitement spécifique de la maladie n’existait jusqu’à ces dernières années, mais on dispose actuellement d’un

nouveau produit de synthèse, le lampit, remarquablement efficace, du moins lors des manifestations initiales de la maladie. La prophylaxie de la maladie de Chagas s’avère difficile en raison de l’énorme réservoir animal. En outre, seule l’amélioration de l’habitat, c’est-

à-dire l’élévation du niveau de vie des populations sud-américaines, permettrait de supprimer les gîtes de Réduves qui sont à l’origine de ce qu’il est permis d’appeler une maladie de misère.

M. R.

Ts’ao Siue-k’in

En pinyin cao xueqin, romancier

chinois de la dynastie Qing (Ts’ing)

[v. 1715-1763].

Sa famille, bien que d’origine

chinoise, se rallie très tôt aux Mand-

chous et occupe une place importante dans la finance. Très liée à la maison impériale, elle reçoit plusieurs fois l’empereur Kangxi (K’ang-hi). Cao

Xueqin passe sa jeunesse à Pékin dans une atmosphère de luxe et de puissance. Mais sa famille s’achemine

vers une rapide décadence, et la vie du romancier nous est ensuite presque inconnue. Il meurt sans avoir achevé son roman, le Honglou meng (Hong-leou-mong), qu’il a situé dans le cadre de sa jeunesse dorée. Le Honglou meng ou Rêve dans un pavillon rouge, est un des cinq grands romans classiques chinois, le dernier en date. Quatre-vingts chapitres ont été composés par Cao Xueqin. Sans avoir la haute valeur littéraire des premiers, les quarante derniers chapitres, écrits plus tard par Gao E

(Kao Ngo), ne dénaturent pourtant pas l’ensemble. C’est un troisième lettré, Cheng Weiyuan (Tch’eng Wei-yuan),

qui réunit les deux parties et les fait imprimer en 1792. Dès lors, le roman gagne la faveur d’un public de plus en plus large. Il est en effet très nouveau, tant dans le sujet que dans le style.

C’est pour ainsi dire le premier roman psychologique chinois et le premier roman à utiliser sans concession la langue vulgaire. Jusqu’alors, on avait bien raconté des histoires d’amour, mais on s’était plus attaché aux intrigues amoureuses qu’à l’évolution des personnages. Ici, l’auteur met tout son talent à suggérer les sentiments des héros d’une intrigue bien insignifiante en elle-même. Le jeune homme Jia

Baoyu (Kia Pao-yu) est le fils cajolé d’une de ces maisons riches et puissantes, comme l’était celle de l’auteur.

La jeune fille, Lin Daiyu (Lin Tai-yu), une parente orpheline recueillie par la famille et traitée comme une égale. Vient ensuite animer la scène une autre cousine du même âge, Xue Baochai (Siue Pao-Ich’ai). Le héros hésite entre ses deux cousines, éprises de lui, ou plutôt, il les aime toutes deux, d’un amour innocent et diffé-

rent. Finalement, son coeur choisira Lin Daiyu la triste, mais sa famille lui imposera l’autre comme épouse. Quant aux événements, ils sont rares : c’est la vie quotidienne dans cette immense demeure, où se déroulent les saisons avec leur cortège de fêtes. Le héros, que l’on voit vivre entre onze et seize

ans, est un garçon hypersensible qui ne se complaît que dans une société féminine. Pour lui, « les femmes sont faites avec l’eau du ciel, les hommes avec la boue ». Par faveur de sa grand-mère, il est autorisé à vivre dans le gynécée parmi ses cousines et leurs servantes, pour qui il est évidemment le centre du monde. Très intelligent, les études traditionnelles l’ennuient vite ; seule la poésie trouve grâce à ses yeux. C’est un garçon tourmenté qui fuit le monde réel et dont un quatrain donne la clé : Quand un prend le faux pour la réalité, Alors la réalité devient fausse,

Quand on prend ce qui n’existe pas pour ce qui existe,

Alors ce qui existe cesse d’exister.

Il n’est pas tenté par la carrière qui s’offre tout naturellement à lui, il ne s’intéresse pas au sort de sa famille, qu’il voit décliner devant ses yeux.

C’est un sentimental pour qui seuls comptent les regards et les paroles de ses aimées. Jusqu’à la fin, Jia Baoyu vit dans l’irréel, à tel point que sa famille est obligée de lui faire croire quo son épouse sera Lin Daiyu. Quand, en levant le voile de la mariée, il s’aper-cevra de la supercherie, il tombera malade de désespoir. Lin Daiyu partage avec lui ce monde loin du nôtre.

Mais cela n’empêche pas leurs innombrables querelles d’amoureux. Elle est farouche et exigeante, à la fois éprise et craintive de le laisser paraître, terriblement jalouse de sa cousine et prompte à se vexer. Que de larmes ne verse-t-elle pas, que de rêveries solitaires et désolées, de faux départs, de dépits amoureux ! Xue Baochai, au

contraire, est parfaitement adaptée à la vie, volontaire et réfléchie. « Elle sait se conduire » dit-on d’elle. Chacun l’aime et l’apprécie dans la famille, car elle sait ménager sa réputation et flatter avec adresse. Elle est belle et en pleine santé, alors que Lin Daiyu a le charme vacillant que donne la maladie. Si ce triple amour forme la trame du roman, d’innombrables personnages (488)

évoluent dans cette grande fresque, multipliant les intrigues secondaires.

La famille elle-même et son destin, plus qu’une toile de fond, est un des thèmes majeurs. La rapide décomposition du

clan est décrite avec un réalisme saisissant, à travers les dissensions internes, les problèmes matériels et les morts successives et prématurées. Le roman est écrit en langue parlée de Pékin dans un style qui ne craint pas les formules dialectales. L’auteur rend la vie sans fard et réussit spécialement bien dans les dialogues, dont le naturel est rare dans la littérature chinoise.

D. B.-W.

Tsiganes

Ensemble de populations que le Fran-

çais, selon la région qu’il habite et l’image qu’il s’en fait, dénomme

communément bohémiens, caraques,