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Il n’y a pas, dans les populations tsiganes, d’endogamie ou d’exogamie absolue. Au niveau du groupe (Rom, Manuš, Kalé), il y a une endogamie relative, c’est-à-dire qu’il est rare qu’un Rom se marie avec une personne du groupe des Manuš ou des Kalé, et réciproquement. Au niveau du sous-groupe, l’endogamie est encore plus relative et n’est qu’une tendance due à certaines préférences, à certaines alliances entre ces sous-groupes : ainsi un Kalderaš ne donnera pas sa fille à un Čurari, mais plus volontiers à un Lovari. Entre les lignages d’un même sous-groupe, l’échange des épouses est presque la règle. La demande en mariage est faite par le père du garçon, qui rend visite au père de la fille. Garçon et fille ne sont pas consultés, mais leurs parents connaissent leurs sentiments envers telle ou telle personne du sexe opposé et effectuent leurs démarches de demande en mariage en consé-

quence. Si le père de la fille accepte la demande en mariage, une fête a lieu peu après, qui dure deux ou trois jours, mais le mariage n’est véritablement définitif qu’à la naissance du premier enfant. C’est donc cette naissance, et non le mariage, qui fonde la famille.

Beaucoup de Tsiganes sont no-

mades, mais beaucoup également sont sédentarisés. Si la plupart des Manuš voyagent constamment, comme, parmi les Rom, le sous-groupe des Lovara, certains, comme les Kalé, sont sédentarisés pour une bonne partie d’entre eux, et des Rom, comme les Kalderaša, ne voyagent qu’une partie de l’année et vivent parfois dix ou vingt ans dans la banlieue d’une grande ville avant de changer de nation, ou de continent ; ils habitent alors une maison sans étage (kher) louée ou construite par eux-mêmes, dont l’intérieur est aménagé,

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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comme leur tente de nomade, en une grande et unique pièce dont chacune des parties a conservé le nom des parties de la tente. Ainsi, chez beaucoup de Tsiganes, le nomadisme est plus un état d’esprit (être prêt à partir et partir parfois subitement) qu’un état de fait (voyager constamment). Un certain

nombre de Tsiganes, à la suite de lois visant à interdire le nomadisme ou le stationnement des nomades, se sont arrêtés dans des bidonvilles, et il leur est difficile de conserver leur organisation sociale et l’ensemble de leurs traits culturels.

Les métiers exercés sont très di-

vers. Certains Tsiganes, encore peu nombreux, sont médecins, avocats ou juges. Il y a des fabricants de balais et d’objets de bois ou de cuivre, des vendeurs d’herbes, de billets de loterie ou de journaux, des cireurs de chaussures, des doreurs pour objets d’église, des marchands de plumes d’oie, des antiquaires... Beaucoup sont forgerons, surtout en Europe de l’Est, ou chau-dronniers-étameurs ; ils sont alors très recherchés par tous ceux qui ont un gros matériel de cuisine à entretenir (cantines, casernes, hôpitaux). Les Tsiganes sont souvent maquignons, vanniers, musiciens (Django Reinhardt*, Manitas de Plata), gens du cirque (Bou-glione), diseuses de bonne aventure...

La langue tsigane (romani, sintó,

kaló, dans ses variantes selon les groupes), qui dérive directement du sanskrit, a longtemps paru suspecte, parce que non comprise, aux populations côtoyées par le Tsigane. Elle a fréquemment été interdite par des lois, et souvent les Tsiganes ont été interdits de séjour, refoulés aux frontières ou emprisonnés. Les relations entre Tsiganes et non-Tsiganes (Français ou autres) sont souvent tendues. Le gadjo (non-Tsigane) accuse le Tsigane d’être sale, voleur, de ne pas travailler, et il refuse de le reconnaître comme faisant partie d’une ethnie ayant sa propre

culture. Il se fait du nomade, du Tsigane, une image fausse et défavorable, née d’une mauvaise connaissance

acquise jour après jour par ouï-dire, stéréotype élaboré à partir de légendes populaires, de cinéma, de télévision, de lecture de la presse. Et son comportement envers le Tsigane découle de cette image fausse et stéréotypée qu’il s’en fait. De même, tous les gouvernements ont adopté une attitude hostile vis-à-vis des Tsiganes, et ce n’est que très récemment que quelques-uns sont devenus plus compréhensifs.

La société tsigane, soumise au-

jourd’hui à des pressions de plus en plus fortes, se voit imposer par la radio, la télévision, la scolarisation et l’action des travailleurs sociaux, des modèles culturels auxquels elle n’était pas pré-

parée. Une institution aussi fondamentale que la kris chez les Rom est agitée de contradictions de plus en plus vives.

Elle perd de son efficacité parce que beaucoup des valeurs traditionnelles sont remises en question, et parce que les problèmes à traiter ne sont plus du même ordre qu’il y a quelques années.

La fonction de cohésion sociale lui est de plus en plus difficile à assumer et pour cette fonction, nécessaire à la survie du groupe social, la kris est relayée par un type nouveau d’institutions, notamment un Comité international Rom, fédération d’associations tsiganes nationales, qui prétend intervenir directement auprès des gouvernements et des organismes internationaux (Conseil de l’Europe, O. N. U...). Le passage de la kris à ces nouvelles institutions est synonyme d’une profonde réorganisation du groupe social, d’une véritable mutation.

Les Gitans

Le terme est souvent employé à tort, avec un sens péjoratif, pour désigner l’ensemble des Tsiganes.

Il est utilisé à juste titre pour désigner l’un des trois groupes tsiganes, celui des Kalé (en esp. Calé), disperses en Espagne, en Afrique du Nord et dans le sud de la France essentiellement. Les Kalé sont reconnaissables par leur langue, très influencée par les structures grammaticales espagnoles, et par leur musique et leur chant, fla-

menco* et cante jondo.

J.-P. L.

O. Gjerdman et E. Ljungberg, The Language of the Swedish Coppersmith Gypsy Johan Dimitri Taikon (Uppsala, 1963). / J.-P. Liégeois, les Tsiganes (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1971) ; Mutation tsigane, la révolution bohé-

mienne (P. U. F., 1976). / F. de Vaux de Fole-tier, Mille Ans d’histoire des Tsiganes (Fayard, 1971). / K. Stoyanovitch, les Tsiganes. Leur ordre social (Rivière, 1974). / J.-P. Clébert, Tsiganes et Gitans (Éd. du Chêne, 1975).

On peut également consulter les revues Études tsiganes (Paris, 1955 et suiv.) et Journal of the Gypsy Lore Society (Liverpool, 1888 et suiv.).

Ts’ing (époque)

En pinyin qing, époque de l’histoire de la Chine* s’étendant de 1644 à 1911.

Malgré le chaos politique et économique qui accompagna la chute des

Ming* et bien que la nouvelle dynastie fût de race mandchoue, il n’y eut pas de rupture dans les traditions artistiques de la Chine. De 1680 environ à la fin du XVIIIe s., le pays connaît une ère de prospérité favorable aux arts. Les empereurs admirent la culture chinoise, favorisent les lettrés et s’intéressent aux arts : Kangxi (K’anghi, 1661-1722) fait rédiger une encyclopédie de calligraphie et de peinture en cent volumes, crée des ateliers d’art dans le palais et s’entoure de peintres ; Qianlong (K’ien-long, 1736-1796), curieux d’exotisme et d’antiquités, admet à la cour des missionnaires jésuites, savants ou artistes, et réunit d’immenses collections de peintures, calligraphies, bronzes archaïques, céramiques anciennes. Tout l’art du XVIIIe s. reflète ce goût du passé ou ces contacts avec l’Occident.

L’architecture et la sculpture ne

se signalent par aucune innovation importante. En peinture, diverses tendances coexistent. Les peintres de cour dépeignent en style académique des fleurs, des oiseaux, des jeunes femmes dans des jardins. Tels sont, vers 1720-1750, Yuan Jian (Yuan Kiang) et Leng Mei, influencés par la perspective occidentale qu’enseignaient les Jésuites.