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Mais il avait besoin d’Édouard IV, et la puissance de ce dernier apparaissait inébranlable : aussi les réfugiés étaient-ils étroitement surveillés. L’accession de Richard III au trône d’Angleterre après le meurtre de ses neveux allait ouvrir aux Tudors de nouvelles perspectives.

L’installation d’Henri VII en

Angleterre.

En réalité, la première raison de la chute

de Richard III, ce fut l’existence de profondes dissensions au sein du parti yorkiste. Déjà, par ses méthodes de gouvernement comme par son mariage avec Élisabeth Woodville, Édouard IV

s’était aliéné une partie de la vieille aristocratie : la défection de Warwick et la rébellion de George de Clarence l’avait attesté. Inversement, par le meurtre des enfants d’Édouard IV et l’élimination du clan Woodville, Richard III s’était aliéné bon nombre des anciens partisans de son frère. Henri Tudor, quant à lui, n’apparaissait que comme « un Gallois inconnu » : de fait, la première occasion d’intervention va lui être offerte par un Yorkiste mécontent, Henry Stafford, deuxième duc de Buckingham (donc parent de Marguerite Beaufort du fait de son second mariage).

Buckingham noua un complot assez

habile, qui incluait Thomas Grey,

premier marquis de Dorset, et Mar-

guerite Beaufort. Cette dernière était chargée d’entrer en relation avec

Élisabeth d’York, l’aînée des filles d’Édouard IV : un tel mariage devait réconcilier la rose blanche des yorkistes avec la rose rouge des lancastriens...

Quelques ecclésiastiques, tel l’évêque d’Ely John Morton, quelques officiers de Marguerite Beaufort, tels Reginald Bray et Hugh Conway, étaient du complot. En octobre 1483, le duc souleva ses « retainers » et ses supporters gallois : mais peu après qu’Henri se fut embarqué pour venir le rejoindre, une terrible tempête éclata qui dispersa la flotte et l’empêcha d’atteindre le pays de Galles. Ses hommes abandonnèrent Buckingham, qui, tombe aux mains du roi Richard, fut aussitôt exécuté.

La seconde occasion fut la bonne.

Rejoint par les leaders de la rébellion de 1483 (le marquis de Dorset, sir Edward Poynings, sir Giles Daubeney, etc.), Henri reçut aussi le renfort de John de Vere, comte d’Oxford, vété-

ran de la guerre des Deux-Roses, qui s’était échappé de Hammes avec son geôlier, sir James Blount. Les ecclé-

siastiques de son parti se trouvaient en Flandre : là, Morton, Urswick et Richard Foxe étaient à l’écoute de l’Angleterre, cherchant à nouer des contacts avec tous les opposants à Richard III.

Ce dernier, par une habile diplomatie, réussit cependant à chasser les Tudors et leurs partisans de Bretagne : il leur fallut accepter l’hospitalité française.

En outre, Élisabeth d’York était entre ses mains. Il fallait donc qu’Henri tentât rapidement sa chance.

Cette fois-ci, il décida de soulever les Galles du Sud, où il savait pouvoir compter sur l’appui de plusieurs seigneurs, Rhys ap Thomas et sir John Savage. Pourvu d’une petite troupe par le roi de France, il quitta Har-fleur au début d’août 1485 : évitant les hommes de Richard, il put assez rapidement lever des troupes comme il l’avait prévu. Pourtant, lorsqu’il quitta Shrewsbury pour se porter au-devant de Richard III, Henri n’avait avec lui qu’à peine plus de cinq mille hommes ; il avait beau en avoir confié le commandement à deux des meilleurs capitaines de l’époque, Jasper Tudor et John de Vere, c’était peu de chose comparé aux dix mille hommes que Richard avait assemblés en quelques jours.

De fait, on peut dire que la bataille de Bosworth, qui se livra le 22 août 1485, n’eut pas grand-chose de militaire.

En fait, Richard avait dû confier une bonne part de son armée à lord Stanley et à son frère sir William : or, lord Stanley avait épousé Marguerite Beaufort... Aussi, lorsque après une longue période d’observation, la bataille s’engagea, elle prit la forme d’une série de combats singuliers : John Howard, premier duc de Norfolk, attaqua de Vere ; son fils Thomas, comte de Surrey, attaqua George Talbot, quatrième comte de Shrewsbury...

Et, perdant patience, Richard III, dont la bravoure était légendaire, se jeta à l’assaut de la petite troupe qui entourait Henri Tudor : le corps d’ar-mée des Stanley, aussitôt, attaqua Richard sur ses arrières ; se rendant compte qu’il était perdu par cette trahison, Richard plongea dans la mêlée, où il fut tué. Peut-être chercha-t-il un cheval pour fuir, mais le corps à corps avait lieu dans un marécage où les chevaux s’embourbaient. Au soir de cette bataille, Henri Tudor était incontestablement devenu le roi Henri VII.

La consolidation du pouvoir Tudor

Dès le mois de septembre 1485,

Henri VII s’installait à Londres. Le couronnement, retardé par une épidé-

mie de peste, eut lieu le 30 octobre, et le 7 novembre s’ouvrait le premier Parlement du règne. Il s’agissait de savoir à quel titre Henri pouvait prétendre à la couronne : Henri réclamait le trône par droit d’héritage, en vertu des droits de sa mère, Marguerite Beaufort. À

aucun moment, il ne fut fait mention des droits que le roi aurait pu avoir du fait de sa fiancée, Élisabeth d’York : si, aux yeux de la postérité, c’est ce mariage qui a mis fin à la guerre des Deux-Roses en réconciliant les « rosés blanche et rouge », Henri s’est toujours présenté comme le prétendant lancastrien. Cela étant admis, le roi dut insister pour que l’on considérât que, puisqu’il était roi dès avant Bosworth, ceux qui l’avaient combattu étaient des rebelles et devaient voir leurs biens confisqués. Mais cette action fut très impopulaire, et Henri se montra prudent : il fit libérer le comte Henry de Northumberland et le comte de Surrey, les deux principaux magnats yorkistes encore prisonniers. De même, s’il fit décider par le Parlement la restitution à la Couronne de toutes les terres alié-

nées par les souverains depuis 1455, peu de transferts de terre eurent lieu en fait ; le roi disposait simplement d’une arme juridique qui pouvait s’avérer utile en bien des occasions. Le 18 janvier 1486. Henri VII épousait Élisabeth d’York.

y Le complot Stafford-Lovell. Mais le parti yorkiste s’était ressoudé : il pouvait s’appuyer sur l’Irlande, où la toute-puissance de la famille yorkiste des Fitzgerald (comtes de Kildare et de Desmond) éclipsait

les Butler (comte d’Ormonde) lan-

castriens, et sur la Flandre, grâce à l’action de la duchesse douairière de Bourgogne, Marguerite d’York, soeur d’Édouard IV. Les principaux leaders qui avaient échappé au massacre de Bosworth, lord Francis Lovell, Humphrey et Thomas Stafford, se soule-vèrent au printemps de 1486 autour downloadModeText.vue.download 579 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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du formidable château de Middle-

ham (Yorkshire), résidence préférée de Richard III. Mais Jasper Tudor

surprit les révoltés par la rapidité de sa réaction et les dispersa sans coup férir. Lovell s’enfuit, mais les Stafford furent pris et l’aîné, Humphrey, exécuté. En septembre 1486 naissait le premier fils d’Henri, auquel on donnait le prénom celtique et légendaire d’Arthur : la nouvelle monarchie paraissait solidement établie.

y Le complot Simnel. Pourtant,

dès le début de 1487, on apprenait qu’Édouard, comte de Warwick, ra-meutait les fidèles de la rose blanche en Irlande : en réalité, le vrai Warwick (il s’agissait du fils du duc de Clarence, frère d’Édouard IV et de Richard III), un adolescent, était depuis 1485 enfermé à la Tour de Londres ; le Warwick irlandais n’était qu’un imposteur, Lambert Simnel, derrière lequel se profilaient les grands leaders yorkisles, Lovell, les Fitzgerald et surtout John de la Pôle, comte de Lincoln, qui, de par sa mère, avait lui aussi des prétentions à la couronne.