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Grâce à l’aide de Marguerite de Bourgogne, Lovell et Lincoln purent lever une armée de lansquenets commandée par un capitaine réputé, Martin Schwarz ; de Flandre, ils passèrent en Irlande, où les Fitzgerald leur amenèrent leurs hommes. C’était donc une armée considérable qui débarquait

en juin sur les côtes du Lancashire pour rejoindre les yorkistes du nord de l’Angleterre, levés par sir Thomas Broughton. Mais, là encore, la rispote d’Henri fut prompte : il avait eu le temps de lever une armée nombreuse, bien commandée par Jasper Tudor et John de Vere : le 16 juin, les rebelles étaient écrasés près de Stoke-on-Trent (la « dernière bataille de la guerre des Deux-Roses »). Lincoln, Broughton

et Schwarz furent tués, et Lovell périt noyé durant sa fuite. Quant à Lambert Simnel, il devint marmiton dans les cuisines royales... Les Fitzgerald étaient pardonnes, mais leur puissance abaissée. Un second Parlement (fin de 1487) permettait au souverain

de commencer la réorganisation de son royaume.

y Perkin Warbeck. Ce nouvel impos-

teur apparut lui aussi en Irlande : il s’agissait du fils d’un bourgeois de Tournai qui se faisait passer pour Richard d’York (le plus jeune des

enfants d’Édouard IV, assassiné par Richard III), à l’instigation sans doute de Marguerite de Bourgogne. La supercherie eut peu d’échos en Angleterre et même en Irlande : Warbeck fut surtout un pion dans la politique exté-

rieure des adversaires d’Henri VII, une sorte d’arme de réserve. Réfu-gié en France, il passa après le traité d’Étaples (1492) en Flandre, où se nouèrent autour de lui divers complots yorkistes, dont celui qui aboutit à l’exécution de sir William Stanley (beau-frère de Marguerite Beaufort, c’est lui qui avait ramassé la couronne de Richard III, au soir de Bosworth, pour en couronner Henri VII). En

juillet 1495, avec l’aide d’une flotte flamande, il tenta de débarquer près de Deal ; de là, il passa en Irlande, où la reprise en main du pays par l’énergique sir Edward Poynings avait créé de vifs mécontentements. Les Fitzgerald firent mine de prendre son parti : mais l’habileté d’Henri VII déjoua les plans de Warbeck : il se réconcilia avec le chef des Fitzgerald, Gerald le Grand (Garret Mór), comte de Kildare, lui rendit toutes ses prérogatives ; Kildare lui-même se chargea de pacifier l’Irlande, et, dès novembre 1495, Warbeck passa en Écosse.

Le roi d’Écosse Jacques IV Stuart

était animé d’intentions offensives à l’égard de l’Angleterre : après avoir fait une réception triomphale à Warbeck, il lui fit épouser sa cousine Catherine Gordon et, à l’automne de 1496, l’aida à monter une invasion de l’Angleterre : mais aucun Anglais ne vint se ranger sous l’étendard du « duc d’York », et Jacques IV ne songea plus dès lors qu’à se débarrasser de Warbeck. Pré-

cisément, la riposte d’Henri VII, pré-

parée par le Parlement de 1487, qui accordait d’importants subsides au roi, fut retardée par une révolte de la Cornouailles, accablée d’impôts : ses habitants, menés par lord Audley, Michael Joseph et Thomas Flammock (ou

Flamank), marchèrent sur Londres, où Daubeney les tailla en pièces, faisant mettre les meneurs à mort (1497). Warbeck débarqua alors en Cornouailles, essayant de regrouper les débris de l’armée rebelle. Il alla mettre le siège devant Exeter, mais, pris entre l’ar-mée de Daubeney et la flotte de lord Willoughby, il n’eut d’autre issue que de se rendre et de confesser sa supercherie. Il ne sera exécuté qu’en 1499, en même temps que le malheureux

comte de Warwick.

Un seul homme montrera par la suite quelques velléités de révolte : Edmond de la Pole, comte de Suffolk, frère du comte de Lincoln, tué à Stoke. Il s’enfuit à deux reprisés aux Pays-Bas, mais Philippe le Beau, ayant été jeté par une tempête sur la côte d’Angleterre, fut obligé de le remettre à Henri.

Henri VIII le fera exécuter en 1513. Au total, on peut constater que ces diverses révoltes ont suscité un faible écho dans l’opinion anglaise, assoiffée de paix civile. Il faut aussi remarquer l’efficacité d’Henri VII, totalement dénué de scrupule (retournement en faveur de Kildare en 1495, maniement constant des agents doubles et des provocateurs).

Néanmoins, l’importance de ces complots ne doit pas être sous-estimée, car ils ont pesé lourdement sur la politique extérieure du souverain, qui, pour pouvoir jouer un rôle important en Europe, devait apparaître comme parfaitement assuré sur son trône.

La politique extérieure

d’Henri VII

Au cours de son règne, Henri a dû aborder deux situations bien différentes.

La première est caractérisée par l’expansion française, la France essayant d’absorber la Bretagne et l’héritage de Marie de Bourgogne. La seconde est marquée par les guerres d’Italie, qui éloignent les dangers de l’Angleterre.

y Henri VII et la France (1488-

1492). En effet, après avoir occupé une partie des domaines bourguignons downloadModeText.vue.download 580 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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après la mort de Charles le Téméraire, la monarchie française travaillait à annexer la Bretagne*. Or, la Bretagne avait un très grand intérêt pour l’Angleterre : puissance navale non négligeable, elle commandait l’entrée de la Manche. Occupé à assurer son pouvoir, Henri VII se contenta d’aider en sous-main les Bretons, en autorisant ses sujets qui le désireraient à se porter — mais à titre individuel — au secours des Bretons : en fait, c’est une véritable petite armée que lord Scales entraîna en Bretagne ; elle fut entièrement massacrée à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (28 juill. 1488), à la suite de laquelle le duc François II demanda la paix à Charles VIII*, qui la lui accorda au traité du Verger (ou de Sablé) [20 août 1488].

Henri VII se devait de réagir. Sur le plan intérieur, il se fit accorder d’importants subsides par les Parlements successifs. Même s’il eut parfois du mal à les lever (meurtre du comte Henry de Northumberland par des

contribuables mécontents en 1489), il put se donner ainsi les moyens de sa politique. Ensuite, sur le plan extérieur, il se lia au roi d’Espagne Ferdinand II le Catholique*, âme de la coalition antifrançaise (traité de Médina del Campo, 27 mars 1489, qui prévoyait le mariage de Catherine d’Aragon et du prince Arthur), à l’empereur Maximilien* et au gouvernement breton dirigé par le maréchal Jean de Rieux (traité de Redon, février 1489, qui stipulait l’envoi de 6 000 Anglais en Bretagne, aux frais de la Bretagne).

Il convient cependant d’observer que la position d’Henri était assez faible : le traité avec l’Espagne le subordonnait à Ferdinand, à qui revenait la décision de mettre fin à la guerre ; Maximilien, occupé à la frontière hongroise, et les Bretons, divisés en de multiples factions, étaient des alliés peu sûrs. De fait, c’est aux Anglais qu’échut l’essentiel de l’effort militaire : si leurs troupes de Bretagne ne purent guère sortir des places fortes de Guingamp et de Concarneau, la garnison de Calais remporta une surprenante victoire sur une armée flamande hostile à Maximilien, à Dixmude (juin 1489). Pourtant,

Maximilien abandonnait le premier la coalition, dès juillet 1489 ; enfin, le mariage de Charles VIII et d’Anne de Bretagne, héritière de François II (déc. 1491), ruinait défintivement la coalition.

Henri VII, s’il ne voulait pas perdre complètement la face, devait prendre l’initiative. Il le fit : grâce au bon état de ses finances, il put envoyer en octobre 1492 une formidable armée

anglaise sur la côte française. Cette armée magnifique vint mettre le siège devant Boulogne... et huit jours après, à la grande fureur des Anglais, elle se rembarqua. En réalité, le gouvernement français se préoccupait surtout de l’Italie et n’entendait pas se laisser détourner de cet objectif. Quant à Henri VII, il n’avait aucun désir de se laisser entraîner dans une aventure militaire : il voulait simplement restaurer son prestige et surtout faire payer la note de ses précédentes entreprises à la France. Le traité d’Étaples (3 nov. 1492) lui donnait satisfaction : la France s’engageait à payer, par annuités, les arriérés dus en vertu du traité de Picquigny (1475) et les frais d’entretien des troupes anglaises en Bretagne. Malgré le mécontentement de l’opinion anglaise, qui avait le sentiment d’avoir payé d’énormes impôts pour permettre à Henri de réaliser une profitable opération financière, Henri avait incontestablement hissé l’Angleterre au niveau des grandes puissances européennes.