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comme ceux de Melassine, du djebel Lahmar, de Sidi-bel-Hassen ; elle englobe maintenant les villages les plus downloadModeText.vue.download 585 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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proches. Dans ces zones de résidence pauvre aux portes de la cité habitent

les plus démunis des Tunisois, les immigrés du « bled », les « sous-prolétaires ». Tunis a ainsi absorbé, pas toujours dans de bonnes conditions, la plus grande partie de l’émigration rurale de Tunisie. En 1966, 15 p. 100

de la population active de l’agglomé-

ration se trouvaient en état de chômage ou de semi-chômage. Cette situation n’a pas été profondément modifiée au cours des dernières années.

A. F.

L’histoire

La situation de Tunis, au carrefour de grandes voies de communication, explique son importance dans l’Antiquité. Les émigrants tyriens installés à Carthage* annexent, entre 480 et 450

avant J.-C., toutes les terres et cités environnantes, dont la ville de Tunis, qu’ils fortifient.

Le général romain Regulus s’en em-

pare lorsqu’il vient assiéger Carthage (v. 256 av. J.-C.). Tunis sert ensuite de base aux mercenaires carthaginois ré-

voltés contre Hamilcar Barca. Au cours de la deuxième guerre punique* (218-201), Scipion s’empare de la ville sans combat et y dirige les opérations militaires qui se termineront par la défaite d’Hannibal. Tunis comme Carthage est détruite au cours de la troisième guerre punique* (149-146).

Rebâtie peu après, Tunis ne retrouve quelque importance qu’au début de

notre ère, lorsque l’empereur Auguste décide de reconstruire Carthage ; elle devient alors le siège d’un évêché de l’Église d’Afrique.

La conquête arabe, du VIIe s., est bé-

néfique à Tunis. La ville s’étend et devient rapidement une florissante cité ; aussi, en 894, Ibrāhīm II quitte-t-il Kairouan et installe-t-il à Tunis le siège de son gouvernement. Si elle perd bientôt son rang de capitale (905), Tunis n’en continue pas moins à prospérer sous la dynastie des Fāṭimides* (909-1171).

Sous les Ḥafṣides* (XIIIe-XVIe s.), dont elle est la capitale, Tunis compte parmi les plus riches cités du monde arabe. Peuplée de 100 000 habitants,

elle peut rivaliser avec Le Caire, et son rayonnement intellectuel est considérable. C’est à Tunis que le célèbre philosophe et historien ibn Khaldūn*

(1332-1406) fait ses études. La ville est à cette époque le principal centre de commerce entre l’Europe et l’Afrique du Nord. Les croisés français viennent assiéger Tunis en juillet 1270, mais la mort de Saint Louis, le 25 août, les oblige à lever le siège.

Au début du XVIe s., la décadence de la dynastie ḥafṣide permet aux pirates turcs, sous le commandement de Khayr al-Din Barberousse, de prendre Tunis (1534). Mais la ville subit bientôt le joug des Espagnols. En 1535, en effet, Charles Quint pénétre dans Tunis, et ses troupes s’y maintiennent jusqu’en 1569, date à laquelle la ville est prise par le beylerbey d’Alger. Reconquise momentanément par les Espagnols

(1573), Tunis retombe aux mains des Ottomans en 1574. Elle devient la capitale de la Régence de Tunisie ; elle est gouvernée par un dey assisté du conseil de Régence, ou divan.

Le début du XVIIIe s. est marqué par des luttes intestines entre dynasties locales rivales. Les Ḥusaynides l’emportent en 1705 sur les Mūradides et gouvernent jusqu’à l’installation du protectorat français en 1881. Dès lors, ils n’auront plus qu’un rôle représentatif. La ville connaît alors un essor rapide ; c’est à cette époque qu’un canal est creusé qui la relie à la mer.

Tunis, occupée par les Allemands

en novembre 1942, subit de nombreux bombardements. Elle est libérée le 7 mai 1943 par la Ire armée britannique du général Anderson. Après la reconnaissance par la France de l’indépendance de la Tunisie en 1956, la République tunisienne y est proclamée le 25 juillet 1957.

P. R.

C. R. Dessort, Histoire de la ville de Tunis (E. Pfister, Alger, 1924).

Tunisie

En ar. al-djumhūriyya al-tūnisiyya,

État de l’Afrique du Nord-Ouest.

Capit. Tunis*.

LA GÉOGRAPHIE

Le pays

La Tunisie est le plus petit des États de l’Afrique du Nord-Ouest. Voisine de l’Algérie à l’ouest et de la Libye au sud-est, elle s’ouvre largement sur la Méditerranée entre les deux bassins de la Méditerranée occidentale et de la Méditerranée orientale. Par sa position et par son histoire, elle participe à trois grandes aires de civilisations.

La Tunisie des villes

Elle est maritime et, plus précisé-

ment, méditerranéenne. Des pays du Maghreb, la Tunisie est le pays le plus anciennement et le plus profondément urbanisé. Avant la Seconde Guerre

mondiale, près du tiers de la population habitait déjà dans des villes. Lors du dernier recensement (1966), le

taux de population urbaine atteignait 45 p. 100. Aujourd’hui, un Tunisien sur deux est un citadin. Or, presque toutes les villes et, en tout cas, toutes les grandes cités se groupent sur le littoral en quatre grappes principales : la région de Bizerte ; celle de Tunis, la plus importante ; le sud et le sud-ouest de la péninsule du cap Bon ; le Sahel, où se détachent Sousse et Sfax.

La plupart des grandes civilisations marchandes de la Méditerranée n’ont pas cessé, depuis plus de vingt siècles, de féconder ces lieux. Sur ces rivages se sont succédé et se sont juxtaposés les Phéniciens, les Romains, les Arabes des premiers siècles, les Turcs, les Italiens, les Français... Des golfes profonds abritent les navires. En bordure du canal de Sicile, les côtes tuni-downloadModeText.vue.download 586 sur 631

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siennes servent de double trait d’union entre les deux Méditerranées et entre l’Afrique et l’Europe (par l’Italie).

Dans les villes tunisiennes et autour

s’accumulent, en même temps que le capital, les activités les plus dynamiques. Ces villes ont connu tous les négoces, de la guerre de course aux transactions coloniales. Dans les

« souks » des vieilles médinas, un artisanat très actif s’affirme encore avec le travail du cuivre, du fer, du cuir, du bois et avec la fabrication de chéchias, de chaussures, de vêtements traditionnels. Les temps modernes ont ajouté les industries près des ports et, dernier apport, un très important afflux de touristes européens.

Autour des villes se trouvent les

campagnes les plus actives, l’agriculture la plus productive. D’assez bonnes conditions naturelles dans de petites plaines fertiles ont rendu possible le développement d’une activité fécondée par l’habileté de vieilles communautés paysannes ainsi que par les appels de consommation et de transaction suscités par la proximité des villes. Ainsi se distinguent les cultures légumières des régions de Tunis et de Bizerte, les agrumeraies du cap Bon, les vignobles du Mornag (Murnāq), les vastes olivaies des sahels de Sousse et de Sfax.

Dans ses contours, cette Tunisie

riche conserve une étonnante stabilité à travers l’histoire. C’est anciennement le périmètre de la colonisation romaine la plus dense. Plus tard, c’est encore la zone que contrôleront bien les Turcs ou les Français, par opposition au « bled »

intérieur. Cette Tunisie très densément peuplée et qui attire encore les populations n’échappe cependant pas aux problèmes du sous-développement

contemporain. Les créations d’emplois suivent difficilement le rythme de l’accroissement de la population. Le chômage sévit dans les villes. Tunis souffre d’hypertrophie. Aux vieilles médinas, aux quartiers créés par les Européens, aux villas de la bourgeoisie s’ajoutent de tristes zones d’habitat précaire.

Le « bled » intérieur

Il appartient à la civilisation du Maghreb traditionnel, celle des « fellahs »

et des nomades. Les conditions naturelles, sans être vraiment répulsives, sont nettement moins favorables que