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y Aux prises avec les Grecs, puis

avec les Romains, Carthage sou-

tient contre ceux-ci les dures guerres puniques* (264-146 av. J.-C.) avant d’être détruite par Scipion* Émilien (146 av. J.-C.).

y 146 av. J.-C. : les Romains fondent la province d’Afrique (v. Afrique romaine), et la future Tunisie devient le coeur de l’Afrique proconsulaire.

Sous le contrôle de l’annone, elle est l’un des greniers de Rome en grains, et lui fournit huile et vin. En même temps, elle s’urbanise et se romanise profondément.

y 146-105 av. J.-C. : les Numides de Masinissa et de Jugurtha s’opposent à la conquête romaine. Mais ils finissent

par être vaincus.

y 46 av. J.-C. : César annexe la Numidie, qui devient l’Africa Nova.

y Sous l’Empire romain, le pays

connaît une grande prospérité : les cultures se développent vers le sud, les villes (Carthage, Thysdrus, Mac-tar, Bulla Regia...) se multiplient. Le christianisme trouve là l’un de ses bastions occidentaux, avec des docteurs comme saint Augustin*, saint Cyprien*, Tertullien*.

y 193-235 apr. J.-C. : la Tunisie

romaine atteint son apogée avec les Sévères*, d’origine africaine.

y 429-533 : le pays subit l’invasion destructrice des Vandales*, dont le roi Geiséric domine la Méditerranée occidentale, mais, après la mort de ce dernier (477), l’État vandale se désa-grège, en partie sous les coups des tribus nomades ou montagnardes.

y 533-647 : la Tunisie byzantine.

Bélisaire, pour Byzance*, reconquiert l’Afrique romaine, qui est restaurée (533), mais les Byzantins doivent

soutenir les assauts des Berbères, qui, toujours révoltés, sont pratiquement les maîtres de l’intérieur. Et c’est une province affaiblie que vont affronter au VIIe s. les Arabes* musulmans.

L’Ifrīqiya arabe

y 647 : début de l’invasion arabe.

y 670 : fondation, par ‘Uqba ibn

Nāfi‘, de Kairouan*, ville sainte et place d’armes de l’islām en Occident.

y 698 : chute de Carthage. Occupa-

tion complète de l’Ifrīqiya.

y Le christianisme — probablement

superficiel dans le peuple — et la latinité sont peu à peu submergés par l’islamisation et l’arabisation. Les Berbères de l’intérieur conservent cependant une certaine originalité en adhérant au khāridjisme.

y L’Ifrīqiya — avec sa capitale Kairouan — dépend successivement du

califat omeyyade de Damas et du califat ‘abbāsside de Bagdad ; grâce aux échanges avec l’Orient par Kairouan, Tunis*, Sousse, le pays connaît la prospérité.

y 800 : l’émir Ibrāhīm ibn al-Arhlab, chargé par le calife Hārūn al-Rachīd de réprimer une émeute contre le

gouvernement ‘abbāsside, fonde une dynastie locale, les Arhlabides* (ou Aghlabides). Le calife lui accorde l’investiture pour diriger la lointaine et turbulente Ifrīqiya. L’émirat devient en fait héréditaire.

y Constructeurs de villes, de palais, de mosquées, les émirs arhlabides

président à un fort mouvement idéologique et mystique. Eux-mêmes, pour asseoir leur autorité, se rallient au malékisme. Cependant, les exactions et les débauches de la Cour mécontentent une population puritaine. De downloadModeText.vue.download 591 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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plus, les Arhlabides s’épuisent en des expéditions contre la Sicile*.

y 909 : le onzième et dernier émir arhlabide, Abū Mudar Ziyādat

Allāh III (903-909), s’enfuit, n’ayant pu résister aux contingents berbères du missionnaire chī’ite Abū ’Abd

Allāh, qui fonde la dynastie des

Fāṭimides*.

y Les Fāṭimides, par leur intran-

sigeance même, n’arrivent pas à

implanter le chī‘isme* en Ifrīqiya.

Après avoir conquis l’Égypte, ils installent leur capitale au Caire (973) : ils confient le gouvernement de l’Ifrīqiya au Berbère Yusuf Bulukkīn ibn Zīrī, qui fonde la dynastie zīride.

y Les Zīrides, qui rejettent la suzeraineté des Fāṭimides (1048), donnent au pays une grande prospérité.

y 1051-52 : les Fāṭimides lancent sur l’Ifrīqiya les nomades Banū Hilāl, qui dévastent le pays dans de telles conditions qu’il restera ruiné durant huit siècles. Des villes sont détruites ;

les cultures irriguées font place aux steppes à troupeaux ; la montagne

se peuple de réfugiés ; les ports se rendent pratiquement indépendants.

L’Ifrīqiya se disloque en principautés vassalisées par les Hilāliens.

y 1148-1160 : cette décadence attire les convoitises des Normands, qui, ayant déjà conquis la Sicile, occupent la côte de Sousse à Gabès.

y 1160 : le calife almohade du

Maroc, ‘Abd al-Mu’min, chasse les

Normands de l’rfrīqiya, qui devient une province administrée par un gouverneur résidant à Tunis.

Le royaume ḥafṣide de

Tunisie (1229-1574)

y 1229 : le gouverneur d’Ifrīqiya, Abū Zakariyyā‘ Yaḥyā, rejette l’autorité de Marrakech et fonde la dynastie des Ḥafṣides*. Il occupe Constantine et Bougie en 1230, Alger et la vallée du Chélif en 1231, puis Tlemcen en 1242. À sa mort (1249), sa souveraineté s’étend jusqu’au Maroc

septentrional.

y La Tunisie connaît alors un grand développement économique. Les

républiques italiennes, la Sicile et l’Aragon entretiennent des colonies marchandes à Tunis, tandis qu’une

forte immigration andalouse (musulmans et juifs) contribue à enrichir le patrimoine artistique, littéraire et religieux du pays.

y 1249-1277 : la prospérité de l’Empire ḥafṣide atteint son apogée sous Abū ‘Abd Allāh, qui, en 1253, prend le titre califien d’amīr al-mu‘minīn et le surnom d’al-Mustanṣir bi-llāh, sous lequel il est connu. En 1270, celui-ci repousse l’armée de Saint Louis, qui meurt sous les murs de

Tunis (v. Louis IX).

y 1277-1318 : période de troubles

et de scissions. Abū Isḥāq (1279-

1283) détrône son neveu al-Wāthiq, fils d’Al-Mustanṣir, et, avec l’appui de Pierre III d’Aragon, étend son influence dans le Maghreb. Mais, après lui, l’Empire ḥafṣide se démantèle

sous les coups des chrétiens et des tribus arabes. De nouveau, la Tunisie connaît la décadence économique.

y 1318-1346 : Abū Bakr, arrière-petit-fils d’Abū Zakariyyā’, reconstitue l’unité ḥafṣide, mais il est prisonnier de ses protecteurs marīnides.

y 1347-1350 et 1357-58 : interven-

tion des Marīnides* en Tunisie.

y 1370-1394 : Abū al-‘Abbās res-

taure la puissance ḥafṣide en neutralisant les forces centrifuges qui dirigent alors l’Ifrīqiya.

y 1394-1434 : Abū Fāris, fils d’Abū

al-‘Abbās, continue l’oeuvre de son père ; son prestige est grand dans le monde musulman et jusque chez les

chrétiens. En 1406, meurt le grand historien tunisien ibn Khaldūn*.

y 1435-1488 : Abū Amr ‘Uthmān,

frère d’Abū Fāris, confirme la puissance ḥafṣide sur tout le Maghreb.

y 1488 : la mort d’Abū Amr ‘Uthmān marque la fin de la puissance

ḥafṣide. Cette décadence, dont les conséquences marqueront l’avenir

du pays, est liée à l’intervention de l’Empire ottoman et de l’Espagne, qui convoitent le détroit de Sicile.

y 1534 : Tunis est prise par Khayr al-Dīn (Barberousse).

y 1535 : Charles* Quint, appelé

par Ḥasan (1526-1542), impose aux

Ḥafṣides sa suzeraineté, ce qui provoque l’intervention des corsaires turcs Dragut et, Alī le Renégat, pacha d’Alger.

y 1556-1569 : ces corsaires s’emparent de Gafsa, de Kairouan et de

Tunis.

y 1573 : Don Juan d’Autriche réoc-

cupe momentanément Tunis.

y 1574 : les Turcs enlèvent Tunis. La Tunisie devient province ottomane.