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troupes françaises évacuent Bizerte, mais les relations avec la France vont s’altérer encore une fois en mai 1964, à la suite de nouvelles nationalisations de terres de colons. L’aide financière à la Tunisie est annulée, et la convention commerciale dénoncée ; seule

l’assistance culturelle est maintenue. Il faudra deux ans pour que les rapports redeviennent cordiaux entre les deux

pays. Sur le plan commercial, en juin 1966, le vin tunisien bénéficie de nouveau de tarifs préférentiels. Ces difficultés posent des problèmes complexes à l’économie tunisienne et contribuent à provoquer une forte dévaluation du dinar le 28 septembre 1964.

Cependant, quelques semaines plus

tard (8 nov.), le président Bourguiba est triomphalement réélu à la présidence de la République pour cinq ans.

En 1965, il prêche le réalisme et la modération envers Israël au cours d’un périple dans les pays arabes. Mais ses initiatives seront vivement critiquées dans le monde arabe, et une rupture des relations diplomatiques se produira même entre Tunis et Le Caire d’octobre 1966 à juin 1967.

C’est avec la Syrie qu’une nouvelle rupture intervient en mai 1968. Cependant, avec l’Algérie, un accord règle le problème frontalier de la région saharienne (avr. 1968). Par ailleurs, le président Bourguiba resserre les liens économiques et culturels avec les États de l’Afrique noire et se fait l’un des champions de la francophonie. Mais ses liens sont également étroits avec les États-Unis, dont l’aide couvre plus de la moitié des investissements publics.

À l’intérieur, un conflit se déve-

loppe entre le parti socialiste destourien, parti gouvernemental, et l’Union générale des travailleurs tunisiens : Ḥabīb ‘Āchūr, le secrétaire général de l’U. G. T. T., est arrêté et condamné en janvier 1966. Cette même année, un nouveau Code du travail réglemente le droit de grève. En mars 1966, un Conseil de la République, composé des ministres et des membres du bureau politique du parti, est créé pour examiner la politique générale du gouvernement et nommer un président en cas de nécessité.

Au cours des années 1968 et 1969,

le gouvernement tunisien se heurte à des mouvements étudiants qui réclament un régime plus libéral. D’autre part, le ministre de l’Économie Aḥmad Ben Ṣalāḥ, qui a proposé d’étendre le système coopératif à 4 500 000 ha afin d’accélérer la réforme agraire, soulève l’hostilité des propriétaires : il

est exclu du gouvernement et du parti (nov. 1969), puis jugé et condamné à dix ans de travaux forcés. Désormais, le gouvernement — présidé par Bāhī

al-Adrham (Bahi Ladgham) [nov.

1969], puis par Hādī Nuwayra (Hedi Nouira) [nov. 1970] — renonce à la ré-

forme agraire élaborée par Ben Ṣalāḥ

pour mettre l’accent, dans un contexte de libéralisme économique, sur le dé-

veloppement du tourisme et de l’industrie hôtelière.

Une agitation étudiante presque

endémique en faveur d’une libéralisation accélérée du régime n’empêche pas Ḥ. Bourguiba d’être une nouvelle fois réélu président de la République (2 nov. 1969) et président du parti socialiste destourien (oct. 1971). Consé-

cration du « combattant suprême » : en novembre 1974, Bourguiba est

élu président à vie de la République tunisienne.

À l’extérieur, la Tunisie — qui garde ses distances avec la Ligue arabe — renoue avec l’Algérie par un traité de bon voisinage (6 janv. 1970) ; le président Bourguiba demeure le champion de la francophonie et de la francophilie, et crée l’Agence de coopération culturelle et technique. En janvier 1974, il étonne le monde en décidant, de concert avec le colonel Kadhafi, la fusion de la Tunisie et de la Libye : mais cette décision n’aura pas de suite.

P. P.

F Afrique romaine / Arhlabides / Berbères /

Bourguiba / Carthage / Colonisation / Empire colonial français / Fāṭimides / Ḥafṣides / Kairouan / Numidie / Ottomans / Phéniciens / Tunis

/ Vandales.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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L’art ancien de la Tunisie

La grande école architecturale tunisienne, dont l’influence se fera sentir jusqu’à nos jours, s’est formée sous la domination des Arhlabides (800-909). L’oeuvre la plus représentative de cette dynastie est la mosquée Sīdī ‘Uqba de Kairouan*, fondée antérieurement (VIIIe s.), mais à laquelle ils donnèrent sa plus grande beauté. Ce magnifique édifice inspirera non seulement les monuments de l’Ifrīqiya — ainsi la Zaytūna de Tunis, remaniée au IXe s. et présentant une salle à quinze nefs surmontée d’une très belle coupole de 864, les mosquées de Gafsa et de Béja, la Grande Mosquée (850) et la mosquée Bū Fatātā de Sousse —, mais encore ceux du reste du Maghreb. À peu près contemporains de ces sanctuaires sont les vastes bassins de Kairouan et de Raqqāda, réussites parfaites de l’art et de la science, ainsi que les ribāṭs, couvents fortifiés, fort nombreux alors en Afrique du Nord et en Espagne, et dont nous conservons au moins deux exemplaires tunisiens, à Monastir et à Sousse.

Celui de Sousse, en particulier (v. 821), n’a presque rien perdu de son caractère d’origine : une porte unique donne accès à une cour carrée centrale, bordée de portiques sur lesquels s’ouvrent deux étages de cellules. Une tour d’angle accentue la lourdeur de cet ensemble robuste, parfaitement équilibré et d’une belle nudité. Il ne reste, en revanche, presque rien des

palais que les fouilles seules ont fait partiellement connaître. Aux Arhlabides aussi, la Tunisie est redevable d’une immense impulsion donnée aux arts mineurs. On signalera principalement les reliures et la menuiserie, remarquable par les éclatants chefs-d’oeuvre de Kairouan (minbar et maqṣūra de la Grande Mosquée).

Sous les Fāṭimides, c’est encore l’art kai-rouanais qui stimule la Grande Mosquée de Sfax, refaite en 988, et la Grande Mosquée de la capitale, Mahdia. Restaurée au XIXe s., cette dernière garde beaucoup de son plan primitif et, par suite, de son intérêt. Son porche monumental en saillie est une sorte de compromis entre l’arc de triomphe antique et l’iwān iranien. Si les palais fāṭimides ne sont pas mieux conservés que les palais antérieurs, les investigations faites sur le site de l’un d’eux (al-Qā’im, 934-946) ont permis de dévoiler un beau dallage de mosaïque, sans doute la dernière manifestation de cette technique antique en terre d’islām.