Dans les arts décoratifs, à côté des stucs, les boiseries de goût rococo et le mobilier dénotent une influence française.
L’héritage du XIXe s. n’est pas négligeable. La Gran Madre di Dio, église imitée du Panthéon, par Ferdinando Bonsignore (1760-1843), marque en 1818 le triomphe de l’esprit néo-classique à Turin. La statue équestre d’Emmanuel-Philibert Ier, par Carlo Marochetti (1805-1867), complète dignement le décor baroque de la piazza San Carlo. Fidèle au répertoire néo-classique, Alessandro Antonelli (1798-1888) fera preuve d’originalité dans l’audacieuse verticalité de la coupole de San Gaudenzio de Novare et de la « Mole antonelliana »
de Turin, vertigineux édifice commencé en 1863 comme synagogue. Le paysagiste Antonio Fontanesi (1818-1882) mérite d’être cité parmi les nombreux peintres de l’otto-cento, présents à la Galleria civica d’arte moderna.
B. de M.
A. M. Brizio, La Pittura in Piemonte dall’
età romanica al Cinquecento (Turin, 1942).
/ M. Bernardi, Capolavori d’arte in Piemonte (Turin, 1961) ; Torino, guida storica e artistica della città e dintorni (Turin, 1965). / L. Mallé, Le Arti figurative in Piemonte. Dalle origini al periodo romantico (Turin, 1965).
Turkménistan ou
Turkménie
En russe tourkmenskaïa S. S. R., république de l’U. R. S. S., en Asie centrale ; 488 100 km 2 ; 2 159 000 hab.
Capit. Achkhabad.
C’est la république soviétique la
moins densément peuplée, la plus
désertique, la plus démunie de ressources. Son développement s’affirme cependant depuis quelques années.
Le littoral de la Caspienne est sec et désertique, avec le célèbre golfe du Kara-Bogaz-Gol (d’où on extrait des sels qui alimentent une industrie chimique), le port de Krasnovodsk, tête de ligne de navigation et point de départ du chemin de fer dit « Transcaspien ». La république occupe aussi la partie orientale d’un plateau pierreux et désert, l’Oust-Ourl, qui s’étend jusqu’à la mer d’Aral, une partie de la dépression qui relie la mer d’Aral à la mer Caspienne et que suit le cours asséché de l’Ouzboï, et surtout le grand désert de sables du Karakoum (« sable
noir »), le plus aride et le plus étendu des déserts de l’Asie centrale, parcouru par des caravanes ou des semi-nomades, couvrant les neuf dixièmes de la superficie de la république. Au sud et à l’est apparaissent de hautes terres : piémont étroit, mais discontinu ; chaînes jalonnées par la frontière (les rivières Mourgab et Tedjen, avant de se perdre dans les sables, forment de petites oasis) ; chaînes frontalières, notamment le Kopet-Dag (ou Kopet-Dagh, qui culmine à 2 942 m et dont l’autre versant appartient à l’Iran) ; chaînes en coulisse, moins élevées, mais tout aussi arides (qui jalonnent la limite avec l’Afghānistān), à l’est de Kouchka, la ville la plus méridionale de l’Union.
Le développement est récent.
Dans les années 50 encore, à peine 500 000 ha étaient irrigués par les moyens traditionnels. La capitale, Achkhabad (253 000 hab.), bâtie sur un aoul turkmène, au milieu d’une petite oasis, est une création des Russes, qui y sédentarisent des Turkmènes
nomades. Aux usines textiles (coton, soie) et alimentaires s’est ajouté un secteur des services depuis 1950.
Achkhabad a une université et une académie des sciences. Ailleurs, en dehors d’un combinat de superphosphates (les phosphorites viennent du Kazakhstan), d’industries du tapis et de l’extraction de 16 Mt de pétrole (Nebit-Dag), les industries sont encore rares.
Le facteur de développement est
représenté, à l’échelle de la république, par le creusement du canal du Karakoum, alimenté par l’Amou-Daria à son sortir de la montagne. Le premier tronçon (396 km), arrivant à Mourgab, a été construit de 1952 à 1959 ; il a permis d’irriguer plus de 100 000 ha, de même que le deuxième tronçon (1959-1961), de Mourgab à Tedjen ; le troisième en cours d’achèvement, atteindra Achkhabad, puis, sans doute, le canal se prolongera jusqu’à la Caspienne. À
la fin des travaux, plus de 600 000 ha nouveaux seraient irrigués, et le canal dépassera 1 400 km. La majeure partie des superficies seront consacrées au coton, aux plantes maraîchères et à l’arboriculture : ainsi, la République la plus déshéritée est en passe de devenir
un second Ouzbékistan.
Le développement économique a
entraîné les mêmes effets que dans le reste de l’Asie centrale. La croissance de la population (42 p. 100
entre 1959 et 1970) est essentiellement due aux Turkmènes, dont le
nombre, dans toute l’Union, passe du million en 1959 à plus d’un million et demi en 1970. La natalité, qui était de 36,9 p. 1 000 en 1940, est passée par un maximum de 42,4 en 1960, s’élevant encore à 35,2 p. 1 000 en 1970, soit 28,6 p. 1 000 d’excédent naturel, l’un des plus élevés de l’Union. La population urbaine représentait près de la moitié de la population totale en 1970.
Enfin, la nationalité turkmène s’est renforcée aux dépens des autres, mais surtout des Russes (qui dirigent encore une grande partie de l’économie). De 1959 à 1970, le pourcentage des Turkmènes est passé de 60,9 à 65,6 p. 100 ; celui des Russes a régressé de 17,3 à 14,5 p. 100 ; celui des nationalités voisines (Ouzbeks, Kazakhs, Tatars) a peu varié.
A. B.
Turner (Joseph
Mallord William)
Peintre anglais (Londres 1775 - id.
1851).
Un ecclésiastique admirait beaucoup les travaux du jeune Turner et facilita l’entrée de ce fils d’un perruquier londonien à l’école de l’Académie royale.
downloadModeText.vue.download 617 sur 631
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19
11198
C’est lorsque Turner avait quinze ans que, pour la première fois, une prometteuse aquarelle, Vue du palais de l’archevêque de Canterbury à Lambeth,
fut présentée à l’annuelle exposition de l’Académie, à laquelle l’artiste devait participer cinquante-quatre fois par la suite. En 1802, à vingt-sept ans, Turner recevait du roi mécène George III le di-plôme d’académicien, qui, après Tho-
mas Lawrence*, faisait de lui le plus jeune artiste anglais honoré de ce titre.
L’Académie royale, depuis sa dif-
ficile fondation officielle en 1768, avait pris une importance considérable comme école d’art et foyer de la vie artistique, parvenant à faire prendre conscience aux Anglais que le règne des peintres importés pouvait cesser et qu’il existait une peinture produite par les insulaires. Turner en est l’illustration éclatante.
Depuis 1807, il était, en principe, astreint à faire une conférence annuelle à l’Académie au titre de professeur de perspective, corvée qu’il réussit à reporter jusqu’en 1811. Il avait préparé pour cet enseignement de vastes diagrammes, mais ses élèves ne furent pas conquis : l’aisance en public lui faisait singulièrement défaut, il balbutiait littéralement. Faute d’une théorisation de ses pratiques peu académiques, il restait à conclure que Turner avait une vive admiration pour Claude Lorrain*.
Et cela était vrai. L’artiste avait pu admirer plusieurs fois des Claude ramenés d’Italie et désespérait de pouvoir les imiter, ce qu’il tenta néanmoins dans la Traversée du ruisseau (1815) ou, plus tard, dans Phryné se rendant au bain (1838) [les deux toiles sont à la Tate Gallery, Londres].
La mode était aux paysages topographiques, mais le romantisme* enva-
hissant sondait la nature sous toutes ses formes, jusqu’aux plus exceptionnelles, et l’on considérait comme fondamentale l’introduction d’effets dramatiques dans n’importe quel tableau.
À la recherche d’expressivité, Turner ajouta une audace proprement picturale, qui est la marque de son génie.
Chez un de ses amis hors de Londres, un orage l’obligea à rester à la maison.
Selon son hôte, Turner était fasciné, en extase ; l’orage grondait et semblait bouleverser les collines du Yorkshire dans le fracas et les éclairs. « D’ici à deux ans, dit-il, vous reverrez cela et l’appellerez la Traversée des Alpes par Hannibal. » La toile (1812, Tate Gallery) annonçait les oeuvres ultérieures : Incendie du Parlement de Londres le 16 octobre 1834 (1835, Cleveland Museum of Art), Lumière et couleur : le