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matin après le déluge (1843, Tate Gallery), Pluie, vapeur et vitesse : « The Great Western Railway » (1844, National Gallery, Londres), où la hardiesse du coup de pinceau et l’unification de la matière colorée dissolvent toute forme en un vertige giratoire.

L’aquarelle jouait un grand rôle en Angleterre et elle compta beaucoup dans la formation comme dans la production de Turner. Cet art devenu typiquement britannique avait commencé chez les dessinateurs de vues topographiques par de timides coloriages, accentués plus vigoureusement chez Paul Sandby (1725-1809), jusqu’à la perfection des chefs-d’oeuvre de Thomas Girtin (1775-1802) ; Turner disait : « Si Tom avait vécu, j’aurais pu connaître la faim. » Mais ce sont les Cozens, Alexander le père (v. 1717-1786), d’origine russe, et son fils John Robert (1752-1797), qui se montrèrent les plus novateurs, en mouillant le papier, le froissant même, pour obtenir de larges effets où le hasard des taches avait sa part. À ses débuts, Turner se méfiait de la peinture à l’huile, et il attendit 1796, la septième année où il exposait, pour présenter une seule toile (Pêcheurs en mer), à côté de dix aquarelles. Aussi ne faut-il pas s’étonner si certaines toiles, véritables nuées de couleur, ressemblent à des lavis.

« Turner peint le néant, et c’est très ressemblant », a pu dire un critique.

Plus tard, les impressionnistes* ne se sont guère référés à lui : sa peinture les dépassait par un prodigieux enjambe-ment. Cette peinture, Turner s’en est rendu maître jusqu’à l’abstraction, jusqu’à la plastique pure, comme dans l’Intérieur à Petworth (v. 1837, Tate Gallery) reproduit ici. À la suite d’un débat d’esthètes, où il s’exprima peu, il quitta l’assemblée en marmonnant :

« Chose bizarre, la peinture [...]. » Très sûr de lui cependant, le moins acadé-

mique des académiciens n’était pas sans malice et connaissait le pouvoir autonome de la couleur : la veille de l’ouverture d’une exposition, tandis que Constable* fignolait son paysage de quelques touches de vermillon,

Turner entra, plaqua une traînée rouge sur sa propre toile et partit. Devant sa toile soudain devenue fade, Constable confia à un ami : « Turner est venu et a tiré un coup de fusil. »

A. C.

A. J. Finberg, The Life of J. M. W. Turner (Oxford, 1939). / M. Butlin, Turner, Watercolours (Londres, 1962 ; trad. fr. J. M. W. Turner, aquarelles, Phoebus, Bâle, 1963). / J. Rothenstein, Turner (Londres, 1964 ; trad. fr. le Musée personnel, 1965). / L. Gowing, Turner : Imagination and Reality (New York, 1966). / J. Lindsay, Turner. A Critical Biography (Londres, 1966). /

D. Hirsh, The World of Turner (New York, 1969 ; trad. fr. Turner et son temps, Time-Life, Amsterdam, 1973). / W. Gaunt, l’Univers de Turner (Screpel, 1974). / J. Selz, Turner (Flammarion, 1975).

Turquie

En turc türkiye, État d’Europe et

d’Asie.

LA GÉOGRAPHIE

La Turquie d’aujourd’hui, faible partie de l’ancien Empire ottoman, englobe essentiellement la péninsule de l’Anatolie* (mot dérivé du grec Anatolê, dé-

signant la province située « à l’est » de la capitale ; en turc Anadolu) à laquelle s’ajoute une fraction de la Thrace.

On emploie également couramment,

pour la partie asiatique, l’expression Asie Mineure, qui évoque en un heureux raccourci l’aspect du pays, Asie en miniature, où s’opposent effectivement, en un contraste assez comparable à celui de la haute Asie et de l’Asie des moussons, un haut plateau central steppique à climat continental rude et des franges montagneuses arrosées ourlées d’un ruban de plaines côtières tièdes et verdoyantes.

Le milieu physique

Structure et relief

L’Anatolie, en effet, est une haute terre extrêmement massive, dont l’altitude moyenne atteint 1 132 m, bien que les altitudes absolues soient relativement faibles, ne dépassant que rarement 4 000 m (cônes volcaniques isolés).

Cette altitude et cette massivité re-flètent les grandes lignes de l’évolution structurale. Il s’agit d’une région montagneuse appartenant pour l’essentiel au système plissé alpin, mais péné-

planée à peu près totalement après les phases orogéniques principales et relevée en bloc par des mouvements d’ensemble ultérieurs qui se sont prolongés jusqu’à une date très récente.

L’ossature des chaînes plissées est, d’ailleurs, constituée par des masses rigides anciennement consolidées, sur lesquelles se sont moulés les plis et qui forment une partie essentielle du plateau. Au sud-ouest, le massif des Méandres (ou Caro-lydien) est sans doute un vieux socle granitique (avec sa couverture), repris par l’orogenèse récente. Mais l’âge exact du métamorphisme (hercynien ou alpin) est encore inconnu. À l’est du méridien d’Ankara, en Anatolie centrale, existe vraisemblablement une autre zone d’ancienne consolidation, le massif de Kırşehir, mais certains géologues y ont vu un immense élément charrié en provenance des chaînes pontiques. Enfin, il est probable qu’il n’y a pas d’unité importante entre Ankara et Afyonkara-hisar, où l’on avait supposé l’existence d’une troisième masse rigide. De toute façon, ces blocs anciens de l’intérieur sont discontinus et séparés par de véritables sillons plissés qui se raccordent aux chaînes bordières.

Au nord et au sud, le haut plateau anatolien est, en effet, enserré par des chaînes plissées, qui se rapprochent vers l’est pour se fondre dans le noeud orographique arménien. Leur direction générale reproduit par ses virgations le dessin des blocs rigides sur lesquels elles sont moulées. Au nord, dans les chaînes Pontiques, l’orientation reproduit dans l’ensemble celle des côtes de la mer Noire. Au sud, le Taurus (Toros dağları), dans sa partie occidentale, dessine un arc convexe vers le nord, entre le massif des Méandres et le massif de Kırşehir, sous l’effet d’une masse rigide méridionale, enfouie

sous les eaux du golfe d’Antalya, qui provoque le rebroussement pamphylo-pisidien. Puis le Taurus central pré-

sente une large convexité vers le sud, suivie par la remontée vers le nord-est de l’alignement du Taurus oriental sous l’effet de l’avancée vers le nord de la plate-forme syrienne. Le style tectonique est généralement caracté-

risé par un double déversement vers l’extérieur, vers le sud dans le Taurus

et vers le nord dans les chaînes Pontiques, avec des charriages dépassant la centaine de kilomètres. Mais il y a également des mouvements tangentiels en sens inverse, avec déplacements importants, notamment au voisinage des noyaux anciens plus ou moins rigides qui apparaissent parfois au milieu des chaînes Pontiques, mais aussi dans le Taurus au voisinage de la plate-forme africaine (nappes dites « d’Antalya », dont le sens de déversement est d’ailleurs encore discuté).

Le matériel rocheux est assez dis-

semblable dans les deux arcs bordiers.

La sédimentation est relativement

homogène dans le Taurus, où se sont downloadModeText.vue.download 618 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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accumulées notamment d’énormes

masses de calcaires jurassiques et crétacés (1 500 m d’épaisseur au

minimum). De puissantes intrusions basiques, mises en place dans les fissures du géosynclinal, s’y associent, comportant notamment de grandes

masses de roches vertes d’âge crétacé.

Ces calcaires et ces masses intrusives sont surmontés par du flysch éocène.

Dans le tréfonds pointent des noyaux de schistes dévoniens ou de calcaires paléozoïques métamorphisés, parfois emballés dans le matériel des nappes (massif d’Alanya), des masses de