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roches intrusives basiques (péridotites lyciennes, qui sont d’âge paléozoïque) et, vers l’est, dans le Taurus cilicien, de véritables batholites granitiques. Dans les chaînes Pontiques, la sédimentation est plus irrégulière. Au sein d’un matériel schisto-gréseux dominant et de flysch très épais, à fréquentes intercalations volcaniques, apparaissent des massifs de schistes cristallins entourés de calcaires récifaux ainsi que de nombreux petits noyaux intrusifs acides postpaléozoïques.

Après les grandes phases orogé-

niques éogènes, on passe avec le Néo-gène à un régime de sédimentation tout différent, de caractère continental et à faciès fins, dans toute l’Anatolie inté-

rieure, où régnait un régime de bassins

fermés, à reliefs faibles. En bordure et à partir de ces bassins s’étendent au Néo-gène des surfaces d’érosion étendues, qui constituent l’essentiel du relief de l’Anatolie intérieure. Plusieurs niveaux s’y étagent, de distinction souvent difficile : aplanissements jalonnant la surface de base du Néogène, qui indiquent encore parfois un relief différencié, ou aplanissements élaborés en fonction du sommet des remblaiements néogènes.

La sédimentation marine se cantonne à cette époque dans les chaînes du Sud (transgression miocène du Taurus).

Postérieurement à ces surfaces

d’érosion et aux dépôts néogènes, un gigantesque mouvement de rajeunissement a mis en place le relief actuel.

Les témoignages en sont nombreux. Le Miocène marin est aujourd’hui à près de 2 600 m d’altitude dans le Taurus occidental. On a observé des failles de 1 000 m de rejet dans le Néogène continental d’Anatolie orientale. Le haut pays a été découpé en une série de compartiments distincts par des cassures et des bombements à grands rayons de courbure, qui ont régénéré le relief de nombreux bassins intérieurs, sans qu’il soit toujours possible d’y distinguer la part de cette tectonique récente et de l’érosion différentielle dans la masse des sédiments néo-gènes. La direction de ces mouvements reproduit en partie celle des axes orogéniques, mais des directions orthogonales s’y sont ajoutées, aboutissant, notamment dans les régions égéennes, à un quadrillage tectonique complexe.

En même temps, les serrages plus ou moins forts effectués par les plates-formes russe et syro-arabe se traduisent par une tectonique transversale faisant alterner culminations et dépressions.

Par ailleurs, on voit s’affirmer un trait essentiel : la tendance à l’affaissement de l’Égéide, tandis que l’Anatolie orientale s’exhausse en sens inverse.

Ces mouvements de rajeunissement se poursuivent aujourd’hui. La séismologie prouve que la tectonique quaternaire et actuelle reste très active. Le basculement de la masse anatolienne vers l’ouest se poursuit, manifesté par l’instabilité persistante des fossés de l’Égéide ainsi que par l’existence, au contact de l’Anatolie intérieure (chaînes Pontiques), d’une importante

cicatrice, le long de laquelle joue la masse intérieure et qui se traduit par des séismes très fréquents.

Cette tectonique récente s’exprime également dans le tracé des côtes. Des formes typiques de submersion, à dé-

dale de chenaux entre les blocs faillés péninsulaires et insulaires, caracté-

risent les côtes de l’Égée. Des formes de remblaiement importantes se sont développées dans le fond des fossés où les deltas des grands fleuves, en positions abritées, ont pu croître rapidement. Les côtes de la mer Noire et de la Méditerranée, de structure « pacifique » parallèle au rivage et de soulèvement récent, sont le plus souvent des côtes de flexure ou de faille à peu près intactes, où l’action de la mer a eu à peine le temps de se marquer et où les formes de submersion, liées à des mouvements de bascule locaux (côte à calanques de la Cilicie Trachée), restent exceptionnelles.

Une analyse régionale du relief permet d’individualiser d’abord l’Anatolie intérieure. Dans une surface fondamentale de plateaux, vers 1 000-1 500 m, dominée par des blocs faillés soulevés plus ou moins dissymétriques (Sultan dağ, 2 581 m) et par des cônes volcaniques isolés (Argée [Erciyas dağı], 3 916 m), s’encastrent des fossés tectoniques souvent occupés par des lacs.

Cette surface fondamentale se relève jusque vers 2 000-2 500 m dans l’Anatolie orientale, où s’étendent de vastes épanchements volcaniques, dominés

par les grands cônes de l’Ararat (Ağrı dağı, 5 165 m) et du Süphan (4 058 m).

Vers l’ouest, en revanche, dans la fa-

çade égéenne, la masse du plateau se morcelle en grands blocs est-ouest, relevés jusqu’à 2 000 m, entre des fossés longitudinaux drainés par de grands fleuves (Bakır çay, Gediz, Petit et Grand Méandre [Küçük et Büyük

Menderes]). Cette disposition passe au nord-ouest, dans la région de la Marmara, à une marqueterie irrégulière de blocs (Ulu dağ ou Olympe de Bithynie, 2 543 m) et de fossés occupés par des lacs ou des golfes. Au-delà du profond bassin de la Marmara, l’axe de la Thrace turque est constitué par le grand bassin néogène de l’Ergene, entre les hauteurs cristallines de l’Istranca au

nord-est (1 018 m), qui prolongent le massif ancien du Bosphore, et des collines crétacées et éocènes au sud.

De part et d’autre du haut plateau in-térieur s’opposent les bourrelets montagneux bordiers. Au nord, les chaînes Pontiques comportent deux secteurs très différents. À l’ouest du Yeşil ırmak, elles dépassent exceptionnellement 1 500-2 000 m et sont aérées par de larges plaines ou des sillons longitudinaux de direction ouest-est. À l’est du même fleuve, elles se présentent au contraire comme un haut pays, à ossature de batholites granitiques, d’aspect alpestre, fortement glacié et disséqué, qui constitue jusqu’à la frontière so-viétique une haute barrière continue approchant 4 000 m. Au sud, le Taurus est un ensemble orographique qu’on peut suivre sur plus de 1 500 km. À

l’ouest, aux confins du massif Caro-lydien, il est constitué d’abord par une série de massifs confus, puis par l’arc bien dessiné du Taurus lycien, qui dé-

passe 3 000 m et va s’ennoyer dans la serrée pamphylo-pisidienne. Au-delà de celle-ci, c’est l’immense virgation, à convexité tournée vers le sud, du Taurus central, culminant au nord-est dans le Taurus cilicien (Ala dağ, 3 734 m), s’abaissant relativement au centre dans le plateau miocène de Cilicie Trachée, où le Gök su offre un accès vers le haut pays. À l’est, l’Anti-Taurus, orienté sud-ouest-nord-est, vient s’accoler à la branche orientale de la chaîne, et l’ensemble va se fondre dans le bourrelet méridional des hautes terres de l’Anatolie orientale, qui atteint encore 4 168 m aux monts Cilo près de la frontière irakienne. Un des traits les plus marquants du relief est, de toute façon, constitué par les profondes dépressions karstiques qui éventrent les grandes masses calcaires de la montagne sous la forme de grands poljés à inondations temporaires dans le Taurus occidental et l’ouest du Taurus central ou d’innombrables dolines dans le plateau calcaire miocène de Cilicie Trachée.

Aux deux ailes du Taurus central s’inscrivent deux plaines littorales, la plaine pamphylienne et la plaine cilicienne, zones de piémont complexes où se

mêlent reliefs structuraux et gradins d’érosion.

Le climat

La Turquie est incluse en majeure

partie dans la zone méditerranéenne, mais la présence de la masse des hautes terres anatoliennes vient perturber sensiblement le schéma normal du climat.

En hiver, la haute Anatolie orientale, fortement refroidie, constitue un point d’appui pour l’avancée de l’anticyclone thermique asiatique. Les dépressions méditerranéennes n’envahissent guère que l’ouest du plateau, par in-termittences, et suivent de préférence les rivages de la Méditerranée et de la mer Noire, où se situent les lignes de discontinuité thermique. En été, le flux étésien sec qui s’écoule du maximum des Açores vers les basses pressions du nord-ouest de l’Inde affecte la totalité du pays, à l’exception de l’escarpe septentrionale et du littoral de la mer Noire, sur laquelle continuent de circuler des dépressions de la zone tempé-