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rée, qui y donnent des pluies particuliè-

rement importantes à l’automne, où la mer reste encore tiède en bordure d’une masse anatolienne qui commence à se rafraîchir. Cependant, au printemps, avant l’établissement du régime estival, règne dans l’intérieur du pays un marais barométrique où se développent des pluies de convection.

La répartition des précipitations

est ainsi dominée par le contraste entre l’intérieur, subaride, et les bordures montagneuses et littorales, très arrosées. Celles-ci reçoivent presque partout, au nord comme au sud, plus de 750 mm de pluies par an, à l’exception de quelques secteurs abrités ou parallèles aux vents pluvieux, comme la côte de Sinop à Samsun sur la mer Noire. Certains secteurs du Taurus et l’est des chaînes Pontiques peuvent recevoir jusqu’à 2 m de pluies. La plus grande partie de la haute Anatolie orientale et la façade égéenne reçoivent encore plus de 500 mm de pluies, mais le total tombe au-dessous de 400 et même de 300 mm dans l’Anatolie inté-

rieure, sans toutefois y descendre nulle part au-dessous de 200 mm, ce qui y laisse partout possible, quoique aléatoire, la culture pluviale des céréales.

L’opposition thermique entre les

littoraux aux hivers tièdes et le haut downloadModeText.vue.download 619 sur 631

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 19

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plateau aux hivers froids, se combinant avec ces contrastes pluviométriques, permet de définir des régions climatiques. Une exception est constituée par le climat des régions pontiques de l’Est, avec des pluies abondantes et réparties en toute saison (maximum, cependant, en automne et en hiver, où la cycloge-nèse est la plus active, et minimum au printemps). Les étés sont chauds sans excès ; les températures d’hiver restent clémentes (Samsum : 6,6 °C en janvier et 23,5 °C en août). Sur les hauts plateaux de l’Anatolie orientale, les pluies restent également assez bien réparties, avec deux maximums de printemps et d’automne et deux minimums (un minimum principal méditerranéen d’été, auquel s’ajoute un minimum secondaire d’hiver, lié au beau temps froid anticyclonique), mais les froids d’hiver sont très rudes (Erzurum, à 1 900 m :

– 8,7 °C en janvier pour 20 °C en juillet). Partout ailleurs règne la sécheresse de l’été. Sur les côtes égéennes et méditerranéennes, il s’agit d’un climat méditerranéen typique, avec maximum de pluies d’hiver, étés chauds et hivers doux (Izmir : 8,3 °C en janvier ; Antalya : 9,9 °C). Dans les régions de la Thrace, de la Marmara, de l’intérieur de la façade égéenne et sur les côtes occidentales de la mer Noire, l’apparition du maximum secondaire printanier de pluies de convection s’ajoutant au maximum principal d’hiver permet de définir un climat de transition subméditerranéen : hivers et étés restent modé-

rés (Istanbul : 612 mm annuels, 5,3 °C

en janvier, 23,3 °C en août). Le climat de l’Anatolie intérieure est pratiquement du même type que le précédent, mais avec une aridité croissante : les froids d’hiver s’accroissent vers l’est et il y a prépondérance du maximum de pluies de convection de printemps sur celui de l’hiver (Konya : 303 mm,

– 0,5 °C en janvier, 23,4 °C en juillet).

De toute façon, la variabilité des pluies reste très grande, notamment sur le plateau intérieur, où les pluies d’hiver peuvent manquer presque totalement si l’anticyclone s’installe de

façon stable et où les pluies de convection de printemps sont également très irrégulières. Les catastrophes agricoles n’y sont pas rares.

Les eaux

Ces conditions climatiques expliquent que les seuls cours d’eau réellement abondants soient ceux de l’escarpe montagneuse de l’est de la mer Noire, mais ceux-ci sont très courts. Les cours d’eau méditerranéens dévalant du Taurus (Ceyhan, Seyhan, Ak su, Köprü

su) ont des maigres d’été-automne très marqués, sauf lorsque leur alimentation est régularisée par des résurgences karstiques (Manavgat çayı). Les cours d’eau de l’Anatolie intérieure (Sakarya, Kızıl ırmak) ont une alimentation plus complexe, où se combinent notamment fonte des neiges et pluies de printemps, mais qui reste médiocre et irrégulière, particulièrement pour ceux qui débouchent vers la mer Égée (Gediz, Grand et Petit Méandre). L’essentiel du potentiel hydro-électrique disponible est fourni par les grands fleuves mésopotamiens descendant de la haute Anatolie orientale, le Tigre et l’Euphrate, dont la Turquie possède le cours supérieur.

En fait, l’hydrologie de l’Anatolie est dominée par l’endoréisme. Les bassins fermés du haut plateau sont occupés par de vastes nappes lacustres. On peut les ranger en deux catégories. La première est constituée par des lacs d’eau douce, à faune abondante et à rives très humanisées. Il s’agit de lacs karstiques, fonds de poljés inondés en permanence, mais présentant des exutoires souterrains. La pellicule d’eau est peu épaisse (lac d’Eğridir : 18 m de profondeur ; lac de Beyşehir : 10 m), et les lignes de rivage n’ont pas varié au Quaternaire. La seconde catégorie est constituée par les lacs tectoniques, sans exutoire souterrain, qui ont été beaucoup plus étendus lors des périodes froides du Quaternaire et comportent fréquemment d’anciennes lignes de

rivage observables à des niveaux

beaucoup plus élevés que l’actuel. Les nappes d’eau d’aujourd’hui n’en sont plus que des restes, parfois encore profonds (tel le lac de Van ou le lac de Burdur, de profondeur supérieure à 100 m),

parfois d’épaisseur très faible (Acı göl

[lac Amer], Tuz gölü [lac Salé], dont la profondeur ne dépasse pas quelques mètres), mais toujours lacs d’eau salée.

La salure y est d’autant plus forte que la nappe est moins profonde et présente davantage un caractère résiduel. Atteignant 32,9 p. 1 000 pour le lac Salé et 10,1 p. 1 000 pour le lac Amer, elle est relativement faible dans les lacs plus profonds (lac de Van : 2,2 p. 1 000 ; lac de Burdur : 2,4 p. 1 000). Ces derniers conservent encore une faune, tandis que les lacs salés peu profonds sont à peu près totalement azoïques et répulsifs à l’activité humaine, qui s’y limite à l’exploitation du sel.

Le tapis végétal et son évolution

Dans ce pays sec à façades humides s’opposent deux grands types de formations végétales : forêt sur les franges côtières et les bordures montagneuses ; steppe dans l’intérieur. Mais leur ré-

partition n’est pas liée seulement à la pluviométrie. Suivant la loi générale de la continentalité, un relèvement géné-

ral des limites des étages de végétation se marque vers l’intérieur du haut plateau. La limite supérieure de la forêt, qui se situe vers 2 000-2 200 m sur les chaînes bordières, s’élève en altitude sur le plateau, atteignant 2 500 m sur les flancs de l’Argée et 2 800 m sur ceux de l’Ararat, en Anatolie orientale, tandis qu’apparaît une limite inférieure d’aridité, qui, de 1 100-1 300 m en Anatolie centrale, s’élève jusque vers 2 100 m en haute Anatolie orientale.

Entre la steppe inférieure et la végétation alpine des sommets, l’étage forestier se réduit ainsi sur le plateau à une bande étroite, large de 700 à 1 000 m, qui y ourle les flancs des massifs.

Les forêts qui occupent l’espace ainsi délimité sont de deux types. Des « fo-rêts humides », adaptées à des pluies en toute saison (sapin de Nordmann, pin sylvestre, épicéa, hêtre), caracté-

risent les chaînes Pontiques de l’Est, avec un sous-bois très luxuriant (houx, buis, rhododendrons, vigne sauvage).