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quence induite est mesurable au millionième près.

Si l’enroulement producteur du

champ B a une forme et des dimen-

sions permettant de calculer la valeur de B exprimée en teslas, la fréquence observée est 42,575 9 MHz/T.

J. T.

Ampère

(André Marie)

Physicien et mathématicien français (Lyon 1775 - Marseille 1836).

Sa vie

Son père, ancien négociant en soieries, exploite un petit domaine à Poley-mieux, près de Lyon. Le jeune Ampère est élevé sans maître, à la façon de l’Émile de Jean-Jacques Rousseau.

D’une grande vivacité d’esprit,

l’enfant manifeste très tôt une curiosité extraordinaire pour tout ce qui l’entoure. Parlant de lui, plus tard, il écrira : « Avant de pouvoir lire, le plus grand plaisir du jeune Ampère était d’entendre des morceaux de l’Histoire naturelle de Buffon. Son père commence à lui enseigner le latin, mais, observant chez lui une exceptionnelle disposition pour les mathématiques (à treize ans, l’enfant compose un traité sur les sections coniques), il entend la favoriser et lui procure tous les livres utiles. Le jeune homme lit avec avidité tout ce qu’il peut en littérature, en philosophie et en mathématiques. Doué d’une mémoire étonnante, il connaît bientôt, d’un bout à l’autre, les vingt-huit tomes de l’Encyclopédie.

Il accueille avec transport la Révolution de 1789, dont les idées le plongent dans l’enthousiasme. Mais, après avoir perdu sa soeur aînée, qui a eu une grande influence sur son enfance, il va subir une nouvelle et terrible épreuve : son père, qui a accepté imprudem-ment la charge de juge de paix pendant le soulèvement de Lyon contre la Convention, est traduit en 1793 devant le Tribunal révolutionnaire et exécuté.

André Marie tombe dans une pros-

tration qui, dira-t-il lui-même, « fri-sait l’imbécillité ». Mais la lecture de Rousseau, éveillant en lui la passion de la botanique, va le sortir de cette crise.

Enthousiaste et passionné, Ampère

s’adonne avec une même ardeur à la poésie et à la musique. Il compose, entre autres, une pièce romantique dont les vers préfigurent les Méditations de Lamartine :

Tout passe ! C’est ainsi que la course des âges

Sur les ailes du temps emporte nos beaux jours,

Qu’un ciel pur et serein se couvre de nuages,

Que l’absence succède aux plus tendres amours !

Ô Fanny ! C’est ici que mon âme

éperdue

Nourrira les chagrins dont je suis déchiré.

J’y dirai tous les jours : « C’est là que je l’ai vue !

En me disant adieu, c’est là qu’elle a pleuré ! »

Malgré les travaux variés qui

auraient pu l’absorber entièrement, Ampère n’ignore pas les passions de la jeunesse. L’histoire de son mariage est un vrai roman : il aperçoit un soir à la campagne une jeune fille blonde faisant un bouquet ; il ne l’a jamais vue et ne sait rien d’elle. Il n’en décide pas moins sur-le-champ de demander sa main. Et trois ans après, en 1799, il épouse cette Julie Carron, qui lui donnera un fils, Jean-Jacques, futur écrivain et académicien.

C’est en vue de ce mariage que le jeune Ampère, sans fortune, doit choisir une profession. Il commence par donner à Lyon des leçons particulières.

Puis, en 1801, sur l’intervention de quelques amis, il est nommé, bien que sans diplôme, professeur de physique à l’École centrale de l’Ain à Bourg-en-Bresse. Mais la santé de sa femme commence à décliner, et il doit se rendre seul dans cette ville. C’est là que, tout en écrivant chaque jour à son épouse, et tout en se livrant à d’intéressantes expériences de chimie, il compose en 1802 ses Considérations sur la théorie mathématique du jeu, ingénieuse appli-

cation du calcul des probabilités.

Lalande, puis Delambre, lors de

leurs voyages d’inspection, remarquent la valeur exceptionnelle des travaux du jeune professeur, qui ne tarde pas à obtenir une chaire de mathématiques et d’astronomie au nouveau lycée de Lyon. Mais l’existence dans cette ville lui devient vite insoutenable, car la mort de sa femme, au moment même où allait cesser leur cruelle séparation, provoque en cet homme sensible un profond abattement. Il contractera en 1806 un second mariage qui ne lui apportera que des déceptions.

Proposé par Delambre, Ampère ob-

tient en 1805 une place de répétiteur d’analyse mathématique à l’École polytechnique. Il va dès lors vivre à Paris, où il fera une brillante carrière de professeur. Il devient en 1808 inspecteur général de l’Université, reçoit en 1809

une chaire de mécanique à l’École polytechnique, enseigne en 1824 la physique au Collège de France et professe même la philosophie à la Faculté des lettres, car sa science est universelle.

En 1806, il a été nommé secrétaire du Bureau consultatif des arts et métiers, et, en 1814, l’Académie des sciences l’a élu dans la section de géométrie.

La fin d’Ampère est assez misé-

rable. Il est resté pauvre, ayant toujours consacré ses faibles ressources à la construction d’appareils. Sa fille Albine, mariée à un officier alcoolique et endetté, finit par devenir folle. Lui-même est tombé dans un demi-oubli.

Au cours d’un voyage d’inspection, Ampère, âgé de soixante et un ans, usé par le travail et les soucis, tombe malade à Roanne. Il désire toutefois poursuivre sa tournée. Mais, arrivé à Marseille, il doit s’aliter. C’est alors qu’il adresse à un visiteur cette réponse admirable : « Ma santé ? Il s’agit bien de ma santé ! Il ne doit être question entre nous deux que des vérités éternelles, des choses et des hommes qui ont été funestes ou utiles à l’humanité. » Il meurt le 10 juin 1836.

Son oeuvre

Les premiers travaux d’Ampère se rapportent aux mathématiques, et si cet

aspect de son activité est peu connu, mentionnons pourtant qu’un juge aussi qualifié qu’Appell le comparait « aux plus illustres, aux Laplace, aux Lagrange, aux Monge, aux Hermite, aux Poincaré ». Au surplus, cette maîtrise dans l’analyse mathématique lui fournira l’outil nécessaire à ses recherches ultérieures.

Lorsqu’il est amené à enseigner

la chimie, Ampère s’adonne à cette science avec la même ardeur. Il adopte immédiatement la théorie atomique, qui lui permet d’expliquer les lois des combinaisons et de les lier aux résultats nouvellement établis sur la compressibilité des gaz. Dès 1814, dans une lettre à Berthollet, il développe la célèbre hypothèse (formulée trois ans plus tôt, sans qu’il le sût, par Avogadro*) selon laquelle tous les gaz renferment, à volume égal, le même nombre de molécules.

Mais c’est en 1820 que se révèle son génie, lorsque, brusquement, il se tourne vers la physique. En quelques semaines, il va entièrement créer une science nouvelle, aux conséquences incalculables, et mériter le titre de

« Newton de l’électricité », que lui conférera Maxwell.

Le Danois OErsted* vient d’observer la déviation de l’aiguille aimantée au voisinage d’un courant élec-downloadModeText.vue.download 12 sur 561

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2

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trique ; personne ne peut expliquer ce curieux résultat. Devant l’Académie des sciences, le 11 septembre 1820, Arago* réalise cette expérience, qu’il a vu faire à Genève. Aussitôt, Ampère rentre chez lui, rue des Fossés-Saint-Victor (l’actuelle rue du Cardinal-Le-moine), et se met au travail dans la modeste chambre qui lui tient lieu de laboratoire. Dans les huit jours, lui qui était absorbé la veille par l’algèbre, la chimie, la psychologie, il donne à l’Académie une note établissant la théorie du phénomène. Dès lors, pendant plusieurs semaines, l’Académie des sciences entendra, à chaque séance,

les nouvelles surprenantes de ce monde inconnu où s’avance Ampère avec la plus étonnante promptitude. Celui-ci montre, dans l’électricité en mouvement, la source des actions magné-