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et grâce à la mise en service, en 1952, d’un canal large de 50 m et long de 72 km, qui l’unit au Rhin et qui la rend plus proche de Duisburg que ne l’est sa grande rivale, Rotterdam.
P. T.
Le port et le canal
de la mer du Nord
Amsterdam fut jusqu’au XIXe s. un port du Zuiderzee : les bassins les plus anciens —
et les plus petits — se trouvent au nord-est de la vieille ville ; ils ne sont plus guère utilisés aujourd’hui que par la batellerie.
L’envasement de l’IJ et l’augmentation de la taille des navires rendirent nécessaire la création d’un nouvel accès à la mer : de 1865 à 1876 fut creusé le canal de la mer du
Nord (tirant d’eau actuel : 15 m), qui perce le cordon dunaire à IJmuiden ; le port va désormais se développer vers l’ouest. Des bassins de plus en plus grands sont amé-
nagés sur la rive sud, en relation avec une nouvelle zone industrielle, où les activités liées au pétrole prennent une place déterminante. La rive nord, plus anciennement urbanisée, comprend surtout le vieil ensemble portuaire du Zaan, où Zaandam, jadis célèbre par ses constructions navales, s’est spécialisé dans le trafic des bois et de certaines denrées alimentaires.
La progression vers l’ouest n’a pas encore rejoint l’agglomération d’IJmuiden-Velsen, aux fonctions balnéaires, portuaires et industrielles. Au sud du i canal, on voit les deux grands bassins du port de pêche (le premier des Pays-Bas, avec des prises supérieures à 100 000 tonnes par an) et les installations de commercialisation et de traitement du poisson. Au nord s’alignent les établissements industriels : les hauts fourneaux (capacité : 3 Mt) et leur immense bassin minéralier, une usine d’engrais, une cimenterie, une papeterie. À
l’entrée du canal, trois écluses permettent à la fois de maintenir constant le niveau de l’eau dans le port d’Amsterdam et d’empê-
cher la pénétration de la salinité ; la plus grande, longue de 400 m, autorise l’accès de navires de 100 000 t.
J.-C. B.
La ville actuelle
En dépit d’aménagements considé-
rables (canal de la mer du Nord, canal d’Amsterdam au Rhin), le port n’est plus que le second des Pays-Bas (après Rotterdam) et qu’une base de l’activité urbaine parmi d’autres. Les sources de la prospérité et du renom d’Amsterdam sont à chercher dans ses industries et surtout dans ses activités tertiaires.
Un port et un centre industriel
Le trafic du port (24 Mt environ) repose surtout sur le maintien d’une fonction d’entrepôt, permise par une longue expérience dans le transbordement des marchandises de valeur et par un excellent équipement en matériel de manutention et de stockage. Les entrées, où les denrées tropicales conservent une place de choix, dépassent de loin les sorties. Une partie de ces marchandises
est réexpédiée, souvent après conditionnement, vers, le reste des Pays-Bas et vers l’Allemagne occidentale. Amsterdam et IJmuiden importent aussi les sources d’énergie et les matières premières nécessaires à leurs industries, depuis le bois jusqu’au minerai de fer et au charbon.
En effet, si les industries les plus anciennes sont nées du port, les nouvelles implantations contribuent à leur tour à développer le trafic maritime et fluvial. Au traitement du cacao, des huiles tropicales, du sucre, du caoutchouc, du diamant (activité célèbre qui a souffert de la persécution des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale), il faut ajouter les minoteries, les industries du bois, les chantiers navals de construction et de réparation, la fabrication des moteurs et des machines, sans oublier les industries légères destinées surtout au marché urbain, mais ayant des débouchés plus vastes, comme la confection, l’imprimerie, les brasseries (Heineken) ou les distilleries. Les implantations du XXe s. comprennent principalement, hors de la commune, des établissements sidérurgiques (IJmuiden) et aéronautiques (Fokker, près de l’aéroport de Schiphol), et, à Amsterdam même, des activités de recherche et de fabrication dans le domaine de l’électrotechnique et de l’électronique, ainsi que le centre de recherches de la Shell, qui se rattachent aux fonctions de direction économique de la ville, bien que celle-ci partage les sièges des grandes entreprises avec La Haye et Rotterdam.
Une capitale nationale et
internationale
Amsterdam bénéficie d’une impor-
tante concentration financière, dont témoignent les sièges des grandes banques (parmi lesquelles la banque nationale : Nederlandsche Bank), les Bourses des marchandises, la Bourse*
des valeurs (qui assure à elle seule plus de la moitié des transactions effectuées aux Pays-Bas). Le secteur ter-downloadModeText.vue.download 26 sur 561
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tiaire, qui occupe (y compris le port) 240 000 personnes sur le territoire de la commune (contre moins de 140 000
pour l’industrie), comprend aussi une multitude de sociétés spécialisées dans l’affrètement, le camionnage, l’import-export, la publicité et la gamme la plus variée des services de niveau supérieur que l’on puisse rencontrer aux Pays-Bas. Commerce de gros et commerce de détail répondent non seulement aux besoins de la population urbaine, mais aussi à ceux des régions environnantes et des nombreux visiteurs que reçoit la ville à toute époque de l’année (environ le tiers des étrangers et plus de la moitié des Nord-Américains séjournant dans des hôtels néerlandais alimentent l’activité d’Amsterdam). À la diversité des magasins de luxe s’ajoute, il est vrai, l’attrait d’une fonction culturelle sous-tendue par la présence de deux universités (plus de 20 000 étudiants) et du Rijksmuseum, et par un foisonnement de journaux (dont la plupart des grands quotidiens nationaux néerlandais) et de publications diverses.
Amsterdam tient une place à part aux Pays-Bas : elle évoque plus une fenêtre ouverte sur l’extérieur qu’un reflet fidèle de la mentalité et de la vie néerlandaises. Cela ne provient pas seulement de son caractère cosmopolite ; cela est dû aussi à un certain anti-conformisme, qui suscite la méfiance d’une société restée dans l’ensemble attachée aux traditions nationales ; près d’un habitant sur deux n’appartient à aucune confession, un électeur sur cinq donne son suffrage à l’extrême gauche ; voilà des proportions que l’on ne retrouve dans aucune autre grande ville néerlandaise. Et ce n’est pas par hasard que le mouvement « provo » a connu ses beaux jours à Amsterdam...
Les quartiers et la banlieue
Depuis le début du siècle, d’importantes migrations de population ont eu lieu à l’intérieur de l’agglomération et dans les régions environnantes ; elles ont accentué la différenciation fonctionnelle et résidentielle des quartiers urbains et des communes voisines. On
peut distinguer sommairement quatre zones concentriques.
La ville historique, à l’intérieur du Singelgracht, connaît l’évolution classique des centres de métropole : dépeuplement et spécialisation dans les fonctions tertiaires. De près de 300 000 habitants vers 1890, sa population résidante est tombée à moins de 100 000 personnes aujourd’hui, à cause de l’exode des jeunes vers les nouveaux quartiers (dans le centre, les logements sont chers ou vétustes), des opérations de rénovation urbaine, et surtout du prestige que confère à certaines activités une implantation dans la ville du XVIIe s. Ainsi, le long du Herengracht, les bureaux des sociétés commerciales, des avocats, des compagnies d’assurances ont peu à peu occupé les vieilles demeures bourgeoises. De la place centrale du Dam partent des rues jalonnées d’établissements touristiques et financiers (le Damrak, qui conduit à la gare) ou de commerces de détail (Kalverstraat et, plus au sud, Leidses-traat). Au sud-est, Rembrandtsplein constitue avec ses théâtres un des pôles de l’animation nocturne d’Amsterdam. Chaque jour, 200 000 personnes viennent travailler dans le centre ; le maintien de petites industries et d’entrepôts ainsi que la navette quotidienne des travailleurs y posent d’insolubles problèmes de circulation et de stationnement. La dépopulation de cette partie de la ville semble devoir se poursuivre ; la persistance d’un minimum de vie permanente apparaît cependant nécessaire à la conservation de son potentiel touristique.