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massives. Plus ils sont rejetés, plus ils ont de confesseurs et de martyrs, et plus les anabaptistes en concluent qu’ils doivent se retirer de la corruption générale pour créer des cités de Dieu, où ils mettront rigoureusement en pratique tous leurs principes et attendront le triomphe des armées célestes sur les forces des puissances sataniques des princes au service de toutes les Églises compromises avec le péché du monde. C’est ainsi que Münzer organise Mühlhausen (Thuringe) en ville sainte, lorsque a lieu, sous la direction de Philippe, le landgrave de Hesse, la bataille de Frankenhausen (15 mai 1525), où il est fait prisonnier.

On raconte qu’avant d’être supplicié, il faiblit et reçut la communion des mains d’un prêtre.

Jean de Leyde

C’est aux Pays-Bas que, quelques années plus tard, l’anabaptisme resurgit, accompagné des manifestations les plus extraordinaires : Melchior Hoffmann (ou Hofmann) [v. 1500-1543], disciple de Münzer, s’est fixé à Amsterdam et a fait des prosélytes à Haarlem et à Leyde. Deux d’entre eux, le boulanger Jan Matthijsz. de Haarlem et le tailleur Jan Beukelsz.

de Leyde (« Jean de Leyde ») [1509-1536], fuyant la répression, se fixent à Münster, en Westphalie (1533-1534).

Doués d’une force intérieure et d’une éloquence peu communes, les deux

« prophètes » gagnent à l’anabaptisme toute la ville et ses pasteurs. Une foule d’anabaptistes de toutes origines viennent s’y réfugier, et on commence à organiser la théocratie : les objets de luxe, les oeuvres d’art, les livres sont brûlés au cours d’une véritable « révolution culturelle » ; la communauté des biens et la polygamie sont instituées, et tous les opposants sont bannis. Jan Matthijsz. tué dans une bataille contre les troupes catholiques venues assié-

ger la ville (avr. 1535), Jean de Leyde est nommé roi de la nouvelle Sion et prend le titre de « roi juste du nouveau temple » ; entouré d’une vénération et d’une crainte générales, il annonce qu’il va conquérir le monde ; il envoie dans toutes les directions vingt-huit apôtres, chargés d’annoncer sa venue, et qui seront, à l’exception d’un seul, arrêtés et exécutés. Exerçant le pou-

voir absolu, il tranche lui-même la tête d’une de ses quinze femmes. Plus le blocus se resserre autour de la ville, plus l’exaltation apocalyptique y croît.

Les troupes de l’évêque de Münster donnent l’assaut le 24 juin 1535 et le

« triomphe » se termine dans un bain de sang. Après six mois de tortures, Jean et ses principaux lieutenants subissent le 22 janvier 1536 l’affreux supplice de la mort par les « tenailles brûlantes ».

Malgré l’héroïsme des anabaptistes en face de la mort, dans une persécution qui se généralise et submerge aussi bien les États protestants que les États catholiques, le mouvement ne se relè-

vera jamais des folies de Münster et de l’effroyable châtiment qu’elles ont attiré sur la ville. Lorsque l’anabaptisme se manifestera, ce sera désormais sous des formes très atténuées, comme celle de Menno Simonsz (1496-1561), un ancien prêtre hollandais qui fondera la secte des mennonites, saints tranquilles et strictement retirés du monde.

De même, en Angleterre, au XVIIe s., les anabaptistes seront un des courants de la fermentation générale des esprits et donneront naissance à diverses Églises dissidentes, qui seront des agents de progrès dans les domaines politique et social, ainsi qu’en ceux de la piété et de la moralité.

La crise avait provoqué le durcissement « constantinien » de la Réforme, et son recours aux méthodes les plus

cruelles du catholicisme politique.

Mais l’héritage de l’anabaptisme, représenté par différentes tendances

« paisibles », se poursuit jusqu’aujourd’hui en ces courants chrétiens qui refusent l’alliance de l’Église et du pouvoir, et insistent sur l’élément de contestation des institutions et l’exigence de progrès social représentés par des communautés pauvres, annonçant l’espérance eschatologique et esquis-sant le royaume dans le service désintéressé de la justice et de la paix.

G. C.

▶ Allemagne / Luther / Protestantisme / Ré-

forme.

B E. Bloch, Thomas Münzer (Munich, 1921 ; trad. fr. Thomas Münzer, Julliard, 1965). /

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2

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R. Stauffer, la Réforme (P. U. F., coll. « Que sais-

je ? », 1970).

anaérobiose

Vie sans air.

Elle a été décrite en 1861 par Pasteur, à propos de la fermentation butyrique. Cette étude confirmait les travaux antérieurs, qui identifiaient la fermentation à une vie sans oxygène.

Une Bactérie anaérobie ne peut cultiver (vivre) en présence d’oxygène libre. Celui-ci peut empêcher sa multiplication (bactériostase) ou la tuer (bactéricidie). L’anaérobiose impose donc aux germes anaérobies des processus respiratoires particuliers.

Chez les Bactéries aérobies, les ions H+ libérés par le métabolisme ont pour accepteur l’oxygène de l’air. Ils se combinent avec lui par l’intermédiaire de transporteurs successifs, avec gain d’énergie à chaque étape. L’oxygène peut être libre : l’eau oxygénée fournie dans cette voie oxydative est dégradée en eau par les peroxydases ou cata-lases. (V. enzyme.) Il peut être ionisé : c’est la phosphorylation oxydative, né-

cessitant la présence de cytochromes.

Les Bactéries anaérobies ne possè-

dent pas (à de rares exceptions près) ces enzymes. Pour éliminer les ions H+, elles utilisent des accepteurs exogènes organiques ou minéraux (nitrates, sulfates), ou des accepteurs endogènes qui sont des produits intermédiaires du métabolisme ; le plus connu est l’acide pyruvique ; il s’agit là de fermentation.

Les Bactéries aéro-anaérobies

peuvent employer toutes ces voies.

En anaérobiose, les Bactéries ne peuvent cultiver que dans des limites assez basses de rH (potentiel d’oxydoréduction

Surtout, en respirant, elles abaissent le rH du milieu. La mesure du rH initial et du rH terminal permet de définir plusieurs groupes d’anaérobies.

L’identification des bactéries anaé-

robies est donc possible grâce à l’étude de leur type respiratoire, de leurs caractéristiques biochimiques et nutri-tionnelles, de leur morphologie.

En pathologie, on distingue les anaérobies telluriques, avec spores, toxigènes ou virulents (les germes du tétanos, de la gangrène gazeuse, du botulisme), et les anaérobies non telluriques, sans spores, moins dangereux.

Outre ces Bactéries pathogènes, les anaérobies ont un intérêt majeur dans la nature (anaérobies du sol intervenant dans le métabolisme de l’azote, la réduction des sulfates, l’hydrolyse des graisses, la lyse des tissus animaux et végétaux dans les sols et les eaux) et en industrie, dans les fermentations et les synthèses ou transformations biochimiques.

P. V.

analeptiques

Médicaments capables de restituer, pour un temps plus ou moins long, à un tissu ou à un organe, tout ou partie des fonctions physiologiques qu’il avait perdues par suite d’une atteinte pathologique. L’usage s’est établi de réserver le terme aux analeptiques des systèmes respiratoire et cardio-vasculaire. Ce sont des excitants du système nerveux, dont l’action se manifeste au niveau du cerveau, du bulbe ou de la moelle, ou au niveau de plusieurs de ces régions ; ces propriétés neuroto-niques sont en général complétées par des actions secondaires sur les muscles lisses ou striés. La classification des analeptiques ne peut porter que sur leur action pharmacodynamique, car ces substances n’ont entre elles aucun lien chimique, leur structure moléculaire allant de la plus grande simplicité, comme le gaz carbonique CO2, à la complexité d’un alcaloïde comme la strychnine C21H22O2N2.