Lazarsfeld sur les divers types de personnes qui « font autorité » dans une petite ville).
Le travail le plus important est celui, préalable, de conceptualisation. Avant d’entreprendre une analyse de contenu, il faut savoir clairement ce qu’on cherche, préciser l’objet et les hypothèses faites sur celui-ci : la valeur de l’analyse dépendra ensuite de l’exactitude avec laquelle cette conceptualisation peut être traduite en variables dans le plan d’analyse. Ainsi s’imposent un certain nombre d’opérations :
1o le choix des catégories. C’est la démarche essentielle de l’analyse de contenu, comme le souligne Berelson, pour qui « une analyse de contenu vaut ce que valent ses catégories » ; 2o la quantification du contenu. Pour manipuler scientifiquement le contenu étudié, il faut réduire sa totalité brute en un nombre fini d’unités homogènes pouvant être classées chacune dans l’une des catégories retenues. Le choix du type d’unité à retenir pour la quantification est fonction de l’appréciation par le chercheur du type de messages auquel il a affaire.
a) La première unité d’analyse est l’unité d’enregistrement. C’est un segment de contenu, de nature définie, que l’on caractérise en le classant dans sa catégorie. À la limite, l’unité peut être le « mot » ; on choisit généralement comme unité le « thème ». Le découpage par thèmes n’offre qu’une faible garantie de fidélité ; un même thème s’offre à des expressions très diverses et, parfois, implicites ; plusieurs thèmes peuvent se trouver mêlés, etc.
Toutes ces difficultés amènent souvent des écarts d’appréciation graves d’un analyste à l’autre.
b) L’item, au sens large, désigne un document isolé sous la forme où il est donné : lettre, manifeste, entretien. Il sert alors à distinguer un élément parmi tous ceux qui constituent le matériel étudié, quand celui-ci est multiple.
Mais « item » peut être également utilisé au sens étroit de ce mot, pour signifier « une unité d’enregistrement »
(quelle qu’elle soit).
c) L’unité de contexte constitue le cadre de référence, à l’intérieur du contenu, auquel l’unité d’enregistrement peut être rapportée : par exemple, un thème devra être compris dans le contexte de son paragraphe. L’unité de contexte ne se prête pas à une quantification rigoureuse.
d) L’unité de numération, contrairement aux deux précédentes unités, ne se repère pas à la signification de ce qu’on veut quantifier, mais à la façon dont on va compter.
Le problème du choix d’un échan-
tillon se pose non dans le cas où l’on étudie un corpus complet de textes ou de discours, mais dans le cas où l’on étudie des éléments très variés (les journaux de plusieurs années ou une campagne de propagande). Ce choix devient crucial pour la recherche. On le détermine à partir des thèmes d’analyse, des sources utilisées et du contenu lui-même. La validité de l’analyse dé-
pend dans une grande mesure du soin apporté au choix de l’échantillon et ses résultats peuvent être traités selon les diverses techniques utilisées dans les sciences sociales.
Validité et portée
On ne saurait nier l’efficacité pratique de l’analyse de contenu en tant que technique d’observation des mass média. Elle a fait ses preuves auprès des politologues et des analystes de la propagande ou de la publicité. Mais cet outil peut servir à plusieurs fins.
En lui-même, c’est un moyen d’information important pour le chercheur ; lorsque les émetteurs des messages ont disparu ou sont inaccessibles, lorsque leurs intentions ne peuvent être sondées par enquête directe, l’analyse de contenu offre la possibilité non de décrypter le message, mais plutôt de décrire ses intentions ; par exemple, pendant la guerre froide, la disgrâce de tel dirigeant soviétique se mesurait souvent au nombre d’apparitions de son nom dans la presse. En fait, toutes les analyses de situations politiques ou économiques ont aujourd’hui peu ou prou recours aux diverses techniques de l’analyse de contenu.
Quant à l’exactitude des résultats, le doute reste permis, car, si l’on se limite à une analyse quantitative très rigoureuse, les résultats obtenus seront d’autant plus sûrs que leur intérêt sera limité. Ici comme ailleurs, on en est encore à rechercher le bon équilibre entre la rigueur scientifique et la fécondité des résultats.
J. L.
B P. F. Lazarsfeld, B. R. Berelson et H. Gandet, The People’s Choice : How the Voter Makes up his Mind in a Presidentiel Campaign (New York, 1944 ; 2e éd., 1948). / H. D. Lasswell, N. Leites et coll., Language of Politics. Studies in Quantitative Semantics (New York, 1949). / B. R. Berelson et M. Janowitz (sous la dir. de), Reader in Public Opinion and Communication (Chicago, 1950). / B. R. Berelson, Content Analysis in Communications Research (Chicago, 1952). /
L. Festinger et D. Katz (sous la dir. de), Research Methods in the Behaviorat Sciences (New York, 1953 ; trad. fr. les Méthodes de recherches dans les sciences sociales, P. U. F., 1959 ; 2e éd., 1963 ; 2 vol.). / I. de Sola Pool (sous la dir. de), Trends in Content Analysis (Urbana, Illinois, 1959). /
R. Pinto et M. Grawitz, Méthodes des sciences sociales (Dalloz, 1964, 2 vol. ; 3e éd., 1969). /
M.-C. Unrug, l’Analyse du contenu (Éd. universitaires, 1974).
analyse
dimensionnelle
F ÉQUATION DE DIMENSIONS.
analyse
factorielle
Méthode d’analyse statistique employée surtout en psychologie différentielle et visant à exprimer, en fonction de variables hypothétiques (facteurs), downloadModeText.vue.download 37 sur 561
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2
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les corrélations constatées entre certaines variables observables.
Présentation générale
de la méthode
L’analyse factorielle est issue des tra-
vaux de sir F. Galton (1822-1911) et de ses élèves (K. Pearson, Y. Edgeworth, etc.) sur les corrélations. Elle a surtout été développée en psycholo-
gie par C. Spearman (1863-1945), L. L. Thurstone (1887-1955), etc. Les exemples ci-dessous seront empruntés au domaine de la psychologie. Mais les mêmes techniques peuvent bien entendu être utilisées dans d’autres domaines, et elles l’ont été.
Le résultat, dans un test*, constitue un exemple de variable observable : ce résultat varie d’un individu à un autre, lorsque plusieurs individus sont examinés à l’aide du même test. On peut faire l’hypothèse que ces variations observables manifestent l’existence de variations interindividuelles dans d’autres variables non directement observables, les facteurs, que l’on va chercher à mettre en évidence. Pour cela, on utilise plusieurs variables observables, plusieurs tests par exemple, choisis de façon telle que certains facteurs interviennent probablement à la fois dans plus d’un test. On juge qu’il en est ainsi lorsque ces tests présentent entre eux des corrélations non nulles, c’est-à-dire lorsque le classement des sujets dans l’un des tests permet de prévoir dans une certaine mesure leur classement dans l’autre (v. statistique).
L’étude de la façon dont les tests se regroupent ainsi d’après les corrélations existant entre eux peut fournir des indications sur le nombre et la nature des facteurs susceptibles d’être invoqués pour expliquer les résultats qu’ils fournissent. Si plusieurs tests utilisant tous le maniement du langage dans des tâches diverses présentent entre eux des corrélations plus élevées que celles qui sont observées entre ces tests particuliers et les autres, ce fait est compatible avec l’existence d’un facteur verbal : les individus examinés tendent à se différencier de la même façon chaque fois qu’ils utilisent le langage, malgré la diversité des tâches qu’ils accomplissent en l’utilisant.