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y En Argentine. Les premières socié-

tés de résistance font leur apparition en Argentine en 1887. Organisé par Pietro Gori, se tient en mai 1901 le congrès constituant de la F. O. R. A.

(Federación Obrera Regional Argentina), dont les socialistes se sépare-ront en 1902. Tandis qu’il est dé-

cidé, en 1904, de créer un « Fonds du soldat », destiné à venir en aide aux déserteurs, le Ve congrès adopte les principes du communisme anarchique : « Nous nous organisons pour que les États politiques et juridiques existant actuellement soient réduits à des fonctions purement économiques et remplacés par une libre Fédération de libres associations de producteurs libres. » Grossie des syndicalistes révolutionnaires en 1907, la F. O. R. A., à son apogée, regroupera 500 000 adhérents. Mais, sous l’effet de la répression et de la concurrence socialiste, le IXe congrès d’avril 1915

renonce aux principes du commu-

nisme anarchique. Sous le nom de

« F. O. R. A. del V Congreso », une minorité fidèle fait scission, qui sera très agissante pendant la « semaine tragique » de 1919, et la seule organisation à tenter de s’opposer au coup d’État du général F. Uriburu en 1930.

En 1935, une Federación Anarco-Comunista Argentina (F. A. C. A.) lui succédera.

Essais de société anarchiste

À trois reprises au moins dans l’histoire, il fut donné aux anarchistes de vivre, à l’échelle d’une société et en une vaste région, l’expérience d’un monde libertaire.

Ce fut le cas lorsque N. I. Makhno (1884-1934), dénonçant l’autorité et en usant à l’occasion, domina l’Ukraine de l’été 1918 à août 1921, à la tête d’une armée paysanne à la fois libertaire et disciplinée. Mais cette histoire

— qui reste à écrire — fut avant tout militaire.

Ce fut également le cas en Bavière, mais la République soviétique qu’en avril 1919 dirigèrent les anarchistes Gustav Landauer et Erich Mühsam

(1878-1934) ne dura que quelques jours.

En Espagne, par contre, où les forces libertaires mènent depuis longtemps une action importante et de masse —

rappelons les noms des militants de premier plan que furent au temps de la Ire Internationale Rafael Farga y Pellicer, Gaspar Sentiñón, Anselmo Lorenzo —, les anarchistes de la C. N. T. -

F. A. I. bénéficièrent en juillet 1936, et pendant une année environ, de conditions relativement favorables pour tenter en certaines régions (Catalogne, Andalousie, Levant et surtout Aragon) des essais de vie libertaire. Leur organisation syndicale, la C. N. T., groupait alors 1 200 000 membres, et dépassait ainsi les effectifs de l’U. G. T. sociali-sante. Ces essais, exaltés par les anarchistes, furent décriés par leurs adversaires marxistes.

Milieux libres

Le retour à la vie communautaire, qui fut celle des premiers âges de l’humanité, a souvent tenté les hommes. Certains anarchistes, en divers pays et à toutes époques, ont essayé de créer ainsi des « milieux libres », où, sans attendre, il leur serait possible de vivre en communauté, chacun conservant toute initiative et toute liberté.

Des militants comme Kropotkine et Élisée Reclus montrèrent les dangers de ces « colonies », de ces « îlots libertaires » voués, selon eux, à l’échec, car, dans la société actuelle, « tout s’enchaîne » et « il est impossible à toute tentative, si isolée soit-elle, de se soustraire complètement à sa funeste action » (la Révolte, 4 mars 1893).

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2

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Extrait d’un rapport fait à

un plénum C. N. T. relatif

aux problèmes agraires :

1o Procéder à l’établissement de la col-lectivisation de la terre, de manière à ce que les petits propriétaires n’aient à aucun moment à souffrir de notre action émanci-patrice et de ses conséquences. Afin qu’ils ne se convertissent pas en ennemis ou sa-boteurs de notre oeuvre, on respectera, en principe, la culture privée des terres qu’ils peuvent travailler de leurs propres bras ; 2o toutes les terres expropriées seront contrôlées et administrées par le syndicat, et seront cultivées collectivement au bénéfice direct des syndiqués, par consé-

quent de tous les travailleurs en général ; 3o c’est également le syndicat qui exercera le contrôle de la production, ainsi que de l’acquisition des produits nécessaires aux petits propriétaires qui, provisoirement, continueront à cultiver directement comme il est dit ci-dessus [...].

(D’après le Libertaire, 18 septembre 1936.) La colonie « Cecilia »,

au Brésil

Loin d’être un cas isolé, la colonie « Cecilia », qui fournit le thème d’une célèbre chanson anarchiste, a longtemps retenu l’attention des contemporains. Parti de Gênes le 20 février 1890, un noyau de huit anarchistes italiens, auxquels se joint, à Gibraltar, une famille de paysans espagnols, s’installe en avril 1890 près de Palmeira (Paraná) pour tenter d’y réaliser le communisme absolu, ou, selon l’inspirateur, Giovanni Rossi, « une colonie anarchiste, laquelle puisse donner à la propagande une démonstration pratique que nos idées sont justes et réalisables, et à l’agitation révolutionnaire en Europe des secours financiers ». En 1891, la colonie compte près de deux cents personnes. Mais les difficultés sont grandes : « Les premiers colons de la Cecilia, aussitôt arrivés, au lieu de trouver des jolies petites maisons, eurent à constater que les cultures avaient été détruites par les bestiaux. » C’est souvent la famine. La plupart prennent le chemin de Curitiba, laissant une quarantaine de personnes installées dans quelques mai-sonnettes en bois qui constituent le village

« Anarchie ». Et, tandis que l’un emporte la caisse, d’autres s’approprient des lopins de

terre. Sans parler d’autres difficultés, plus inattendues : « Nous menons une vie entiè-

rement libre, sans aucune loi, sans aucun règlement, et nous nous trouvons parfaitement bien, sauf quelques petites chicanes entres les femmes, pas encore convaincues des principes anarchistes, mais on passe outre [...]. Ce qui nous tourmente le plus, c’est que le libre amour n’a pas encore pénétré dans le coeur de nos compagnes, ce qui produit beaucoup d’ennui à ceux qui sont seuls, et malgré cela personne n’a manqué de respect aux femmes. Nous serions bien aises que quelques femmes convaincues viennent nous rejoindre bientôt. »

En dépit de la venue de nouveaux compagnons, l’expérience prend fin dans le courant de l’année 1894.

J. M. et R. P.

Figures d’anarchistes

Mikhail Aleksandrovitch BAKOU-

NINE. V. l’article.

Camillo Berneri, anarchiste italien (Lodi 1897 - Barcelone 1937). Collaborateur d’Umanità nova et de La Rivolta, Camillo Berneri est exilé par le fascisme. Pendant la guerre civile espagnole, il assure les émissions italiennes de Radio-Barcelone et tombe sous les balles de la police politique soviétique.

Carlo Cafiero, anarchiste italien (Bar-letta 1846 - Nocera Inferiore 1892).

De noble et riche famille, ami et admirateur de Marx, Cafiero vend tous ses biens pour aider Bakounine. En prison, il rédige un résumé du Capital de Marx.

Buenaventura Durruti, anarchiste espagnol (León 1896 - Madrid 1936).

Fils d’un cheminot, ouvrier mécanicien dans les chemins de fer et bientôt révo-qué en raison de son action militante, Buenaventura Durruti est un révolutionnaire professionnel en maint pays d’Europe et jusqu’en Amérique du Sud.

Il vit ses derniers exploits d’agitateur et d’organisateur à Barcelone en juillet 1936, puis en Aragon, que libère la colonne qu’il dirige. Appelé devant Madrid menacé, il est mortellement blessé le 19 novembre à la tête de ses hommes ; il expire le 20.

Sébastien Faure, anarchiste français (Saint-Étienne 1858 - Royan 1942).

Candidat du parti ouvrier dans la Gironde en octobre 1885, Sébastien Faure fait sa première déclaration anarchiste en 1888. Journaliste, chansonnier, il est avant tout orateur de grand talent.