y Transport aérien à la surface du sol.
Des organismes peuvent être traînés ou roulés par le vent lorsque la nature du sol s’y prête. La neige forme un support particulièrement favorable. Le nombre des
« coureurs de neige » est grand parmi les plantes alpines et scandinaves.
Dans les régions sableuses (steppes et déserts, dunes des côtes marines), de nombreuses plantes sont roulées avec leurs fruits par le vent ; on les nomme coureurs de steppes, telles les espèces Salsola et Crambe. Parfois, ce ne sont que des fructifications ou des fruits accrochés les uns aux autres qui sont transportés. Certains Lichens du genre Lecanora sont ainsi dé-
nommés Lichens migrateurs.
De nombreux Insectes sont entraînés régulièrement par les vents ascendants depuis les vallées jusque dans la zone alpine. Sur les sommets peu élevés et par temps chaud, ils peuvent soit continuer à se déplacer, soit former des rassemble-ments massifs. C’est le cas du Capricorne Oxynurius cursor, que l’on rencontre bien au-dessus des limites de la forêt. Si le vent les conduit à haute altitude par temps froid, ils entrent en catalepsie et tombent sur le sol, tels l’Hémiptère Gastrodes gros-sipes et les Pucerons du genre Mindarus, provenant de l’étage boisé ; ils sont alors la proie des Carnassiers alpins (Nebria et Parodiellus obliquus).
Dans le cas où les Insectes emportés par le vent tombent à la surface de l’eau, ils peuvent être transportés par celle-ci et déposés finalement sur une rive. Maints exemples de cette dissémination dite downloadModeText.vue.download 522 sur 561
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2
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« anémo-hydrochorique » ont pu être observés au bord des lacs de haute montagne, sur les rives des lacs d’eau douce de basses régions (lac Érié ou lac de Neusiedl) ainsi que sur des rivages marins.
La dissémination par le vent ou l’eau ou les deux réunis représente un apport souvent très important de nourriture organique pour le monde animal autochtone, particulièrement en haute montagne ;
d’autre part, la dissémination passive peut amener certaines espèces à coloniser de nouvelles régions.
R. H.
L’action de l’atmosphère
sur les êtres vivants
C’est vraisemblablement à partir des gaz de l’atmosphère (méthane, gaz carbonique, vapeur d’eau) dont était entourée notre planète au cours des premiers âges que la matière organique complexe a dû apparaître avec la formation des premières macromolécules de protéines. C’est aussi probablement grâce à l’énergie transmise par l’atmosphère (radiations) qu’à partir de ces macroprotéines les virus ont pu se former. Ces derniers semblent bien être, dans l’état de nos connaissances, le stade initial de la vie, car ce sont eux qui ont le métabolisme et la physiologie les plus simples.
Mais, actuellement encore, l’atmosphère joue un rôle décisif pour les êtres vivants. En premier lieu, elle leur apporte l’énergie lumineuse, nécessaire à la photosynthèse ; les gaz (oxygène et gaz carbonique) de l’atmosphère sont prélevés directement par les plantes et ont un rôle primordial dans le métabolisme de ces derniers : les synthèses végétales dépassent quantitativement de beaucoup toutes les productions des plus grosses industries réunies. L’eau provenant de l’atmosphère, directement ou indirectement, est un des constituants fondamentaux de la matière vivante (75 p. 100 pour les plantes entières et 85 p. 100 pour le cytoplasme). Les vents influent sur la forme des végétaux et jouent un rôle important dans le transport des semences et des pollens ; la pollinisation anémophile peut se produire à des centaines de kilomètres et parfois même en abondance (pluies de soufre, en réalité dépôts de pollens de palmiers ou de pins).
Par suite des interactions des différents facteurs physiques de l’atmosphère, les climats se sont diversifiés au cours des époques géologiques à la surface du globe et ont eu ainsi une action considérable sur la répartition des faunes et des flores. En effet, certains auteurs pensent que l’éclosion de l’exubérante flore houillère serait due en partie à une teneur en gaz carbonique élevée dans certaines régions de notre planète à cette époque, jointe d’ail-
leurs à une forte humidité et à une tempé-
rature voisine de celles des régions équatoriales. D’autre part, c’est le rythme des grandes glaciations qui, beaucoup plus près de nous, a conditionné le peuplement animal et végétal de toutes les régions du globe.
Les conditions physiques qui se manifestent sur les divers continents (variations de la durée du jour, des températures, des précipitations) définissent les climats régionaux locaux et les microclimats, permettant à telle ou telle biocénose de s’installer. Par son existence même, une biocénose peut de plus modifier les conditions écologiques primitives et ainsi créer de nouveaux microclimats et même des climats régionaux : il pleut davantage sur une forêt que sur les plaines avoisinantes ; les végétaux purifient l’air grâce au phéno-mène de photosynthèse.
Enfin, l’atmosphère joue le rôle de filtre en arrêtant certaines radiations solaires néfastes aussi bien pour le sol que pour les êtres vivants. On voit ainsi l’interdé-
pendance étroite qui existe entre les êtres vivants et l’atmosphère ; cet ensemble, y compris le sol, qui, lui aussi, participe activement à cette vie, s’appelle la biosphère*.
J.-M. T.
Les illustrations 1 à 7 sont réalisées d’après les maquettes de l’auteur.
P. P.
▶ Anticyclone / Circulation / Climat / Cyclone.
B E. Vassy, Physique de l’atmosphère (Gauthier-Villars, 1956-1966 ; 3 vol.). / R. A. Craig (sous la dir. de), The Upper Atmosphere (Londres, 1965). / H. Riehl, Introduction to the Atmosphere (New York, 1965). / G. Israel, Introduction à la physique du milieu spatial (Centre national d’études spatiales, 1968). / F. Durand-Dastès, Géographie des airs (P. U. F., coll. « Magellan », 1969).
atome
Plus petite partie d’un élément chimique qui puisse entrer en combinaison.
Origines de
la notion d’atome
Lucrèce rapporte, dans son De natura
rerum, l’essentiel des théories des philosophes grecs Leucippe, Démocrite et Épicure : ces philosophes affirment que toute matière est constituée d’un assemblage d’atomes, particules non perceptibles par nos sens en raison de leur petitesse, insécables, de formes et de propriétés variées, et dont dépendent les propriétés de la matière ; ces atomes sont en perpétuel mouvement au sein du vide, et ce mouvement est à l’origine des transformations de la matière.
L’atomistique tombe cependant rapidement dans l’oubli : elle est repoussée par Platon, qui reprend les idées d’Empédocle des quatre éléments —
feu, air, eau, terre —, constitutifs de la matière à l’aide des forces de l’Amour et de la Haine ; cette théorie est adoptée par Aristote, qui ajoute un cinquième élément, l’éther, et introduit la notion de transmutation. Suit alors une longue période, s’étendant jusqu’au XVIe s. et pendant laquelle, par application de la théorie d’Aristote plus ou moins remaniée, se poursuit la vaine recherche de la « pierre philosophale » ; c’est la période de l’alchimie*. Peu à peu, cependant, la recherche chimique se dé-
gage du mystère et reprend pour guide l’expérience. C’est aux XVIIe et XVIIIe s.
la découverte de nombreux corps, dont l’oxygène. Et c’est aussi l’époque où Lavoisier* fournit l’interprétation correcte des phénomènes de combustion et introduit en chimie l’emploi systé-
matique de la balance ; accordant la priorité aux mesures de masses et de proportions, il ouvre ainsi une ère nouvelle de la chimie.
Dans cette nouvelle voie s’engagent aussitôt de nombreux chimistes, tels Richter et Prout. Mais il appartenait à Dalton* de fournir une interprétation générale des proportions définies dans lesquelles sont formés les composés, en exposant dès 1803 sa théorie atomique. À vrai dire, la notion de structure corpusculaire de la matière, ressurgie des idées anciennes, s’était de nouveau répandue dans la science depuis le XVIIe s., mais cette notion demeurait dans le domaine qualitatif ; Dalton donna à la théorie une orientation décisive en attribuant à chaque atome, en même temps qu’une repré-