Sa vie fut consacrée au métier de droguiste et de médecin (« ‘Aṭṭār » signifie « celui qui manipule les essences médicinales ») ainsi qu’à la poésie.
Même si, dans la préface de son
Mémorial des saints, ‘Aṭṭār se refuse à être compté au nombre des soufis, son oeuvre n’en appartient pas moins au grand courant de mystique qui se répand dans la littérature persane depuis le XIe s. et qui atteindra son apogée après l’invasion mongole au XIIIe s.
avec Djalāl al-Dīn Rūmī. Conteur par excellence, ‘Aṭṭār maîtrise l’épopée (masnavi), et ses récits, conduits avec rigueur, sont interrompus ici et là par de courtes anecdotes indépendantes.
Le Colloque des oiseaux est peut-être l’oeuvre qui résume le mieux à la fois l’art du conteur et le monde spirituel du mystique. Sous la conduite de la huppe, les oiseaux partent à la recherche du souverain qu’ils viennent d’élire : le Sīmurgh (oiseau fabuleux que l’on trouve déjà dans les mythes et les légendes de l’Iran préislamique). En réalité, un grand nombre de ces « pèlerins » ne résisteront pas aux fatigues et aux embûches du difficile périple.
Au cours de la traversée des sept vallées (étapes ou moments du pèlerinage mystique), beaucoup d’entre eux se
lassent ou périssent. Après bien des péripéties, seuls trente oiseaux (sī-
murgh), blessés, meurtris, parviennent jusqu’à la cour du roi. Alors qu’ils se penchent sur le miroir de la divinité, quelle n’est pas leur stupeur de constater que l’image renvoyée, celle des « sī-murgh », n’est autre que celle du Sīmurgh : ayant parcouru les différentes étapes de purification, ils ont atteint leur but, qui est l’annihilation de soi et la découverte de leur identification avec le Sīmurgh. L’âme du pèlerin, dépouillée de ses attributs, non seulement devient apte à percevoir la divinité, mais, habitée par celle-ci, ne fait plus qu’un avec elle.
Dans le Livre des afflictions, ‘Aṭṭār décrit la longue pérégrination d’une âme mystique à la recherche, elle aussi, de cette « nature parfaite », condition de la réalisation de soi. Au cours de quarante étapes ou stations, l’âme entre en conversation avec les êtres du monde physique et du monde mythique, mais chacun d’eux s’avère incapable de la mettre sur le chemin de la vérité. Seul le prophète Muhammad lui montre la voie de la libération en la faisant pénétrer dans la mer de l’âme qui la conduit à Dieu.
Le Livre divin est une suite de dialogues entre un roi et ses six fils, auxquels il a demandé quels étaient leurs voeux les plus chers. Devant leurs dé-
sirs de puissance (l’un veut conquérir la fille du roi des fées, le deuxième l’art de la magie, le troisième l’anneau de Salomon, le quatrième l’eau de la vie, le cinquième la coupe de Djamchīd et le dernier le mystère de l’alchimie), le roi les met en garde contre la vanité de leurs convoitises et leur prêche la résignation, le dépouillement de soi, la purification.
‘Aṭṭār n’est pas un moraliste : il ne prétend pas résoudre la complexité de l’existence humaine. Dans cette période très troublée de l’histoire de la Perse, alors que le péril mongol imminent s’actualise férocement à la fin de la vie du poète, il est permis de penser que si un esprit comme celui d’‘Aṭṭār se tourne vers la vie mystique et la recherche du sens profond et éso-térique de l’islām, c’est que la religion
se présente pour lui plus comme une source d’inspiration spirituelle que comme une loi morale. Dans un monde qui s’écroule, tout se passe comme si le poète dirigeait sa confiance plutôt vers l’effort personnel de relation avec la divinité que vers une interprétation formaliste de la loi religieuse.
Les oeuvres d’‘Aṭṭār
Un divan lyrique, une épopée romanesque, le Livre de Khosrô ; une série d’épopées mystiques, parmi lesquelles le Colloque des oiseaux, le Livre divin, le Livre des afflictions, le Livre des préceptes ; un recueil de quatrains, le Livre des sélections ; un ouvrage de prose, le Mémorial des saints (biographie de soixante-douze maîtres mystiques).
B. H.
B A. I. Silvestre de Sacy, Pend-Nameh ou le Livre des conseils (Debure fr., 1819). / J. H. Gar-cin de Tassy, Mantic Uttair ou le Langage des oiseaux, poème de philosophie religieuse publié en persan par Farid-uddin ‘Aṭṭār (B. Duprat, 1857). / R. A. Nicholson, Memoirs of the Saints (Londres-Leyde, 1905-1907 ; 2 vol.). / F. Rou-hani, Ilahi-name. Die Gespräche des Königs mit seinen sechs Söhnen. Eine mystische Dichtung (Istanbul, 1940) ; le Livre divin (Albin Michel, 1961). / H. Ritter, Das Meer der Seele. Mensch, Welt und Gott in den Geschichten des Faridud-din ‘Aṭṭār (Leyde, 1955). / A. J. Arberry, Muslim Saints and Mystics. Episodes from the Tadhki-rat al Auliya (Memorial of the Saints) [Londres, 1966].
atterrissage
Action pour un aéronef de prendre contact avec le sol. L’atterrissage constitue la dernière phase du vol. Il est précédé de la phase d’approche, destinée à amener l’appareil de sa vitesse et de son altitude de croisière à une position proche de la piste d’atterrissage et sur une trajectoire convenable pour se poser.
y L’atterrissage d’un avion s’effectue face au vent ou avec une faible composante de vent traversier. Au point de vue aérodynamique, c’est un décrochage au ras du sol. Avec un planeur pur en descente, la manoeuvre consiste à diminuer progressivement
la pente de descente (c’est l’arrondi), puis, l’appareil étant à quelques centimètres du sol, à donner un certain cabré, qui entraîne une perte de portance brusque. L’appareil s’enfonce et doit toucher le sol juste avant l’abattée. Pour un avion, ces opérations sont complétées par une réduction du régime du moteur, afin de diminuer progressivement la vitesse au cours de l’arrondi.
y L’atterrissage d’un hélicoptère s’effectue en conservant un régime du moteur important et en réduisant le pas du rotor principal. Au moment du contact avec le sol, le pas est inversé, afin de plaquer l’hélicoptère contre la plate-forme d’atterrissage.
Le train d’atterrissage
Il est constitué par l’ensemble des équipements associés aux roues pour faciliter le décollage et l’atterrissage d’un avion. Plus préoccupés de décoller que d’atterrir, les premiers constructeurs d’avions ne conçurent les trains d’atterrissage que pour assurer un roulement relativement doux et sans résistance au moment du décollage.
Ceux-ci se révélaient souvent inadaptés à leur fonction d’atterrisseurs, ce qui entraînait de multiples bris d’appareils lors du retour au sol. Avec le développement des performances, le train d’atterrissage évolua vers une forme fonctionnelle. Équipé primitivement de patins, il fut ensuite constitué par des roues à bandages pneumatiques fixées sous les ailes et reliées au châssis par des amortisseurs. Une béquille, puis une roulette, placée sous l’extré-
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2
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mité arrière du fuselage, assuraient l’équilibre sur trois points. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les roues étaient prolongées vers l’avant par des skis pour éviter les capotages, auxquels les avions de l’époque, centrés trop vers l’arrière, étaient extrêmement sujets.
Le train d’atterrissage fut ensuite
caréné pour diminuer sa résistance ; cependant, jusque vers 1935, il resta fixe. La solution du train d’atterrissage escamotable en vol dans le fuselage ou la voilure était alors considérée comme une solution lourde et peu sûre.
L’évolution des performances obligea les constructeurs à rechercher des formules d’escamotage, que l’évolution technologique facilita, et, en 1939, tous les avions modernes disposaient de trains rentrants, mais la roulette de queue demeurait. En 1945 apparut le train tricycle, qui se généralisa ensuite. Il se compose de deux roues, ou de deux trains de roues, placées sous les ailes, mais en arrière du centre de gravité, et d’une roue montée sur une béquille en avant du fuselage. Ainsi, au moment de l’atterrissage, l’avion reste dans une position horizontale. Sur certains avions très rapides, on a également expérimenté le train monotrace, composé de roues situées dans l’axe du fuselage avec des balancines légères placées en bouts d’ailes. La manoeuvre du train d’atterrissage est assurée par des dispositifs hydrauliques commandés par des systèmes électromécaniques et électroniques. Les roues sont dotées de pneumatiques de grosse section et à haute résistance, qui doivent être changés fréquemment en raison de l’usure importante qu’ils subissent à chaque atterrissage. Pour les atterrissages sur des terrains sommairement préparés, on utilise aussi des pneumatiques à basse pression ou des patins d’atterrissage. Certains avions peuvent aussi être équipés de skis, de flotteurs ou d’hydroskis.