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B. M.

B T. W. Adorno et coll., The Authoritarian Personality (New York, 1950 ; nouv. éd., 1969).

/ H. J. Eysenck, The Psychology of Politics (Londres, 1954). / B. Matalon, l’Analyse hié-

rarchique (Mouton et Gauthier-Villars, 1965).

/ E. Deutsch, D. Lindon et P. Weill, les Familles politiques en France (Éd. de Minuit, 1966). /

M. Jamoda et N. Warren, Attitudes (Londres, 1966). / A. Lancelot, les Attitudes politiques (P. U. F., 1969).

Aube. 10

Départ. de la Région Champagne-Ardenne ; 6 002 km 2 ; 284 823 hab. (Au-bois). Ch.-l. Troyes. S.-préf. Bar-sur-Aube et Nogent-sur-Seine.

L’Aube correspond approxima-

tivement à la Champagne méridio-

nale, que dominait Troyes. L’axe du département est formé par la vallée de la Seine, entre Mussy-sur-Seine et Nogent-sur-Seine, négligée par la navigation fluviale et à l’écart des grandes routes rayonnant de Paris.

Cependant, une voie ferrée internationale (Paris-Bâle) longe la vallée ; par ailleurs, l’Aube se trouve sur l’un des trajets menant du nord et de Grande-Bretagne vers le sud-est, et sur la liaison entre pays de la Loire et pays du Rhin, axes qui se croisent à Troyes.

Elle possède un important centre d’in-terconnexion des réseaux électriques (Creney-près-Troyes).

La vallée de la Seine est bien marquée dans le paysage : elle y introduit un ruban de verdure où serpente le fleuve, au cours indécis, dans un lit marécageux planté de peupliers. Elle a concentré la plupart des citadins et des industries : hormis l’agglomération troyenne (130 000 hab.), elle compte la deuxième ville de l’Aube, Romilly-sur-Seine (17 573 hab.), centre ouvrier qui s’est développé depuis un siècle grâce aux ateliers de chemin de fer, à la bonneterie et, plus récemment, à l’électroménager, ainsi que Nogent-sur-Seine (4 682 hab.), centre agricole qui s’industrialise modérément ; à l’amont, Bar-sur-Seine (3 430 hab.) et Mussy-sur-Seine (1 682 hab.) travaillent le bois et les métaux.

La vallée parallèle de l’Aube a un rôle plus modeste, bien que le département en possède tout le cours inférieur, de Clairvaux à Marcilly. Si plusieurs petites villes et de nombreux villages la jalonnent, ils ne communiquent guère entre eux. Les villes les plus actives sont : Bar-sur-Aube (7 422 hab.), sous-préfecture vivante, où l’industrie, surtout métallurgique, est en expansion ; Brienne (4 145 hab.), où le jeune Bonaparte fit des études ; Arcis-sur-Aube (3 439 hab.), centre agricole actif, qui s’est vu récemment doter d’une importante sucrerie.

Ces deux axes sont perpendiculaires au dessin général des petites régions de l’Aube. En effet, les affleurements des couches sédimentaires du Bassin parisien sont à l’origine des distinctions régionales, tant leur rôle est essentiel dans la variété des reliefs, des sols et de la mise en valeur.

La contrée principale par son activité et son dynamisme est la Cham-

pagne crayeuse, qui prend en écharpe le département depuis Nogent en

s’épanouissant vers le nord. C’est un pays de grande culture, où dominent les céréales, qui alternent avec la betterave et la luzerne. Le paysage est nu, car les bois de pins plantés au siècle dernier sont de plus en plus défrichés.

Les densités sont très faibles, parfois moins de 10 habitants au kilomètre carré ; la culture est totalement mécanisée dans des exploitations souvent supérieures à 100 ha. La craie nourrie d’engrais chimiques donne de bons rendements. À l’ouest, cette région est dominée par le plateau de Brie, dont l’Aube n’a qu’une petite partie, le canton de Villenauxe-la-Grande, où règne aussi la grande culture.

La moitié sud-est du département est plus variée, plus boisée, plus accidentée et plus humide (750 mm de pluies par an contre 600 à 650 en plaine).

Tout d’abord, dans le prolongement de la Champagne crayeuse, mais au sud-ouest de la Seine, des cassures ont surélevé un bloc de terrains plus résis-downloadModeText.vue.download 536 sur 561

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2

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tants, qui forme le petit massif de la forêt d’Othe, couvert d’argile à silex, très boisé, peu cultivé, mais recherché par les estivants.

À l’est d’une ligne Troyes-Vitry-le-François (Marne), les altitudes s’abaissent d’abord, grâce à l’évidement des marnes : la Champagne sèche domine par un talus très adouci la plaine de Champagne humide, pays d’herbages et d’élevage. Celle-ci est complexe : l’extrémité nord appartient au Der, pays de bois et d’étangs ; deux autres massifs forestiers s’étalent respectivement au sud de l’Aube (forêt d’Orient) et de la Seine (forêt d’Aumont) : le premier est devenu un centre de tourisme grâce à la création d’un vaste lac de 2 300 ha (205 millions de m3), dont le but principal est la régularisation des débits de la Seine à Paris.

Tout au sud, un pays herbager produit des fromages réputés (chaource, ervy-le-châtel). Enfin, à proximité des val-

lées transversales, une agriculture plus intensive (légumes, un quart des chou-croutes françaises à Brienne-Vallenti-gny) et quelques usines, surtout métallurgiques, renforcent le peuplement.

Plus à l’est encore s’élèvent progressivement des plateaux calcaires accidentés. Leur revers est surtout cultivé en céréales. Les restes d’un vignoble très morcelé s’accrochent aux pentes les mieux exposées et produisent le dixième du champagne, de plus en plus sous l’emprise de Reims et d’Épernay.

Les friches et les bois occupent de vastes surfaces. De vieilles traditions ont maintenu des fabrications de qualité, comme la verrerie de Bayel.

Dans l’ensemble, l’Aube a très peu de ressources naturelles en dehors de ses 130 000 ha de bois : des carrières et un petit gisement de pétrole à Saint-Martin-de-Bossenay. C’est un assez bon département agricole, où la valeur de la production provient pour moitié des céréales et pour un quart seulement des animaux. Mais le seul produit de la bonneterie est près de deux fois supé-

rieur au total de la production agricole.

La bonneterie, qui occupe près de la moitié des salariés de l’industrie, re-présente le quart de la production fran-

çaise. Elle s’est fortement concentrée, réduisant des trois quarts le nombre de ses établissements depuis quinze ans ; elle s’efforce de se moderniser et a créé à Troyes un centre de productivité et un centre de recherche. Mais elle doit essaimer à l’extérieur, parce que la main-d’oeuvre manque. L’Aube n’a que de faibles excédents démographiques annuels (0,5 p. 100), et sa population vieillit. La main-d’oeuvre féminine y tient une place rarement atteinte en France. Quelques industries nouvelles se sont établies grâce à la proximité de Paris et ont sans doute contribué à renforcer un mouvement migratoire devenu légèrement positif : l’Aube vient enfin de dépasser le maximum de population qu’elle avait atteint en 1851.

R. B.

▶ Champagne-Ardenne / Troyes.

Aubigné

(Théodore

Agrippa d’)

Écrivain français (près de Pons, Saintonge, 1552 - Genève 1630).

Dans un pays ensanglanté par les guerres et en proie à un délire dévas-tateur, à une heure où chacun va jusqu’au bout de ses convictions religieuses, un homme se dresse et, délaissant les armes, prend le temps d’écrire quelques-uns des plus beaux vers de la langue française. Agrippa d’Aubigné, militant casqué et botté à la foi fervente, surgit au milieu des champs de bataille et livre avec les Tragiques le message brûlant de sa poésie. Ce huguenot de petite noblesse a vu, à l’âge de sept ans, les « chefs pleins d’honneur » des pendus d’Amboise.

L’adulte aura beau s’enflammer d’une passion malheureuse pour Diane Sal-viati, la nièce de la Cassandre de Ron-sard, et lui dédier les cent sonnets de l’Hécatombe à Diane, il n’oubliera pas ce souvenir d’enfant, et sa haine pour ceux qui forcent les consciences et qui massacrent se nourrira des spectacles d’horreur qu’il aura sous les yeux.