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Une pièce d’Audiberti se présente toujours comme une action située à la limite de l’histoire et de la légende, dont le relatif hermétisme est dû à l’alchimie verbale et à la parabole, qui peu à peu l’investit et lui donne son prolongement dans la sensibilité du spectateur.

Le poète, qui fait corps avec le dramaturge, tend à dominer celui-ci. Cette primauté du langage fait la richesse et la limite de ce théâtre. Nous avons parlé de fête. En effet, peu d’auteurs font naître pareille jubilation chez leurs partisans les plus chaleureux. On ne downloadModeText.vue.download 539 sur 561

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2

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fait pas la fine bouche avec Audiberti.

On le dévore avec gourmandise ou on le rejette avec dégoût, comme le public de la Comédie-Française lorsqu’on tenta de lui imposer la Fourmi dans le corps, en 1962. À la fois baroque et fantastique, ce jeu verbal d’Audiberti prend une amplitude comique et frôle la profondeur métaphysique sans le moindre soupçon de cérébralisme.

Au lieu de flirter avec les idées, il fait

l’amour avec les mots, et c’est là le vertige qu’il procure, souvent qualifié de dionysiaque. Alors Audiberti nous fait coïncider avec son intuition fondamentale, l’omniprésence du mal, sa force de prolifération et de transmission, l’échec de la rédemption. Le paradoxe est que cette présence du mal relie l’homme, par-delà les données historiques de la civilisation chrétienne, à une primordiale et joyeuse bestialité qui fait de l’existence une fête noire.

Mais Audiberti est guetté par la surcharge et la surabondance. Encouragé par ses admirateurs, il a rarement su jusqu’où il pouvait aller trop loin. Son théâtre est par excellence un théâtre de longueurs et de redondances comme le théâtre en liberté de Victor Hugo, auquel on n’a pas manqué de le comparer. Voilà pourquoi sans doute l’intelligentsia étrangère, qui a si vite reconnu l’importance du théâtre d’Ionesco, de Beckett, de Genet, est restée longtemps réticente devant cette oeuvre qui perd à la traduction l’essentiel de ses vertus. Doué d’une périlleuse facilité, las de se voir emprisonné dans les succès confidentiels du théâtre pauvre, Audiberti a consenti plusieurs fois à libérer

une verve quelque peu boulevardière qui lui était naturelle pour atteindre le grand public (l’Effet Glapion, 1959 ; la Logeuse, 1960). Mais il eut la joie de voir sa plus belle pièce, la plus authentiquement profonde, Cavalier seul (1963), montée avec une intelligence rare par un animateur de la jeune géné-

ration, Marcel Maréchal. Vivre, c’est d’abord faire vivre les mots. C’est là le message ultime qu’Audiberti, dans Dimanche m’attend (1965), trace

quelques jours avant sa mort : « Ma mission ? Rafraîchir par l’expression poétique le monde créé, le replonger dans son principe. Il retourne à son origine. Il repasse dans le bain initial.

Poète, je crée, je renomme. »

A. S.

B M. Giroud, Audiberti (Éd. universitaires, 1967).

audiométrie

Mesure de l’audition.

Elle permet de déterminer l’importance du déficit auditif et de préciser le type de la surdité, qui conditionne les possibilités thérapeutiques et prothé-

tiques. Dans sa forme actuelle quantitative, elle n’a été possible qu’avec les développements de l’électronique : générateurs et amplificateurs de courants de basse fréquence, fréquencemètres, ponts de mesure, etc. Elle a été précédée par l’acoumétrie.

L’audiométrie permet d’obtenir un document chiffré que l’on peut conserver : l’audiogramme. Le matériel se compose d’un audiomètre et nécessite

une pièce totalement isolée du bruit ou une cabine insonore.

L’audiomètre est un générateur de basse fréquence fournissant sur courant alternatif de fréquence variable.

La majorité des appareils actuels donne les fréquences en octave de la série des ut : 228 (ut 3), 256 (ut 4), etc., jusqu’à 8 192 (ut 8). L’intensité se mesure en décibels ; le décibel est une unité physiologique : c’est la plus petite variation d’intensité perceptible par l’oreille humaine pour la fréquence 1 024. Les appareils sont généralement corrigés de telle sorte que le 0 repré-

sente le seuil d’intensité normalement perçu et déterminé à partir de l’audition moyenne d’une série de sujets normaux. Ainsi on peut lire directement sur le cadran la perte auditive d’un sujet par rapport à ce seuil (c’est l’audiométrie tonale liminaire), et ensuite la reporter sur un graphique, ou audiogramme, pour chacune des fréquences étudiées. L’étude est faite en audition aérienne avec des écouteurs, et en audition osseuse au moyen d’un vibrateur.

Un assourdissement de l’autre oreille est parfois nécessaire. On peut aussi étudier le comportement de l’oreille pour des intensités très supérieures aux valeurs minimales ainsi déterminées.

C’est l’audiométrie supraliminaire.

Cette étude permet une localisation plus précise de l’atteinte auditive.

L’audiométrie automatique décrite par Bekesy en 1947 élimine un certain nombre de facteurs subjectifs et permet une étude comparative des sons continus et discontinus, d’un grand intérêt diagnostique.

L’audiométrie vocale permet de dé-

terminer le pourcentage de mots compris choisis sur listes types, pour une intensité donnée. Cette intensité est réglée par un potentiomètre. On peut ainsi tester l’intelligibilité des sons et non pas seulement leur perception.

L’intérêt social d’une telle épreuve est évident.

Chez l’enfant, les problèmes dé-

pendent de l’âge, mais il est du plus grand intérêt de dépister rapidement une surdité, afin de mettre en oeuvre une rééducation précoce. La détermi-

nation de l’âge mental doit être faite tout d’abord. Avant un an, il n’est guère possible d’objectiver la surdité, encore moins, bien sûr, de la chiffrer.

On s’attachera à préciser les réactions de l’enfant aux bruits significatifs : biberons qui se choquent, portes, etc. De un à deux ans, on étudie la réaction aux ordres simples : l’étude psychogalva-nique repose sur la variation de résistance électrique des téguments au gré des stimuli sensoriels auditifs. Cette méthode est difficile, et les erreurs nombreuses. La méthode du réflexe d’orientation conditionnée (R. O. C.) peut être utilisée entre un et trois ans.

L’enfant, préalablement conditionné à un couple son-image, réagit ensuite à la perception du son en dehors de l’apparition de l’image ; les sources sonores sont placées de part et d’autre de lui, et surmontées d’une niche où apparaissent, quelques secondes après le stimulus sonore, des images amu-santes. Après conditionnement, l’enfant tourne la tête du côté où le son est émis. On peut, en faisant varier l’intensité du son, obtenir un audiogramme valable. Une autre méthode fondée sur le conditionnement nécessite une coopération plus grande de l’enfant, puisqu’il doit appuyer sur un bouton, lorsqu’il entend le son, pour faire apparaître l’image (peep show). À partir de quatre ans environ, il est possible d’utiliser les méthodes de l’adulte.

L’audiométrie permet encore chez l’adulte et chez l’enfant de contrôler le résultat obtenu avec une prothèse auditive. Certaines épreuves permettent de dépister les simulateurs dans les

expertises.

L’acoumétrie

C’est, en quelque sorte, l’étude qualitative de la fonction auditive. Elle fut longtemps la seule possible et conserve un grand intérêt pour la localisation de l’atteinte auditive, mais ne permet pas de la chiffrer. On utilise le diapason et la montre : c’est l’acoumétrie instrumentale. L’étude de la perception de la voix correspond à l’acoumétrie vocale. Le diapason permet d’étudier l’audition par voie aérienne. On note le temps pendant lequel un diapason est perçu, et on le compare au côté opposé et à l’oreille de l’opérateur. L’audition par voie osseuse se recherche en plaçant un diapason sur la mastoïde et sur le sommet du crâne. En comparant les résultats obtenus, on détermine le type de surdité et, dans une certaine mesure, son degré.