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Jalons historiques

507 : après Vouillé, Clovis intègre l’Aunis et la Saintonge au royaume franc.

XIIe s. : ces provinces passent progressivement dans la mouvance anglaise.

1371-1375 : elles font définitivement retour à la France, ainsi que l’Angoumois.

XVIe s. : elles constituent un fief de la puissance protestante en France.

1628 : la prise de La Rochelle par Richelieu marque le début de l’emprise totale de la royauté sur ces provinces.

Aurélien

En lat. LUCIUS DOMITIUS AURELIANUS (v.

214-275), empereur romain de 270 à 275.

Le pourfendeur

des Barbares

Né soit près de Sirmium, en Pannonie, soit en Mésie, il était le fils d’un colon d’Illyrie et d’une prêtresse du Soleil. Officier, il était admiré pour son courage : on l’appelait Main à l’épée (Manus ad ferrum). Des chansons de soldats célébraient ses succès. Sa sévé-

rité était familière aux soldats : « Tiens le soldat, disait-il, que personne ne vole un poulet, un mouton, une grappe... »

En 240, il était aux prises avec les Francs dans la région de Mayence.

Il battit les Goths en 257-258, et de nouveau en 269, où il en fit un grand carnage dans les montagnes de l’Hae-mus (Balkan). À la mort de l’empereur Claude II le Gothique, il fut porté au pouvoir par ses soldats, alors que le sénat désignait le frère de Claude, Quintillus. Celui-ci ne tarda pas à mourir : on raconta qu’il s’était ouvert les veines pour laisser la place à un homme de plus grande valeur que lui (270).

En même temps que la pourpre, Au-rélien acquérait un empire menacé de toutes parts par les envahisseurs. Sitôt proclamé, il fit part de ses intentions ré-

solues : « J’ai de l’or pour mes amis et du fer pour mes ennemis. » Il partit en guerre contre les Juthunges, groupe de tribus germaniques qui déferlaient dans la Cisalpine, où elles atteignaient Vé-

rone. Il les prit à revers et les contraignit à négocier.

Peu après, les Vandales envahirent la Pannonie ; Aurélien leur coupa les vivres en ramenant le bétail et les récoltes dans les villes fortifiées.

Les Vandales livrèrent des otages et fournirent des cavaliers auxiliaires à l’armée romaine. D’autres Barbares, les Alamans, apparurent à leur tour en Italie. Aurélien tenta, mais en vain, de les prendre à revers, et les troupes romaines, attaquées par surprise près de Plaisance, furent battues. La nouvelle de la défaite sema la panique en Italie. On consulta les livres Sibyllins, on célébra une procession expiatoire autour de la ville de Rome, on fit des sacrifices. Les Barbares, qui s’étaient éparpillés et n’avaient pas su exploiter leur avantage, furent battus à Fano et à Pavie (271).

La bataille de Plaisance eut comme conséquence la construction d’un rempart pour protéger Rome ; une nouvelle ligne de fortifications, englobant la totalité de l’agglomération, fut édifiée en peu d’années. Avec 19 km de longueur, 8 à 16 m de hauteur, c’est la plus importante enceinte fortifiée de l’Empire romain.

L’unificateur de l’Empire

Les plus mémorables campagnes du

règne furent dirigées contre le royaume de Palmyre. Cet État vassal avait étendu son territoire et ses prétentions aux dépens de l’Empire. Ses souverains, Vaballath et Zénobie, s’étaient mis à frapper des monnaies où ils se qualifiaient d’Augustus et d’Augusta.

Aurélien partit en campagne en 271. Il battit les Goths en Dacie, et tua leur roi Cannabas. La ville de Tyane ferma ses portes devant lui, mais elle échappa au pillage par égard pour la mémoire du thaumaturge local Apollonios.

À Antioche, Aurélien trancha avec sagesse le différend qui opposait l’hé-

résiarque Paul de Samosate à son successeur orthodoxe au siège épiscopal, Domnus. Après des combats à Daphné et près d’Émèse, et une difficile traversée du désert, Palmyre fut prise sans peine. La reine Zénobie, capturée, accusa ses conseillers de l’avoir poussée à la révolte contre Rome. Parmi ceux-ci, qui furent exécutés, figurait le rhé-

teur Longin (273). Quelques mois plus tard, Palmyre se révoltait de nouveau, et Alexandrie suivait son exemple.

L’empereur revint à marches forcées, entra sans combat dans Palmyre, qu’il laissa saccager par les soldats : la ville ne s’en releva jamais.

Le dernier adversaire, l’empereur des Gaules Tetricus, préféra renoncer à la lutte, malgré l’importance de ses troupes (Châlons, 273 ou 274). La Gaule ne capitula pas aussi vite que son empereur : il fallut châtier Trèves et Lyon, puis expulser les Barbares, qui avaient profité des circonstances pour se répandre partout.

Aurélien laissa la vie à Tetricus et à Zénobie. Mieux : Tetricus se vit attribuer de hautes fonctions, et Zénobie put couler des jours paisibles dans une villa de Tivoli, après que tous deux eurent figuré au triomphe impérial de 274.

Les finances de l’Empire étaient renflouées par le butin. La réussite des campagnes militaires assurait l’autorité impériale et surtout le retour à l’unité : l’Empire avait été en effet partagé en trois éléments, dont Palmyre et les Gaules, qui, luttant de leur côté contre des ennemis plus lointains, avaient

laissé aux empereurs légitimes toute liberté d’action face aux Barbares du nord.

Le Soleil et

l’empereur-dieu

La politique intérieure eut aussi le caractère d’une restauration de l’auto-downloadModeText.vue.download 560 sur 561

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 2

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rité : elle prolongeait le travail déjà accompli par l’empereur Gallien.

Aurélien restreignit les fonctions sénatoriales : des praesides de rang équestre furent de plus en plus souvent mis à la tête des provinces, à la place des légats sénatoriaux. L’Italie semblait désormais assimilée aux provinces, et c’est du règne d’Auré-

lien que date l’usage d’en confier les régions à des correctores. La Dacie fut en grande partie évacuée, car sa défense se révélait difficile. Pour mé-

nager la vanité romaine, son nom fut attribué à deux provinces situées au sud du Danube.

On croit pouvoir faire remonter à ce règne l’obligation imposée aux villageois d’exploiter les terres abandonnées, ce qui annonce le Bas-Empire.

La population de Rome bénéficia par contre de distributions gratuites étendues : le pain remplaça le blé, la viande

de porc et le sel s’y ajoutèrent, et l’empereur aurait projeté des plantations de vigne afin d’assurer une distribution de vin. En attendant, on vendait du vin à prix réduit sous les portiques du temple du Soleil.

Ce temple du Soleil, dont l’emplacement exact est inconnu, fut édifié par Aurélien à son retour de Palmyre, et orné des dépouilles de l’Orient vaincu. Le culte était assuré par des pontifes de rang sénatorial. Pour Au-rélien, le Soleil était le dieu suprême, et son culte pouvait devenir une forme de culte officiel ; Aurélien, empereur par la volonté divine, figure sur des monnaies recevant des mains du Soleil le globe qui symbolise le monde.

Il fut même le premier empereur à être salué de son vivant du titre de dieu, dominus et deus, le premier aussi à se montrer en public la tête ceinte d’un diadème.

Aurélien périt au bout de cinq années de règne, assassiné à l’instigation d’un de ses secrétaires, près de Byzance, alors que l’armée marchait contre les Perses (275).

R. H.

B L. Homo, Essai sur le règne de l’empereur Aurélien (Fontemoing, 1904). / E. Will, Une fi-