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Colonie de Sidon, elle n’est vraiment connue qu’à dater du XIVe s. Elle est alors mentionnée dans la correspondance de Tell al-Amarna, et dans des papyrus du XIIIe s., sous le nom d’Usu.

Elle s’accroît ensuite d’un flot de ré-

fugiés venus de Sidon, qui a perdu sa suprématie, puis, renonçant à ses juges (ou suffètes), se donne un roi. Un des membres de la dynastie, Hiram Ier (969-935), est l’allié des rois hébreux David et Salomon. Il leur fournit des bois du Liban et de la main-d’oeuvre pour la construction du Temple de Jérusalem.

Pendant ce long règne se développe la colonisation phénicienne en Occident (Sicile, Afrique, Tarsis) et s’amé-

nagent les deux ports, sidonien au nord, égyptien au sud, de part et d’autre de la digue et de l’aqueduc joignant au continent l’île principale ainsi que l’îlot voisin, où une poignée de Grecs avaient établi une colonie marchande et édifié un temple. L’activité économique est alors considérable. De Tarsis viennent l’argent et l’étain. Ayant adopté les techniques babyloniennes downloadModeText.vue.download 10 sur 635

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20

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en matière de fours, les Tyriens profitent de leurs ressources en sable très pur pour devenir les verriers les plus réputés. À cela s’ajoutent l’industrie de la pourpre et les constructions navales.

Après le règne d’Hiram Ier, le dé-

sordre politique trouble fréquemment la cité. La princesse Didon, soeur du roi Pygmalion, après avoir trempé dans un complot, passe pour avoir mené le

groupe d’émigrants qui allait fonder Carthage* (v. 825-819). Les rois assy-riens, envieux de la prospérité tyrienne, portent à la ville des coups nombreux : ce sont sièges (sous Shoulmân-as-harêdou IV [Salmanasar], puis sous Assour-bânapli [Assourbanipal], 669 -

v. 627) et tributs à verser, au moment même où l’activité maritime en Occident subit fortement la concurrence des Grecs et des Étrusques. Celle-ci est bientôt relayée par celle de Carthage, qui crée à son tour une colonisation côtière. Le roi de Babylone* Nabucho-donosor fait subir à Tyr un siège prolongé qui aboutit à la destruction des quartiers de terre ferme (v. 585-572).

La ville se replie dans l’île, puis tombe sous la domination des Perses (539).

Alexandre* le Grand en entreprend à son tour un siège qui nous est connu dans ses détails : les ruines parsemées sur le continent servent à construire une puissante chaussée qui mène à l’île ; jamais détruite, cette chaussée fut le point de départ de l’ensablement des ports qui forma petit à petit le tombolo actuel. La cité insulaire est détruite. Un grand nombre d’habitants sont réduits en esclavage, et les notables sont exé-

cutés (janv.-août 332). Reconstruite, Tyr est colonisée par les Macédoniens.

Une certaine prospérité réapparaît alors, qui se maintient sous la domination romaine (64 av. J.-C.). La population s’hellénise beaucoup, bien que le menu peuple conserve l’usage de l’araméen, qui s’est substitué au phénicien.

Pline décrit Tyr comme une ville dé-

chue, mais la fabrication des tissus de pourpre (la « pourpre tyrienne ») et la verrerie l’animent toujours, comme les étudiants qui affluent, attirés par l’enseignement philosophique de Maxime de Tyr (seconde moitié du IIe s. apr. J.-

C.) et de Porphyre (234 - v. 305).

Le christianisme s’implante de

bonne heure, et un siège épiscopal y est fondé dès le IIe s. En 638, l’invasion arabe condamne la ville à entrer dans une longue période de sommeil.

Occupée par les Turcs Seldjoukides en 1089, Tyr est prise le 7 juillet 1124

par les croisés (aidés des Vénitiens), qui en font une des cités les plus florissantes du royaume latin de Jérusalem.

Les Vénitiens, qui disposent du tiers de la ville, lui font recouvrer une forte

activité commerciale par l’exportation des produits de son industrie et de l’ar-rière-pays (vins, verrerie, céramique, soieries).

Sur les restes de la basilique du IVe s.

est entreprise v. 1127 la construction d’une cathédrale où sont remployées de belles colonnes de granit égyptien qui doivent provenir des temples païens antiques (celui de Melqart ou celui de Jupiter).

En 1291, effrayés par l’arrivée des Mamelouks, les habitants chrétiens prirent la fuite, laissant le champ libre aux dévastateurs. Depuis, Tyr n’a plus guère eu que l’apparence d’un gros village, entouré de ruines exploitées comme des carrières. On voit encore, outre d’importants tronçons des remparts médiévaux, quantité de tom-

beaux, les traces d’un grand aqueduc antique et, sous les eaux marines, les restes de digues et de constructions portuaires. Après la Seconde Guerre mondiale, des fouilles ont mis au jour des constructions, des dallages et des mosaïques des époques hellénistique et romaine.

R. H.

F Phéniciens.

& C. Autran, Tyr égéenne, son nom et la route des Indes (Geuthner, 1928 ; 2 fasc.). / R. Dus-saud, Topographie historique de la Syrie ancienne et médiévale (Geuthner, 1929).

Tyrol

Région alpine et de passage entre l’Allemagne fédérale et l’Italie.

Le Tyrol tire son nom d’un château, Castel Tirolo, situé près de Merano (Tyrol méridional) en Italie. Il forme un Land d’Autriche (Tirol), seul décrit ici.

La géographie

La totalité des 12 648 km 2 de la surface est située dans le domaine alpin.

Comptant un peu moins de 550 000 habitants, le Land Tyrol n’abrite qu’un peu plus du quinzième de la population autrichienne. Les terres de labours couvrent à peine 3 p. 100 de la surface

totale ; 36 p. 100 correspondent aux prés, pâturages et alpages, et 33 p. 100

à la forêt. Le reste est improductif : montagnes, glaciers, etc.

Sur le plan physique, le Tyrol appartient pour sa partie septentrionale aux Préalpes calcaires. On peut distinguer une série de chaînes parallèles de direction ouest-est : Allgäuer Alpen (frontière avec la R. F. A.), Wettersteinge-birge (comprenant le point culminant, également à la frontière, la Zugspitze, avec 2 963 m), Karwendelgebirge (qui se répartit, à son tour, en quatre chaî-

nons). Le plus élevé (Solsteinkette, ou Innsbrucker Nordkette, 2 641 m) se situe immédiatement au nord d’Innsbruck. Les couches secondaires sont fortement plissées, faillées et chevauchées. Les calcaires, en position culminante, donnent des paysages sauvages aux pentes abruptes, aux reliefs karstiques. Les couches plus tendres correspondent aux dépressions. Les couches triasiques contiennent du sel.

L’exploitation de ce dernier remonte à la préhistoire (civilisation de Hallstatt).

Le contact entre Préalpes et Alpes cristallines se fait par l’intermédiaire de la vallée de l’Inn, sorte de « sillon alpin » aux environs d’Innsbruck. C’est l’axe vital du Tyrol. Son origine est tectonique. Mais la vallée a été élargie lors des glaciations (les vallées affluentes sont suspendues, sauf celle de la Ziller). De larges terrasses fluvio-glaciaires ont été recherchées très tôt par l’homme. Par contre, le fond de la vallée est relativement humide et mal drainé. La vallée de l’Inn n’a pas un aspect uniforme. À l’est d’Innsbruck, la rivière change de cours, traversant les Préalpes en cluses, en direction du nord.

Au sud de l’Inn, les Alpes centrales cristallines (Ötztaler Alpen, Stubaier Alpen, Zillertaler Alpen, Hohe Tauern) constituent l’essentiel des massifs cristallins du Tyrol. C’est dans ces massifs qu’on trouve les paysages alpins les plus typiques, avec de nombreux sommets dépassant 3 500 m (Gross-glockner, 3 796 m, point culminant de l’Autriche). Les glaciers sont très étendus. Les vallées sont le plus souvent perpendiculaires aux alignements mon-

tagneux. Parmi les principales, il faut citer : l’Ötztal, la Stubaital et la Zillertal. Toutes formées d’une succession de bassins et de verrous, contribuant à la formation de petites unités humaines originales.