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La vie rurale est typiquement montagnarde. L’habitat isolé domine dans la montagne ; hameaux et villages sont plus fréquents dans les vallées. Mais le tourisme amène une concentration de l’habitat du fait de la nécessaire pré-

servation des pistes de ski. La ferme de type bavarois abrite hommes, bêtes et récoltes sous le même toit. Pour l’ensemble du Tyrol, la population active agricole ne représente plus que 20 p. 100 de la population active totale.

L’agriculture est surtout maintenue sur les pentes et à l’intérieur des massifs.

Les vallées, par contre, voient dominer l’industrie, l’artisanat, le commerce et le tourisme. L’exploitation des alpages est la base de la vie agricole à partir de 1 000 m d’altitude environ. Les alpages sont le plus souvent en propriété coopérative. Les migrations lointaines de bétail sont rares. Un vieux principe juridique veut qu’à chaque exploitation de la vallée correspondent un ou plusieurs alpages immédiatement au-dessus. La pâture des forêts de mélèzes est fréquente. L’habitat permanent le plus élevé d’Autriche se trouve dans la vallée supérieure de l’Oetz (Rofenhöfe, à 2 014 m). Les vallées sont des îlots de sécheresse relative (Sölden à 1 377 m reçoit 707 mm de pluie ; Obergurgl à 1 927 m, 826 mm). L’irrigation est une nécessité. Elle se fait de plus en plus par aspersion. Les exploitations sont de taille médiocre ou moyenne.

L’industrie et l’artisanat emploient près de la moitié des travailleurs de la province. L’extraction minière est peu importante. Les industries métallurgiques, alimentaires et textiles (Loden) sont quelque peu développées dans les villes.

Le chemin de fer a favorisé l’essor touristique de l’avant-pays et de la vallée de l’Inn. L’automobile, plus récemment, a contribué à la révolution touristique des vallées privées de chemin de fer : Ötztal et Stubaital. L’hô-

tellerie est presque entièrement entre

les mains des propriétaires indigènes.

Agriculteurs et artisans se lancent dans cette activité. De nouvelles stations ont été créées vers 2 000 m : Obergurgl (1 927 m), Hochgurgl (2 150 m).

Nombre de chalets de montagne utilisés pour l’estivage des bêtes sont convertis en chalets d’habitation. La fréquentation touristique est plus forte en été qu’en hiver. Pour l’ensemble de l’année touristique 1972-73 (hiver-

été), le Tyrol a reçu 4,1 millions de touristes, dont 3,7 millions d’étrangers. Le total des nuitées s’est élevé à 29,5 millions, dont 27,8 pour les étrangers.

La saison d’été totalise 68 p. 100 du nombre des touristes et 69 p. 100 des nuitées. En été, les étrangers constituent 85 p. 100 de la clientèle ; la proportion est un peu moindre en hiver.

Les Allemands (R. F. A.) arrivent en tête avec 71,9 p. 100 de tous les touristes étrangers. Ils sont suivis, de loin, par les Anglais et les Néerlandais.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20

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Innsbruck* (gouvernement provin-

cial, université) est la capitale historique et politique du Tyrol.

F. R.

L’histoire

Les plus anciens habitants connus du Tyrol sont les Rhétiens, des Celtes, qui furent vaincus en 15 av. J.-C. par les légions romaines que commandaient Drusus et Tibère*. Leur territoire devint la province romaine de Rhétie pour environ six siècles. Au cours du VIe s., la Rhétie fut conquise par un peuple germanique, les Bavarois. À la même époque, la région de Trente était occupée par les Lombards, un autre peuple germanique, qui fut rapidement assimilé par les populations de langue latine. Ainsi se fixa la frontière linguistique. Bavière et Lombardie furent absorbées par l’Empire carolingien et passèrent par la suite sous l’autorité des rois de Germanie. En 1004, Henri II, roi de Germanie depuis 1002, donna la région du Brenner à l’évêque de Trente, et, en 1027, Conrad II, qui lui succède,

y ajoutait le comté de Bolzano (Bozen).

Il agrandissait également l’évêché de Bressanone (Brixen), conformément à une politique favorable aux princes ecclésiastiques, censés être plus obéissants au pouvoir royal que les princes laïques. Les deux évêchés situés au sud du Brenner relevaient directement de l’empereur et n’étaient pas inféodés au duc de Bavière. Pourtant, un seigneur laïque, le comte de Tyrol (du nom de Castel Tirolo, situé non loin de Merano

[Meran]), étendit peu à peu son autorité sur l’ensemble du pays.

Au XIVe s., en 1335, la lignée des comtes de Tyrol s’éteignait. L’héri-tière, Marguerite Maultasch (1318-1369), après un mariage malheureux, perdit son fils unique, Meinhard, en 1363 et fit du Habsbourg Rodolphe IV, duc d’Autriche (1358-1365), son lé-

gataire universel. Jusqu’en 1918, le comté de Tyrol devait être partie inté-

grante du patrimoine héréditaire des Habsbourg.

La province revêt une grande importance stratégique puisque le Brenner est le passage le plus commode entre l’Allemagne et l’Italie septentrionale et que le Tyrol a été le trait d’union entre les possessions occidentales des Habsbourg et les provinces autrichiennes de leur patrimoine. C’est pourquoi l’empereur Maximilien* résida le plus souvent à Innsbruck, dont il fit sa capitale, au détriment de Vienne. Grâce aux mines de cuivre et d’argent (Schwaz) concédées aux Fugger*, le Tyrol était alors un pays riche, mais l’importance de ce secteur n’a cessé de décroître, et l’agriculture de subsistance associée à l’élevage transhumant demeurait la ressource essentielle. C’est pourquoi nombre d’artisans et d’artistes se virent dans l’obligation d’émigrer, temporairement ou définitivement.

Comme dans toutes les autres

provinces autrichiennes, les ordres jouaient un rôle prépondérant dans le gouvernement local ; et, exception à peu près unique en Allemagne (avec la Frise), les paysans étaient représentés à la diète, où ils constituaient un ordre distinct de la noblesse et du clergé.

Cette place privilégiée dans le système politique ne les empêcha pas de parti-

ciper à la guerre des Paysans en 1525, pour protester contre l’alourdissement des charges seigneuriales.

En revanche, le luthéranisme ne

trouva guère d’écho dans la population tyrolienne (pas plus que dans la Ba-vière voisine) ; à la différence de ce qui se passait dans le reste des provinces autrichiennes, le Tyrol fut toujours un bastion du catholicisme romain. L’accord profond de la population avec les Habsbourg date de cette époque, d’autant plus que ceux-ci flattèrent le particularisme du Tyrolien en créant à Innsbruck un gouvernement à peu près indépendant de celui de Vienne. En 1564 s’installait en effet un fils cadet de Ferdinand Ier, l’archiduc Ferdinand (1529-1595), qui avait reçu le Tyrol et l’Autriche antérieure en apanage. Il y créait un Conseil privé, une Chambre des comptes et un Conseil de la guerre.

Lorsqu’en 1665, à la mort de l’archiduc Sigismond-François, le Tyrol

revint à la branche aînée, l’empereur Léopold (1658-1705) prit soin de garantir les libertés du pays et y laissa un Conseil d’État ; par la suite, il y établit sa demi-soeur Eléonore (1653-1697) et son beau-frère Charles IV de Lorraine.

Au XVIIIe s., Marie-Thérèse* poursuivit une politique qui donnait satisfaction aux sujets comme au souverain.

En particulier, les Tyroliens jouissaient de très grands privilèges fiscaux et ne contribuaient guère aux dépenses communes de la monarchie. Ce sont les guerres de l’Empire qui provoquèrent une crise politique grave. En 1805, au traité de Presbourg, l’Autriche, vaincue par Napoléon, dut céder le Tyrol au roi de Bavière, allié et client de la France. Ainsi le Brenner échapperait aux Autrichiens. Mais les Tyroliens supportèrent mal le gouvernement de Munich, beaucoup plus autoritaire et plus moderne que celui des Habsbourg. Très conservateurs, catholiques convaincus, ils étaient hostiles à toutes les nouveautés imposées par les fran-