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çais ou leurs alliés. Aussi devaient-ils profiter de la reprise de la guerre entre Vienne et Paris, en 1808, pour se rebeller contre la Bavière. L’âme de la résistance fut un jeune aubergiste, Andreas Hofer (1767-1810), qui, à trois reprises, se souleva contre les Franco-

Bavarois. Capturé, il fut condamné à mort par un conseil de guerre et fusillé à Mantoue en 1810. Il devint le héros national, mais le traité de Schönbrunn (1809), qui consacrait la défaite autrichienne, confirma l’annexion bavaroise ; la région de Lienz était toutefois rattachée aux Provinces Illyriennes et celle de Trente au royaume d’Italie.

Il fallut attendre les traités de 1814-15 pour que le Tyrol redevînt partie in-tégrante de l’empire d’Autriche. Toutefois, les traités de Vienne contenaient le germe de difficultés ultérieures : au comté de Tyrol était rattaché l’évê-

ché de Trente (attribué à l’Autriche de 1801 à 1805), qui, naguère autonome, était une province de culture et de langue italiennes. Ainsi naquit au Tyrol l’irrédentisme italien, qui prit des proportions inquiétantes après la réalisation de l’unité italienne. Certes, l’administration autrichienne respec-tait l’autonomie culturelle du groupe italien (l’homme d’État italien A. De Gasperi* fut, dès 1911, député du Trentin au Reichsrat de Vienne), mais c’était fournir un argument de poids au gouvernement de Rome, qui réclamait toutes les terres italiennes. Le reste de la province, en dépit de la construction des chemins de fer au cours des années 1850 et 1860 (ligne de l’Arlberg, de Zurich à Vienne par la haute vallée de l’Inn et ligne transalpine du Brenner reliant Munich à Vérone), demeura un secteur rural, conservateur, très à l’écart des grands courants du siècle ; Innsbruck avait servi de refuge à l’empereur Ferdinand Ier (1835-1848) et à sa cour, chassés par la révolution viennoise de 1848.

Aussi l’effondrement de la mo-

narchie et le partage du pays entre la République autrichienne et le royaume d’Italie éclatèrent-ils comme un coup de tonnerre. Dès la déclaration de guerre, le gouvernement de Rome avait négocié avec les deux camps pour

se faire payer son concours au plus offrant. Vienne promit le Trentin et rien d’autre ; les Alliés offrirent tout le Tyrol méridional jusqu’au Brenner, pour des raisons stratégiques, promesse qui fut ratifiée par le traité de Londres de 1915, base de toutes les revendications ultérieures de l’Italie. En

1918, celle-ci réclama non seulement le Trentin, mais la province de Bolzano (Bozen), qui, en 1910, était peuplée de 215 000 Allemands contre 16 500 Italiens et 6 000 Ladins (analogues aux Romanches de la Confédération helvétique). C’était évidemment contraire aux quatorze points de Wilson. Néanmoins, par le traité de Saint-Germain en 1919, la République autrichienne dut céder à l’Italie la province de Bolzano. Les Tyroliens, mécontents, avaient songé un instant à se rattacher à l’Allemagne, mais les Alliés s’y opposèrent formellement. Ainsi était posée la question du Tyrol méridional (appelé pudiquement par les Italiens Haut-Adige), qui n’est toujours pas résolue aujourd’hui. D’autre part, les Tyroliens se sentaient mal à l’aise dans une République autrichienne dominée par « Vienne la rouge » ; c’est pourquoi ils contribuèrent à faire adopter une constitution de type fédéral, qui leur garantissait une certaine autonomie par rapport au centralisme viennois.

À partir de 1922, les minorités allemandes de la province de Bolzano furent vraiment opprimées. Aucun

traité ne liait l’Italie quant à la protection des minorités, et Mussolini s’engagea résolument dans une politique d’italianisation du pays en imposant l’enseignement de l’italien, en plaçant des fonctionnaires italiens et surtout en implantant dans les villes des Italiens venus du Mezzogiorno. L’alliance

germano-italienne, à partir de 1936, ne contribua guère à améliorer le sort de la population germanophone. Hitler sacrifia les Tyroliens à l’alliance dont il avait besoin, et l’accord du 21 octobre 1939 ne fut qu’un progrès apparent : les habitants du Tyrol méridional devaient opter définitivement pour la citoyenneté italienne ou la citoyenneté allemande. Dans ce dernier cas, ils devaient déménager ; en fait, l’accord avait pour but de vider le pays de sa minorité allemande. Environ 70 000 germanophones quittèrent le pays ; quant au Tyrol septentrional, il fut, en 1938, annexé au Reich allemand, comme le reste de l’Autriche.

En 1945, le Tyrol, occupé par la

Ier armée française, retrouva son administration autonome à l’intérieur de la République autrichienne, tandis que

les Anglo-Saxons songeaient à restituer à l’Autriche la région de Bolzano.

Pourtant, le point de vue italien, qui s’appuyait sur les investissements faits entre 1919 et 1939 et sur les progrès du groupe ethnique italien, finit par triompher à la conférence de la paix downloadModeText.vue.download 12 sur 635

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20

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en 1947. L’article 10 du traité de paix avec l’Italie l’obligea cependant à garantir la libre circulation des biens et des personnes entre les régions de Lienz et d’Innsbruck et prit note de l’accord austro-italien du 5 septembre 1946 ; celui-ci promit la complète égalité des droits aux deux groupes ethno-linguistiques et envisagea la constitution d’une région autonome du Haut-Adige. Si le point de départ juridique était meilleur qu’en 1919, le résultat pour la minorité germanophone fut sensiblement le même. Le Haut-Adige, augmenté de la province de Bolzano et de celle de Trente, forme depuis février 1948 la région « autonome » du Trentin-Haut-Adige*, qui a d’une part fort peu d’autonomie et où d’autre part l’élément italien est prépondérant.

En fait, la langue allemande a pu se maintenir dans les communes rurales, mais le bilinguisme n’est guère respecté dans les villes, où dominent les fonctionnaires italiens. En 1960, l’Autriche portait l’affaire devant l’Assemblée générale des Nations unies, tandis que les gouvernements de Vienne et de Rome engageaient des négociations. En 1966, celui-ci s’engageait à respecter les accords de 1946. En réalité, le temps travaille contre l’élé-

ment germanophone rural et monta-

gnard. Ainsi, le Tyrol risque fort d’être ramené dans une ou deux générations à sa partie autrichienne et septentrionale ; en attendant, la question du Tyrol méridional empoisonne les relations austro-italiennes.

J. B.

F Autriche / Innsbruck / Italie / Trentin-Haut-Adige.

& H. Schreiber, Tyrol (Horizons de France, 1958). / R. de Castillon, le Problème du Sud-Tyrol (Pedone, 1960). / A. Fenet, la Question du Tyrol du Sud, un problème de droit international (L. G. D. J., 1968).

Tzara (Tristan)

Écrivain français d’origine roumaine (Moineşti, Roumanie, 1896 - Paris 1963).

Malgré les quelques poèmes qu’il

écrivit dans sa langue maternelle, il semble avoir pris naissance à Zurich (1916), où il était venu poursuivre ses études. En compagnie de Hugo Ball, de Richard Huelsenbeck, de Marcel Janco, de Hans Arp, il invente « dada ».

Dada* est le produit de la réunion d’hommes convaincus de la nécessité d’un changement radical — intellectuel, social, artistique — dénonçant dans le même temps le marasme de

la guerre et l’écroulement des valeurs de la société occidentale. Le rôle de Tzara fut déterminant : il donna à dada non seulement le nom, mais surtout le stimulus indispensable pour qu’il soit absolument immodéré. Dada ne devait pas se conformer à une idée qui soit différente de la liberté absolue, totale.

Dès la parution de Dada 3, Tzara prend l’initiative non seulement de la revue, mais du groupe, qu’il anime avec une vitalité inépuisable. Malgré la dissolution de l’équipe zurichoise (fin 1919), Tzara assure la continuité de dada en l’exportant à Paris.