tique au-delà des Carpates, comprenant une partie, il est vrai très faible, de la plaine pannonienne, est un pays de montagnes de flysch — qui forment ici un ensellement dans le faîte carpatique
— et de collines néogènes couvertes de vergers. La Bucovine, qui appartenait avant la guerre à la Roumanie, est un pays de collines couvertes de forêts, de vergers et de vignobles. Si on ajoute la Volhynie et le territoire de Lvov, on voit l’importance économique des pays annexés, formant ce qu’on peut appeler la périphérie de l’Ukraine classique.
Le midi de l’U. R. S. S.
L’Ukraine est située au sud de la Russie. Son nom signifie (par rapport à Moscou) « les confins ». Malgré les caractères continentaux de l’hiver, aux nombreuses journées de gel, l’été est précoce et très chaud, l’automne ensoleillé et tardif. C’est ainsi que le coton et le riz, plantes subtropicales, peuvent être cultivés, grâce à l’apport de l’irrigation, sur les bords de la mer Noire et en Crimée. En revanche, les ceps de vigne doivent être enterrés durant la mauvaise saison. La seule région qui bénéficie d’hivers relativement doux est le littoral (la « Riviera ») de Crimée (les agrumes et l’olivier sont toutefois absents).
Les caractères du Midi ne se reconnaissent pas seulement aux cultures.
Ils se décèlent dans l’architecture des
villes, la mentalité des paysans, les particularismes du folklore, la langue, différente du russe, la présence d’une belle façade maritime où les activités économiques, comme le cosmopolitisme de la population, apportent des aspects étrangers à la Russie.
C’est pourquoi ces pays de steppe, parcourus par les nomades et guerriers depuis l’effondrement de la première Russie, la « Russie kiévienne », disparue sous les coups des Tatars au XIIIe s., ont fait l’objet de convoitises. Les Polonais les ont occupés. Catherine II y transfère des colons-paysans, et cette province devient aux XVIIIe et XIXe s. la
« Russie mineure » ou la « Nouvelle Russie ». Terre de colonisation relativement récente, peuplée de paysans chargés de défricher la steppe, elle downloadModeText.vue.download 15 sur 635
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devient le grand pays à céréales (blé et orge) de la Russie tsariste ; elle en exporte par les ports de la mer d’Azov et de la mer Noire, dont Odessa, fondée par un émigré français, le duc de Richelieu. La liaison par chemin de fer avec Moscou, la fondation de la base navale de Sébastopol, l’activité due à la culture et au commerce des céréales, l’établissement des premières stations de villégiature le long de la Riviera témoignent de la volonté, à la fin du XIXe s. et au début du XXe s., d’intégrer à la Russie traditionnelle un pays riche offrant une façade maritime. L’exploitation des richesses minérales date également de la fin de la période tsariste.
L’identité des pays ukrainiens a été reconnue sous les Soviets par la création d’une république d’Ukraine dont la capitale est Kiev.
Un pays agricole
L’Ukraine reste l’une des terres céréa-lières les plus riches de l’Union. Les rendements du blé, très supérieurs à la moyenne de l’Union, dépassent 18 q/
ha. La république assure le cinquième de la récolte des céréales. Cette culture ne va pas sans difficultés. Les terres noires ne sont pas inépuisables et il faut
leur fournir des engrais, encore insuffisants comme dans toute l’U. R. S. S.
Les sécheresses, fréquentes, abaissent les rendements. Le vent qui souffle du Kazakhstan (le soukhoveï) apporte des nuages de poussière qui retombent sur les villages et les cultures. L’érosion creuse dans la steppe des ravins de forme linéaire ou arrondie (ovrag).
L’érosion des sols cause des dégâts difficilement réparables. C’est une des raisons pour lesquelles on a substitué, à la monoculture du blé, divers systèmes de polyculture. Enfin, les sols sont de qualité inégale : 45 p. 100 sont des terres noires, 23 p. 100 des sols bruns forestiers, 16 p. 100 des podzols, rend-zines et gleys, 6 p. 100 des sols squelettiques. C’est pourquoi l’Ukraine consomme la moitié des engrais am-moniaqués de l’U. R. S. S.
Les types et systèmes de cultures et d’élevage s’ordonnent en fonction de la latitude, de la couverture végétale et de la qualité des sols. Un « cadastre d’utilisation des cultures » a été établi, spécialement en Ukraine, dans le dessein de favoriser la localisation optimale des productions. On distingue plusieurs zones du nord au sud, chacune d’elles étant marquée par la prépondérance d’une culture. Au nord dominent encore, comme en Biélorussie, le seigle et le sarrasin, auxquels s’associe la pomme de terre. Sur les terres drainées, les cultures fourragères et les prairies permettent l’élevage du gros bétail. Au centre s’allonge la zone de la betterave à sucre, cultivée en assolement avec le blé ou des oléagineux comme le ricin. Au sud s’étend la véritable zone du froment : la moitié est semée en automne, dans les régions occidentales surtout, l’autre, dans les régions orientales, qui annoncent les steppes de la Volga, au printemps. Une partie se compose de blé dur, autrefois en majeure partie exporté. Le blé s’insère dans un assolement complexe où entrent aussi des plantes fourragères, la betterave à sucre, le tournesol (plante ukrainienne par excellence) et le maïs (introduit sous Khrouchtchev), qui, tout en remontant dans la zone septentrionale, ne couvre que de 5 à 20 p. 100 des superficies ensemencées. La partie méridionale est un vaste périmètre d’irrigation : au sud du ré-
servoir de Kakhovka et dans la moitié orientale des steppes de Crimée. Sur des centaines de milliers d’hectares, on a commencé, outre les cultures du coton et du riz, celle de plantes maraî-
chères, fruitières ou fourragères. Enfin, la « Riviera » de Crimée est justement célèbre par la qualité de ses vignobles tapissant les pentes de la montagne et s’avançant jusqu’au littoral. Celui de Massandra est le plus célèbre.
L’agriculture est plus variée encore régionalement ou localement dans ses productions. C’est ainsi que des villages sont spécialisés dans la production : du tabac dans la région du Dniepr moyen ; du colza, de la chicorée et du houblon au nord-ouest, au contact avec la Biélorussie occidentale ; du tabac grossier appelé makhorka au nord-est ; des plantes aromatiques et médicinales surtout en Crimée et dans la région du Boug inférieur.
Dans l’ensemble, l’Ukraine est un pays de kolkhozes de taille moyenne par rapport à l’Union, englobant un ou quelques villages. Les sovkhozes se composent de stations expérimentales, de pépinières et de plantations, de centres d’élevage modèles ou de cultures spéciales. Céréales et betterave à sucre sont les productions dominantes.
L’Ukraine industrielle
L’Ukraine est l’un des plus anciens foyers, la première « base » industrielle de l’U. R. S. S., la seule, avec l’Oural, de la Russie tsariste.
Il faut distinguer trois bassins avec trois types d’industries. Le premier est fondé sur la houille. C’est le Donets, ou Donbass, qui s’étend en majeure partie en Ukraine. Le massif se compose de deux anticlinaux O.-N.-O. - E.-S.-E. et de deux synclinaux dans le carbonifère moyen, où se trouvent les couches les plus abondantes, atteintes aisément par des forages à travers la couverture tertiaire. Ainsi défini, il s’étend sur plus de 60 000 km 2, soit plus de 600 km d’ouest en est, de 70 à 170 km du nord au sud. Les réserves utilisables sont évaluées à 190 milliards de tonnes (2,4 p. 100 de celles de l’U. R. S. S.),