et les réserves prospectées à plus du quart de celles de l’U. R. S. S. La production annuelle passe de 120 000 t en 1860 à 25 Mt en 1913, 83 en 1940, 80
en 1950, 200 Mt actuellement. Le tiers de la production comme des réserves se compose d’anthracites.
Une énorme agglomération hu-
maine, débordant donc le cadre de la république, a été créée, comprenant plus de 8 millions d’habitants, une densité de 600 habitants au kilomètre carré, 60 villes et plus de 250 « agglomérations de type urbain ». C’est, en fait, une vaste conurbation comprenant 25 villes de plus de 100 000 habitants présentant peu de différences entre elles, tant dans le paysage urbain que dans la production.
La deuxième région industrielle
est celle du Dniepr inférieur. Elle est en voie de formation et peut encore s’étendre. Elle repose avant tout sur la présence d’un très riche bassin de minerai de fer, celui de Krivoï Rog, premier centre mondial d’extraction du minerai : 4 Mt en 1927, plus de 50 Mt actuellement. Le minerai se trouve depuis la surface jusqu’à une profondeur de 1 500 m et a une teneur de 40 à 60 p. 100 selon les veines. Ses réserves permettront l’extraction pendant des dizaines d’années. Une partie du minerai est envoyée vers les combinats sidérurgiques du Comecon, une autre, vers le Donbass, où les hauts fourneaux sont situés sur le bassin houiller, une troisième partie vers les aciéries du Dniepr. En effet, le second facteur de développement de la région réside dans l’équipement hydroélectrique du Dniepr sous la forme d’escaliers de centrales, comme sur la Volga. D’aval en amont, on recense la centrale et le barrage-réservoir de Kakhovka, puis la célèbre centrale dite « Lénine » du Dnieprogues, ou Dnieprostroï, celle de Dniepropetrovsk en aval du barrage du même nom, celle de Krementchoug,
enfin celle de Kiev en amont de la ville.
Les eaux, notamment celles du barrage de Kakhovka, servent également à l’irrigation et au ravitaillement en eaux urbaines et industrielles. Chaque réservoir est devenu un centre de loisirs et de vacances. La production totale d’électricité hydraulique passe de
2 TWh en 1940 à 15 TWh en 1970 (soit le dixième de la production électrique totale de toute l’Ukraine).
Or, la région industrielle du Dniepr s’est développée à partir de l’utilisation du courant bon marché. Un autre type de sidérurgie a fait son apparition, celle des aciers électriques et des aciers spéciaux. Zaporojie est la ville de l’électrométallurgie et de l’électrochi-mie, le siège d’une des grandes usines d’aluminium (installée en partie par Pechiney) de l’U. R. S. S. Dniepropetrovsk et Dnieprodzerjinsk fournissent de l’acier Martin. Zaporojstal produit des tôles pour carrosserie automobile et l’électroménager. D’autres combinats se sont récemment créés dans cette nouvelle zone industrielle : papier, cellulose, industries légères et même une fabrique de voitures de tourisme appelées Ialta. Au total, plusieurs millions d’habitants et une production de plusieurs millions de tonnes d’acier.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20
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Ces deux Ukraines industrielles, la traditionnelle et la moderne, peuvent se rejoindre, grâce à la localisation d’autres productions et à leur diversification : c’est ainsi qu’on a découvert du mercure dans le Donbass, des charbons bruns à l’ouest du Dniepr et en Volhynie, du titane en plusieurs points, du graphite dans la vallée du Boug moyen, et que le vieux gisement de manganèse de Nikopol, sur le Dniepr inférieur, est toujours en activité, ainsi que les mines de fer de Kertch, à l’ex-trémité orientale de la presqu’île de Crimée. L’Ukraine est une des régions les plus riches de l’Union, au point de vue minier et industriel.
Un troisième type de base indus-
trielle se constitue aujourd’hui. Il s’agit des gisements de gaz récemment dé-
couverts. Déjà, l’U. R. S. S. avait après la guerre acquis le gisement autrefois polonais de Lvov, fournissant surtout du gaz naturel. Depuis une dizaine d’années ont été mis en exploitation des gisements plus puissants : dans la région du Dniestr supérieur, celui de
Dachava ; au sud de Kharkov, celui de Chebelinka.
Ils sont liés entre eux par un long gazoduc qui se ramifie en Ukraine méridionale (gazoduc Chebelinka-Nikolaïev), l’un et l’autre gisement envoyant une partie de leur production à Moscou. Les deux gisements assurent une production de 68 milliards de mètres cubes, ce qui représente le quart de la production de l’U. R. S. S.
en 1974 (contre 1,5 en 1950), auxquels s’ajoutent une quinzaine de millions de tonnes de pétrole. L’industrie du gaz n’emploie pas un grand nombre de salariés, mais elle crée un nouveau type d’industrie.
Population et villes
Éprouvée par la Seconde Guerre mondiale, la population a retrouvé son niveau de 1940 au recensement de
1951. Elle doit atteindre 50 millions à la fin des années 1970. Le taux de croissance est légèrement inférieur à celui de l’Union tout entière, mais su-périeur à celui de la région du centre de la Russie, de l’Oural, et est comparable à celui des États baltes.
L’Ukraine est découpée en trois
« grandes régions économiques »
d’importance démographique et géographique différente. Ainsi, la région du Donets et du Dniepr l’emporte par les densités, celle du Sud, en plein dé-
veloppement grâce à l’irrigation et la colonisation, par le taux de croissance.
La population de la république est formée pour les trois quarts d’Ukrainiens et, pour près d’un cinquième, de Russes.
Les principales villes de l’Ukraine ont fait l’objet d’articles spéciaux à leur ordre alphabétique : Kiev, sa capitale, Odessa, son plus grand port, Kharkov, sa grande ville industrielle.
Restent les villes moyennes et celles de la périphérie occidentale.
La campagne ukrainienne est ré-
gulièrement ponctuée de villes de quelques dizaines de milliers, parfois 100 000 habitants, chefs-lieux d’oblast, centres d’une région agri-
cole, sièges de coopératives, d’ateliers de réparation de machines, d’instituts expérimentaux, d’industries classiques transformant les produits de la campagne ; certaines d’entre elles ont reçu des industries de décentralisation, de sous-traitance ou forgent elles-mêmes leur propre industrie à partir de ressources agricoles ou minérales. Ainsi, on peut citer Poltava, Vinnitsa, Jitomir, Rovno, Kamenets-Podolski, etc.
L’Ukraine périphérique se compose de villes ayant fait partie des États voisins, annexées par l’U. R. S. S., industrialisées et en partie russifiées. C’est le cas de Lvov, l’ancienne capitale de la Galicie, qui passe de 340 000 habitants en 1939 à près d’un demi-million en 1970 et spécialise son industrie dans les transports automobiles, la mécanique de précision, la radio et l’électroménager. C’est le cas aussi de Tchernovtsy, l’ancienne Cernăuţi de la Bucovine roumaine, ou celui des petites villes de Ruthénie devenues villes de carrefour ou de passage à travers les Carpates, qui présentent ici leur ensellement le plus bas : Oujgorod, Moukatchevo.
On ne sait rien du destin de ces
villes, mais on peut penser qu’elles seront vivifiées par un tourisme, encore incertain, qui ne demande qu’à se dé-
velopper, et par l’implantation d’industries utilisant l’énergie de l’oléoduc et du gazoduc qui les traversent.
A. B.
L’histoire
L’apparition de l’homme en Ukraine remonte au Paléolithique inférieur. Les premières tribus se forment à l’époque du Mésolithique. Du IVe au VIe s. apr.