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J.-C., la région entre le Dniepr et le Dniestr est habitée par des tribus de Slaves orientaux, les Antes. Ceux-ci disparaissent ensuite des documents historiques, mais, dès la seconde moitié du IXe s., le terme Rous désigne une nouvelle union des Slaves orientaux, d’où naîtra l’État russe ancien avec Kiev pour capitale.

Le premier prince connu est Oleg.

Au milieu du IXe s., le prince Igor (912-941 ou 945) et son épouse Olga reçoivent le baptême. En 911, un traité

signé avec Byzance témoigne de l’importance politique du prince de Kiev*, qui se fait appeler « prince de Rous ».

Sous les règnes de Sviatoslav Igore-vitch (957 ou 964-972) et de Vladimir Sviatoslavitch (980-1015), l’État de Kiev s’étend considérablement. Vladimir, considéré comme le fondateur de la dynastie, réalise l’union de tous les territoires des Slaves orientaux et les incorpore à l’empire de Kiev. Il reçoit le baptême vers 988 et christianise son empire. L’importance du clergé se fait vite sentir dans tous les domaines. Le rapprochement de Kiev et de Byzance favorise l’extension de la civilisation slavo-byzantine dans tout l’empire.

Du règne de Iaroslav Vladimirovitch (1019-1054) date le premier recueil de lois, la Rousskaïa Pravda, reflet de l’évolution des rapports féodaux et de la lutte de classes dans la Russie ancienne. Les luttes dynastiques, le congrès des princes à Lioubetch en 1097 favorisent le déclin de la supré-

matie de Kiev, qui s’achèvera avec l’invasion tatare.

Un mouvement important de la po-

pulation s’effectue du bassin du Dniepr vers le nord-ouest et vers l’ouest.

Trois nouvelles grandes procinces se forment : la Galicie et la Volhynie à l’ouest et celle de Rostov-Souzdal au nord. En 1199, Roman Mstislavitch, prince de Volhynie, unit la Galicie et la Volhynie. En 1240, Kiev est anéantie par les Tatars ; le métropolite quittera la ville en 1299 pour s’installer dans le Nord, à Vladimir. Le prince Daniel Romanovitch Galitski (1201-1264), fils de Roman, couronné en 1253, est vaincu en 1264 par les Tatars. Pendant deux siècles, la Galicie, ou « Petite-Russie », bénéficie de l’émigration de l’élite ukrainienne et est influencée par l’Occident et l’Église de Rome.

La domination lituano-polonaise

Entre-temps, le nouvel État lituanien, sous la dynastie de Gédymin (1316-1341), soumet les pays blancs-russiens et ukrainiens. Kiev sera annexée en 1363. Casimir III* le Grand, roi de Pologne, s’empare en 1349 de la Galicie et de la Volhynie occidentale. La politique d’extension territoriale suivie par les princes lituaniens est arrêtée net par le traité de Krevo (ou Krewo), en

1385, qui unit « à perpétuité à la couronne de Pologne les pays lituaniens et de Rous ». Ce traité aura de lourdes conséquences sur le destin de l’Ukraine pour une longue période. Si les princes lituaniens conservent leur souveraineté en Ukraine orientale et adoptent les anciennes coutumes kiéviennes, l’Ukraine occidentale subira de plus en plus la polonisation, consacrée par le rescrit de 1434. Au cours des XVe et XVIe s., la vie culturelle de l’Ukraine se déplace en Volhynie, région moins exposée et mieux défendue.

De 1480 à 1530, l’Ukraine orientale est sans cesse assaillie par les Tatars et est l’objet des prétentions moscovites.

La Pologne profite de cet affaiblissement, et, le 1er juillet 1569, l’Union de Lublin consacre définitivement l’union de la Pologne et de la Lituanie*. Cette dernière ne garde que la Biélorussie, alors que la Pologne obtient la plus grande partie du territoire ukrainien.

L’organisation sociale de l’Ukraine est totalement transformée : les postes administratifs clefs passent aux mains des Polonais ; l’aristocratie se polonise ou perd ses droits et, de plus, seuls les catholiques sont citoyens. L’Ukraine devient un grand producteur et exportateur de blé ; l’oppression des paysans par les nobles polonais se fait plus lourde. Le concile de Brest-Litovsk, en 1596, unit l’Église ukrainienne à Rome. Il se forme alors en divers points de l’Ukraine et surtout à Lvov des organisations culturelles pour sauvegarder la vie nationale et la religion orthodoxe. Cet élan marque la première Renaissance ukrainienne. La situation confuse et agitée explique l’appel des orthodoxes de l’Ukraine orientale aux organisations cosaques et la recherche de la protection de Moscou.

L’épopée cosaque

La setch des Cosaques* Zaporogues se forme au milieu du XVIe s. Armée bien organisée et indépendante, elle commence à inquiéter le gouvernement lituano-polonais, qui crée, sans beaucoup de succès, un corps officiel de Cosaques « enregistrés », commandé downloadModeText.vue.download 17 sur 635

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20

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par un chef polonais. Une émigration venant de l’Ukraine orientale s’opère au-delà du Dniepr, où se forment des villages de paysans libres : c’est la Slobodskaïa Oukraina (en ukrainien Slobidska). La population se réfugie dans les organisations cosaques pour bénéficier de leur immunité. L’hetman élu devient le chef de toute l’Ukraine orientale. Kiev est, vers 1615, de nouveau un centre intellectuel et ecclésiastique important.

L’hetman Piotr Konaszewicz-Sa-

hajdacznyï (en russe P. Sagaïdatchny) pense un moment obtenir, en récompense de son aide à la Pologne dans la guerre avec la Turquie en 1621, le rétablissement de la hiérarchie orthodoxe à Kiev. Déçu, le métropolite de Kiev demande en 1625 l’aide de Moscou.

Après la défaite des Cosaques par les Polonais en 1638, 6 000 Cosaques sont enregistrés, et la population doit se soumettre aux seigneurs. Cette situation, mal supportée, durera jusqu’en 1647. La population de la Slobodskaïa Oukraina, mécontente, se rapproche de l’État moscovite.

Au début de 1648, sous le comman-

dement de Bogdan Khmelnitski (1595-1657), de la setch des Zaporogues, commence le soulèvement national de tout le bassin du Dniepr. Les Cosaques remportent contre les Polonais une première victoire à Korsoun le 26 mai 1648. Mais la Volhynie et la Galicie subissent l’assaut polonais, et l’accord de Zborov (18-20 août 1649) ne cède rien aux revendications cosaques.

Khmelnitski demande l’aide du tsar.

En 1653, le Zemski Sobor de Mos-

cou décide « de prendre sous sa haute protection l’armée zaporogue » ; le traité de Pereïaslav (8 janv. 1654) établit la suzeraineté du tsar sur l’Ukraine orientale. Mais les Cosaques n’ont plus le droit d’administrer le territoire, et la population ainsi que le clergé dé-

pendent de Moscou. Le traité de Ga-diatch en 1658 met fin à la politique d’hésitation des hetmans et partage l’Ukraine en deux : la partie orientale revient à la Russie, la partie occiden-

tale à la Pologne. Le peuple, déçu et divisé, subit le contrecoup d’une politique incertaine. L’Ukraine est considérablement affaiblie.

Toute la vie nationale de l’Ukraine se porte sur la rive gauche du Dniepr, et Moscou poursuit sa politique de centralisation. Le peuple, tiraillé entre les chefs cosaques et les agents du tsar, aspire au calme. Ivan Stepanovitch Mazepa, ou Mazeppa (1644-1709),

hetman vers 1687, apporte une relative tranquillité à la région. Sa politique extérieure balance un moment entre Pierre* le Grand et Charles XII* de Suède. En 1708, Mazeppa s’allie à la Suède, espérant obtenir l’indépendance de l’Ukraine. Après la défaite de Poltava en 1709, la répression de Moscou est terrible. L’Ukraine se retrouve plus soumise que jamais. Mazeppa est excommunié et s’enfuit en Turquie, où une grande partie de la setch s’exile (elle y restera jusqu’en 1734).

Un oukase de Pierre le Grand interdit en 1720 la langue ukrainienne, et, en 1722, le tsar crée un « Collège petit-russien » chargé de surveiller l’hetman ; l’Ukraine devient administrativement une simple province de Russie.

La Slobodskaïa Oukraina, n’ayant pas d’hetman, dépend du représentant du tsar, qui s’installe à Bielgorod. Au cours de la période couvrant le règne de Pierre II (1727-1730) jusqu’à celui d’Élisabeth (1741-1762), l’Ukraine retrouve quelques libertés, mais le pays est très affaibli. La Russie, en supprimant, en 1755, les droits de douane avec l’Ukraine, annexe économiquement cette région. Les règlements de 1760 assujettissent la paysannerie à l’aristocratie cosaque.