La figure 3 montre la coupe d’un
tuyau d’orgue en bois à embouchure de flûte. L’air, insufflé par le porte-vent P, pénètre dans la boîte à vent V. Il en ressort par une fente étroite L, appelée lumière, sous forme d’une lame mince d’air qui rencontre le biseau B, d’arête parallèle à la lumière, ménagé dans la paroi latérale du tuyau. La rencontre de la lame d’air issue de la lumière avec l’arête mince du biseau provoque l’émission d’un son, dit
« son de biseau », de fréquence élevée, beaucoup plus élevée que le fondamental du tuyau auquel l’embouchure est associée.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20
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Dans la flûte à bec, on retrouve les mêmes éléments. Il suffit, comme pour le tuyau d’orgue, de souffler dans le bec de l’instrument pour faire sortir le son. Mais dans beaucoup d’instruments, tels que la flûte traversière et pratiquement toutes les flûtes léguées par le folklore mondial (flûte de Pan, khéna...), l’embouchure est pour une partie constituée par la bouche même de l’exécutant, la lumière étant formée par l’étroit espace entre ses deux lèvres, le biseau étant une arête plus ou moins vive ménagée dans le tube formant le corps de l’instrument. Il n’est plus ici simplement question de souffler dans l’instrument pour émettre un son. La position des lèvres par rapport au biseau et leur écartement doivent être réglés par l’instrumentiste lui-même.
Les embouchures à anche associées aux tuyaux sonores sont toujours du type à anche battante. Nous prenons
comme exemple une embouchure à anche d’orgue (fig. 4). Elle est constituée par une languette mince métallique — l’anche proprement dite —, légèrement courbée, fixée sur une gouttière creuse encastrée dans la boîte à vent, l’anche fermant complètement la gouttière quand on l’y applique. Une rasette, gros fil métallique recourbé, permet de limiter la partie de l’anche susceptible de vibrer. Lorsque l’air passe entre l’anche et la gouttière, l’anche se rabat vers la gouttière, de même qu’une porte se referme sous l’effet d’un courant d’air. L’élasticité de l’anche est telle que, le courant d’air étant alors pratiquement interrompu, elle tende à se redresser, et le processus recommence. Les interruptions périodiques de l’air sous l’effet des battements de l’anche provoquent l’émission d’un son (son d’anche) dont la fréquence dépend de la pression du
« vent » et de la longueur de l’anche qui bat, longueur que la rasette permet de régler.
Dans les instruments à vent où l’air est fourni par les poumons de l’exécutant, l’anche peut être simple comme dans la clarinette. C’est alors une languette de roseau fixée sur le bec de l’instrument que pincent plus ou moins les lèvres de l’instrumentiste. Elle peut être double comme dans le hautbois, chacune des deux languettes de roseau qui la constituent battant l’une contre l’autre. Dans les instruments comme le cor, le trombone, l’anche double est constituée par les deux lèvres de l’exécutant qui s’appuient sur les bords d’une petite coupole à bords arrondis, le « bassin », adaptée à l’embouchure de l’instrument.
Les instruments à vent
Ils constituent un tuyau sonore complet comprenant la colonne d’air limitée par le tuyau et son système excita-teur, l’embouchure. Nous avons déjà signalé, à propos des embouchures de flûte, que les fréquences propres de ces deux systèmes étaient fort différentes.
Or, ils sont fortement couplés l’un à l’autre et la question est de savoir lequel des deux va imposer ses vibrations à l’autre. Dans le cas des tuyaux à embouchure de flûte, on constate que le tuyau l’emporte sur l’embouchure
et impose ses fréquences propres aux vibrations de l’air au voisinage du biseau. On observe en effet que tout tuyau à embouchure de flûte a, à très peu près, la même série de partiels que la colonne d’air qu’il délimite, embouchure retirée. Cela revient à dire que, dans un tuyau à embouchure de flûte, il existe approximativement un ventre de vibration au voisinage de l’embouchure. La fréquence du son émis par un tuyau à embouchure de flûte ne dépendra donc, en première approximation, que de la longueur du tuyau et du fait qu’il est ouvert ou fermé à l’extrémité opposée à l’embouchure.
Le timbre, lui, dépendra beaucoup de la « taille » du tuyau, c’est-à-dire du rapport des dimensions latérales et longitudinales du tuyau. Puisque plus ce rapport est grand, plus la série des partiels diffère d’une série harmonique, les tuyaux de menue taille auront un timbre plus corsé que ceux de grande taille. En effet, lorsque le tuyau est alimenté en vent pour sonner le fondamental, le son qu’il émet est périodique, donc formé par la superposition de sons purs dont les fréquences sont rigoureusement harmoniques du son fondamental. Il comportera d’autant plus d’harmoniques de rang élevé que la série de ses partiels sera plus voisine des harmoniques du fondamental. Les jeux d’orgue de petite taille (au sens précédent du terme, il ne s’agit pas de la longueur du tuyau) comme ceux de violon, gambe... ont pour cette raison un timbre nettement plus riche que les jeux de la famille des flûtes (flûte, tibia, portunal...), qui sont des jeux de grande taille et ne sonnent guère que le fondamental.
Dans le cas des tuyaux dont l’em-
bouchure est munie d’une anche, le problème du couplage anche-tuyau est beaucoup plus complexe. Dans certains jeux d’orgue comme celui de trompette, c’est l’anche, très raide, alimentée à forte pression d’air, qui impose sa fréquence, le tuyau n’ayant pour rôle que de renforcer, par résonance, certains harmoniques du fondamental.
Dans les instruments à vent à anches de roseau, tels que le hautbois, la clarinette..., tuyau et anche s’accommodent, grâce à l’intervention de l’exécutant,
sur les modes propres du tuyau, la condition à l’embouchure étant qu’il existe approximativement un noeud de vibration au voisinage de l’anche. En conséquence, la clarinette, dont le tube est cylindrique, quintoie, alors que le hautbois, conique, octavie.
Dans les instruments à anche lippale comme le cor, l’exécutant est dans une large mesure maître du son qu’il veut émettre en modifiant la pression des lèvres sur le bassin, leur écartement, etc.
Dans le cas de l’orgue, un tuyau
n’émet qu’une seule note, et l’on ne peut jouer une mélodie qu’en alimentant successivement les tuyaux correspondant à chacune des notes de cette mélodie. Le problème est tout autre pour les instruments à vent de l’orchestre, où il faut pouvoir émettre plusieurs notes avec le même tuyau, donc pouvoir modifier instantanément sa longueur. Cela peut être obtenu soit en débouchant un trou dans la paroi du tuyau, ce qui a pour effet de ramener le ventre de vibration de l’extrémité du tuyau non pas au niveau exact du trou, mais à son voisinage et augmente ainsi la fréquence de la note émise (c’est le cas pour la flûte, la clarinette, le hautbois, le basson, etc.) ; soit en faisant varier la longueur de manière continue au moyen d’une coulisse, le cas, unique, étant celui du trombone ; soit enfin en la faisant varier de manière discontinue comme dans les instruments à pistons.
P. M.
Tvardovski
(Aleksandr
Trifonovitch)
Poète russe (Zagorie 1910 - Krasnaïa-Pakhra, près de Moscou, 1971).
Fils d’un forgeron instruit et féru de poésie, Aleksandr Tvardovski a vécu jusqu’à l’âge de dix-huit ans dans son village natal de Zagorie, dans la région de Smolensk. Tout enfant, il compose déjà des vers qui ne doivent rien à la poésie moderne et se rattachent à la tradition poétique du XIXe s. et du folklore.
Dès l’âge de quatorze ans, il collabore
en qualité de « correspondant rural »