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publique nationale d’Ukraine, qui annonce en janvier 1919 sa réunion avec la République populaire d’Ukraine occidentale (ex-Galicie), créée dès octobre 1918.

À la fin de 1918, les troupes sovié-

tiques se battent en Ukraine orientale contre les troupes de l’Entente, celles de l’armée blanche du général Deni-

kine (1919) et les troupes anarchistes de Nestor I. Makhno (1884-1934). Le pays, libéré par les troupes soviétiques, subit les attaques de la Pologne, qui reconnaîtra, par l’accord de paix de Riga (mars 1921), la République socialiste soviétique d’Ukraine (v. polono-so-viétique [guerre]). Puis le pays subit les attaques contre-révolutionnaires des troupes de l’armée blanche du général Wrangel jusqu’au début de novembre 1920.

L’Ukraine soviétique

Après la guerre civile s’ébauche la réorganisation du pays. Le 30 dé-

cembre 1922, la R. S. S. d’Ukraine participe à la fondation de l’Union des républiques socialistes soviétiques.

Dès août 1923, l’ukrainisation est officielle dans tous les domaines. En 1934, la capitale de l’Ukraine est transférée de Kharkov à Kiev.

En 1925-26, l’économie du pays se rétablit. La collectivisation est réalisée dans la république au 1er février 1930

pour 31 p. 100 des foyers paysans et fin 1932 pour 70 p. 100. Au terme du premier plan quinquennal, la production nationale s’est accrue de 72 p. 100. À

la fin du deuxième quinquennat (1937), la production industrielle en Ukraine atteint celle de la Russie d’avant la ré-

volution. À la même époque, les kolkhozes regroupent 96 p. 100 des foyers paysans.

Sur le plan culturel, l’Ukraine s’est développée d’une façon significative avec l’accroissement du nombre d’établissements d’enseignement et de nombreuses publications en ukrainien.

Le 5 décembre 1936 est appliquée la nouvelle constitution de l’U. R. S. S., et, à la fin de janvier 1937, la constitution de la R. S. S. d’Ukraine. Le 2 novembre 1939, l’Ukraine occidentale, annexée par la Pologne en 1921, est recouvrée.

L’expansion économique du pays et sa réorganisation sociale et culturelle sont arrêtées le 22 juin 1941 par la Seconde Guerre mondiale ; une évacuation massive est effectuée vers l’est. En 1942, les troupes allemandes occupent

l’Ukraine : 4,5 millions d’Ukrainiens périront, 2 millions seront envoyés dans les camps de concentration en Allemagne. Les troupes soviétiques libèrent Kharkov le 23 août 1943, Kiev le 6 novembre, Odessa le 10 avril 1944, Lvov le 27 juillet. En octobre 1944, tout le territoire de l’Ukraine sovié-

tique est libéré.

Cinq ans après la guerre, l’économie de la république a retrouvé son niveau de 1940. L’Ukraine participe à part entière à la fondation de l’O. N. U.

(1945). Le 22 mai 1954, en commémoration du tricentenaire de la réunion de l’Ukraine à la Russie, la république est décorée de l’ordre de Lénine ; en 1954, elle entre à l’Unesco.

N. R.

F Cosaques / Donbass / Kharkov / Kiev / Odessa / Révolution russe de 1917 / Russie / Tatars /

U. R. S. S.

& M. Hruchevsky et A. Choulguine, Cours d’histoire de l’Ukraine (Impr. ukrainienne en France, 1959). / K. Doubina, Histoire de la RSS

d’Ukraine (en russe, Kiev, 1969 ; 2 vol.). / R. Portal, Russes et Ukrainiens (Flammarion, 1970).

La Ruthénie

subcarpatique

Région d’Europe orientale appelée aussi Russie subcarpatique (Podkarpatskaia Rous), Ukraine subcarpatique. Soumise à la Hongrie jusqu’en 1918, elle est rattachée à la Tchécoslovaquie de 1918 à 1945, et annexée après cette date à l’Ukraine soviétique.

ORIGINES

Avant 1918, cette région n’a jamais formé une unité politique. Carrefour de peuples, elle semble avoir été peuplée dès le IXe s.

par des Slaves, les Ruthènes, comme le prouve la toponymie. Après le Xe s., elle est occupée par les Hongrois, qui en font une « marche contre les Ruthènes ». Au cours des siècles, des colons allemands et roumains s’y installent. Les Juifs y sont présents dès le haut Moyen Âge, mais ils arrivent surtout en grand nombre au XVIe et au XVIIe s. de la Galicie.

C’est aussi un carrefour de religions.

Les Hongrois sont plus souvent calvinistes que catholiques. Les Ruthènes, de religion orthodoxe, sont touchés au XVIIIe s. par le mouvement uniate. En 1652, au synode d’Ungvár (Oujgorod), l’évêque de Munkács (Moukatchevo) signe un acte d’union avec Rome, tout en conservant l’ancienne liturgie orthodoxe.

En 1849, les troupes russes de Nicolas Ier passent les cols des Carpates pour aider à l’écrasement de l’insurrection hongroise et contribuent à entretenir dans la population slave un sentiment russophile. Le gouvernement de Vienne accorde alors une relative autonomie aux quatre comitats ukrainiens. Un Ruthène, Adolf Dobr-janskij (1817-1901), qui avait accompagné les troupes russes comme commissaire impérial autrichien, représente ces tendances autonomistes et, en 1875, il est le seul député slave à la diète de Hongrie. Le renouveau culturel est favorisé par l’installation à Oujgorod d’une académie nationale. Mais, après 1879, la Hongrie impose une politique de magyarisation brutale. En 1913, lors du procès de Marmoroš-Sziget, une centaine de paysans ukrainiens sont condamnés.

Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, les troupes russes du général Broussilov* passent les Carpates, à l’automne de 1914, et le pays sert alors de champ de bataille.

LE RATTACHEMENT À LA

TCHÉCOSLOVAQUIE*

Les Ruthènes de Hongrie ont émigré en grand nombre aux États-Unis, où ils forment une colonie de 300 000 personnes.

Du 23 au 26 octobre 1918, lors du congrès des nationalités opprimées, à Philadelphie, Žatkovič, délégué des Ruthènes d’Amé-

rique, propose à Masaryk le rattachement de la Ruthénie à la Tchécoslovaquie. Un plébiscite organisé parmi les Ruthènes d’Amérique donne 67 p. 100 des voix en faveur de cette solution. Le Conseil national des Ruthènes d’Amérique demande, en décembre 1918, à Scranton (Pennsylvanie), l’entrée dans l’État tchécoslovaque.

Sur place, la situation est confuse à la fin de 1918. Trois conseils se forment : l’un, à Prešov, se prononce pour la Tché-

coslovaquie ; l’autre, à Oujgorod, pour la Hongrie ; le troisième, à Khoust, pour

le rattachement d’une grande Ukraine.

Žatkovič, venu des États-Unis, réunit les trois conseils en un seul, à Oujgorod, du 8 au 16 mai 1919. Il se prononce pour le rattachement à la Tchécoslovaquie. Les traités de Saint-Germain et de Trianon ratifient cette adhésion.

Pour la première fois, la Ruthénie subcarpatique forme donc une entité politique. Dans l’Europe orientale balkanisée, elle a une grande importance stratégique, car elle contrôle les cols des Carpates. Elle donne à la Tchécoslovaquie une frontière commune avec la Roumanie. En même temps, elle coupe la Pologne de la Hongrie.

LA RUTHÉNIE DE 1918 À 1938

En 1921, sur 604 000 habitants, il y a 62 p. 100 de Ruthènes, 17 p. 100 de Hongrois, 13 p. 100 de Juifs, 1,7 p. 100 d’Allemands, seulement 3,3 p. 100 de Tchécoslovaques, le reste se répartissant en diverses nationalités. Dans ce pays presque complètement couvert de forêts, la population est employée à 71 p. 100 dans l’agriculture (82 p. 100 pour les Ruthènes). Elle est pauvre, analphabète (78 p. 100 pour les Ruthènes). Les villes sont dominées par l’élément hongrois et juif, qui y vit de formes archaïques du commerce et de l’artisanat. La capitale administrative, Oujgorod (en tchèque Užhorod), n’a que 27 000 habitants. Ainsi, la Tchécoslovaquie reçoit une région arriérée et misérable qu’elle va tenter de faire entrer dans le monde moderne.