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Le 10 septembre 1919, la Tchécoslovaquie s’était engagée à accorder l’autonomie à la Ruthénie. Mais appliquer l’autonomie immédiatement serait remettre le pouvoir politique aux Hongrois et le pouvoir économique aux Juifs. Le but de la politique tchécoslovaque est de sortir la population ruthène de sa passivité et de créer une intelligentsia et des cadres politiques. Jusqu’en 1933, le gouvernement de Prague dépense 1 600 millions de couronnes pour la mise en valeur du pays : création de routes, électrification, modernisation des villes. Un gros effort est fait pour l’enseignement. Le ruthène a été mis à égalité avec le tchèque comme langue officielle. Mais ce n’est qu’une série de dialectes, plus proches de l’ukrainien ou du slovaque selon les régions. La langue litté-

raire enseignée dans les écoles est l’ukrainien ou le russe. Plusieurs courants cultu-

rels se partagent la Ruthénie, encouragés tour à tour par les divers gouvernements.

Malgré les efforts du gouvernement de Prague, le mécontentement politique se manifeste par 45 p. 100 de votes communistes en 1924. La crise économique aggrave le chômage. Après avoir, en 1934, promis la réalisation prochaine de l’autonomie, Beneš* donne par la loi du 8 octobre 1937 des pouvoirs plus étendus au gouverneur.

LA CRISE DE 1938-39

Avec le démembrement de la Tchécoslovaquie après les accords de Munich (sept.

1938), la petite Ruthénie subcarpatique devient brusquement un élément de downloadModeText.vue.download 20 sur 635

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20

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premier plan dans la rivalité des grandes puissances.

Au début du mois d’octobre 1938, un gouvernement autonome est constitué. La tendance russophile y domine avec son président Brody. Mais, dès la fin du mois, le clan favorable à l’Ukraine, avec Mgr A. Vološyn, prend la tête du gouvernement.

La Hongrie, soutenue par la Pologne, veut l’annexion pure et simple du pays.

L’arbitrage de Vienne du 2 novembre 1938

lui donne les deux grandes villes, Oujgorod et Moukatchevo. Le gouvernement allemand a préservé un petit État autonome autour de la nouvelle capitale, Khoust, et semble vouloir en faire un centre d’agitation en Ukraine, un point de départ pour son expansion vers l’est. La Ruthénie s’organise dans le style totalitaire, avec son parti unique, l’Union nationale ukrainienne, qui a 90 p. 100 des voix aux élections de janvier 1939, et une milice armée, la setch. Le 14 mars 1939, Mgr Vološyn proclame l’indépendance de la Ruthénie.

Mais il est trop tard. Dès le lendemain, la Hongrie envahit tout le pays et, le 16 mars, proclame son annexion. Elle impose une dure politique de magyarisation ; les élites ruthènes doivent s’enfuir en Slovaquie ou en Union soviétique, où les émigrés sont arrêtés pour espionnage.

LE SORT DE LA RUTHÉNIE

EN 1944-45

Après l’entrée en guerre de l’Union sovié-

tique, des unités tchécoslovaques se forment sur place. Après novembre 1942, les Ruthènes libérés s’engagent dans les brigades du général Ludvík Svoboda, où ils forment une grande partie de l’effectif.

Dans ses relations avec le gouvernement tchécoslovaque en exil à Londres, l’U. R. S. S. n’élève aucune revendication sur la Ruthénie subcarpatique. En mai 1942, par un message d’Aleksandr Iefre-movitch Bogomolov à Beneš, l’U. R. S. S.

déclare vouloir restaurer les frontières tchécoslovaques d’avant Munich. Dans le traité d’amitié signé le 12 décembre 1943

par Beneš à Moscou, aucune allusion n’est faite à une possible révision des frontières.

Du 18 au 28 octobre 1944, les troupes soviétiques du quatrième front ukrainien libèrent la Ruthénie subcarpatique sans que soient engagées les brigades tchécoslovaques.

Des conseils populaires se forment avec les représentants des anciens partis, au niveau des communes et des cantons. Lorsque, le 27 octobre 1944, arrive à Khoust le délégué du gouvernement de Londres, F. Němec, les autorités sovié-

tiques l’empêchent de prendre contact avec la population. En novembre, un congrès des comités populaires, de 600 membres, décide « de réunir l’Ukraine subcarpatique à sa mère patrie, la grande Ukraine soviétique, et de sortir des cadres de la Tchécoslovaquie ».

Le gouvernement Beneš ne désire pas entrer en conflit avec l’U. R. S. S., il cherche seulement à ajourner la décision finale après la fin du conflit. Dès avril 1945, dans son programme de gouvernement de

Košice, il se déclare prêt à abandonner la Ruthénie.

Le 29 juin 1945, une délégation tchécoslovaque que dirige le président du conseil, Zdeněk Fierlinger, vient signer à Moscou le traité de cession de la Ruthénie à l’Ukraine.

Désormais, l’ancienne Ruthénie formera en Ukraine « la région subcarpatique ».

B. M.

& J. Mousset, les Villes de la Russie subcarpatique, 1919-1938. L’effort tchécoslovaque (Droz, 1939). / V. Markus, l’Incorporation de l’Ukraine subcarpatique à l’Ukraine soviétique, 1944-1945 (Dnipro, Bruxelles, 1957).

ulcère

Solution de continuité avec perte de substance siégeant au niveau des muqueuses ou de la peau et évoluant de façon chronique.

Un ulcère peut laisser passer

un écoulement : on parle alors de

« fistule ».

Il existe une infinie variété d’ul-cères observés en médecine. Ils sont classés et qualifiés avant tout en fonction de leur siège anatomique et de leur étiologie (causes, circonstances d’apparition).

Les principaux sièges anatomiques des ulcères sont : la peau (n’importe où), les muqueuses des cavités naturelles (bouche, nez, pharynx, organes génitaux, anus, etc.), la cornée oculaire, la muqueuse de tout le tube digestif, de l’arbre broncho-trachéal et du larynx, de l’appareil excréto-urinaire.

y Les traumatismes. Un traumatisme unique est responsable d’une plaie qui évolue habituellement vers la cicatrisation. La non-cicatrisation et le passage à la chronicité qui caractérisent l’ulcère ne se voient guère que s’il se surajoute une autre étiologie telle que l’infection ou l’ischémie (défaut d’irrigation).

Les traumatismes modérés mais

répétés aboutissent à la formation d’ul-cères ; il en est ainsi des ulcérations de la joue ou de la langue en regard d’un chicot dentaire, des ulcérations vaginales au contact d’un pessaire, des ulcérations des pieds par frottement sur la chaussure ou d’un moignon d’amputation par frottement dans la prothèse, etc.

Enfin, certains traumatismes électriques ou chimiques, par la nécrose tissulaire qu’ils entraînent, provoquent des plaies atones, c’est-à-dire sans ten-

dance à la cicatrisation et qui constituent un ulcère.

y Les tumeurs. Une tumeur bénigne peut faire éclater la muqueuse ou la peau qui se tend à sa surface et y provoquer un ulcère ; il en est ainsi par exemple des ulcères que l’on observe à la surface des tumeurs bénignes du tube digestif.

Une tumeur maligne, ou cancer, entraîne souvent une ulcération en détruisant la peau ou la muqueuse. Cet ulcère est une tumeur maligne ulcérée.

y L’infection. Un abcès qui s’ouvre spontanément à l’extérieur ou dans un viscère creux le fait en ulcérant la peau ou la muqueuse. Dans le cas des abcès froids tuberculeux ou mycosiques, ou dans celui des gommes syphilitiques ulcérées, l’ulcère, qui ne tend qu’à s’étendre, a des caractères particuliers qui permettent souvent de l’identifier par le simple examen clinique.

y L’ischémie. Le défaut d’irrigation sanguine entraîne la nécrose (mortification locale) d’une zone de peau ou de muqueuse, nécrose qui, en s’éliminant, laisse place à un ulcère, car la cicatrisation n’est pas possible à partir de tissus ischémiques (non irrigués).

Le défaut de vascularisation peut être dû à une insuffisance d’apport de sang par les artères ou à une insuffisance de retour du sang dans les veines.