Parmi les propriétés physico-chi-
miques des U. V., l’une d’elles comporte des applications médicales inté-
ressantes : il s’agit de phénomènes de fluorescence. En éliminant les radiations lumineuses visibles par un écran de Wood à l’oxyde de nickel, qui ne laisse filtrer que les radiations U. V.
de grande longueur d’onde, on obtient la lumière noire, qui rend fluorescent un certain nombre de substances ou de tissus vivants. Cette propriété est utilisée dans le diagnostic de dermatoses et de lésions dentaires, ainsi que dans l’étude du cristallin (diagnostic de la cataracte).
En thérapeutique humaine, les U. V.
peuvent être utilisés en applications locales et en applications générales.
Ces applications doivent être progressives en temps d’exposition et en distance focale. Dans les applications générales, il faut s’efforcer de s’arrê-
ter à un érythème léger (rougeur) des téguments, et l’on augmentera les doses en fonction de cette réaction. Les U. V. sont particulièrement efficaces dans le traitement des carences (rachitisme), de la spasmophilie, des troubles de l’ossification, de la croissance. Ils agissent remarquablement dans les tuberculoses cutanées ou ganglionnaires, les fistules tuberculeuses, les ostéites, les orchiépididymites tuberculeuses.
Ils sont absolument contre-indiqués dans la tuberculose pulmonaire. Parmi les applications locales citons le traitement du lupus tuberculeux suivant la méthode de Finsen : il s’agit d’un arc lumineux de grande puissance où les rayons U. V. sont associés aux autres radiations lumineuses.
La protection contre les U. V. n’est délicate qu’en ce qui concerne l’oeil, tant chez le patient que chez le mani-pulateur. Des verres spéciaux à l’escu-line sont d’une bonne efficacité. Pour le reste du corps, un simple tissu arrête les rayons U. V.
Les rayons U. V. de courte longueur d’onde ont une action biologique remarquable sur les organismes tels que bactéries, infusoires et levures. L’effet bactéricide des U. V. a été utilisé dans la stérilisation des eaux et de l’atmosphère de locaux collectifs, dans l’asep-sie de médicaments et d’instruments médicaux.
On voit donc que les actions phy-
sico-chimiques, biologiques et thérapeutiques des U. V. confèrent à ceux-ci de multiples indications médicales.
E. W.
F Physiothérapie / Radiations.
Unamuno
(Miguel de)
Écrivain espagnol (Bilbao 1864 - Salamanque 1936).
C’est le penseur le plus altier et le plus profond de l’Espagne dans le pre-
mier tiers de ce siècle.
Il naît à Bilbao dans une famille de petite bourgeoisie récemment urbanisée. À l’âge de dix ans, il assiste au siège, par les carlistes, de la ville, commerçante et industrielle, donc li-bérale et progressiste. La paysannerie basque, fidèle à ses traditions, à ses libertés, refusait de s’intégrer à la nouvelle économie, qui l’eût transformée en prolétariat industriel ou agricole.
En 1880, Unamuno fait ses études à Madrid, métropole administrative et siège d’un gouvernement parlementaire centraliste. Il s’y sent républicain et fédéraliste avec le Catalan Pi y Mar-gall, qu’il admire. Avec le « krausiste »
(néo-kantiste) Francisco Giner de los Ríos, il aspire à un renouveau de la vie intellectuelle de l’Espagne, à une ouverture sur l’Europe. Sa soif de lecture l’amène à cultiver, outre le grec (sa spécialité), les langues et les littératures étrangères : l’italien, le français, l’anglais ; Unamuno restera sa vie durant marqué par les écrivains et les penseurs romantiques : Leopardi, Carlyle, Senancour, Kant, Hegel. Son catholicisme est ébranlé ; Unamuno bataille en lui-même contre Luther et Calvin. Il est attiré par la doctrine socialiste, dans laquelle il voit la nouvelle « religion du peuple ».
Son mariage en 1891 lui révèle des ressorts plus profonds de son être ; la downloadModeText.vue.download 23 sur 635
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20
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nature s’enracine dans le surnaturel, le physique dans la métaphysique.
L’homme « en chair et en os » (dont il fait si souvent état) est assoiffé d’immortalité ; il veut s’accomplir, par impossible, dans la conquête de tout ce qui n’est pas lui (« serse y serlo todo »).
Militant socialiste, il n’adhère que du bout des lèvres au matérialisme historique ; mais il rejoint Marx lorsque celui-ci accorde à l’homme et à sa prise de conscience le rôle essentiel dans les mutations économiques et politiques de la société. Il constate que les masses ouvrières demeurent indifférentes au nouvel évangile. Car le socialisme de
ce temps-là reste dans la lignée du vieux libéralisme et défend les petites gens, commerçants, artisans et élite ouvrière, contre les formes avancées du capitalisme : la société anonyme, la banque, la bourse.
Tandis que le militant et penseur collabore à des journaux d’opinion et à des revues de culture, l’homme passe par une crise spirituelle, dont témoigne son journal intime en 1897. À cette date paraît son roman sur la guerre civile au pays basque, Paz en la guerra. Seul le titre rappelle Tolstoï ou Proudhon.
Dans l’esprit d’Unamuno, les adversaires carlistes et libéraux défendent deux causes également légitimes ; leur affrontement nécessaire se résoudra dans une paix féconde qui fera apparaître leurs positions comme l’endroit et l’envers d’une même réalité historique, et les totalisera ; la paix était, dès le début, installée au coeur de la guerre ; la guerre restera demain sous-jacente au coeur de la paix. Cette vision du monde, qui substitue au dépassement hégélien des contraires une perpétuelle tension, se retrouve dans les trois essais (Ensayos) publiés en 1900
et dans les cinq essais de En torno al casticismo (Essence de l’Espagne), publiés en 1902. Pour Unamuno, l’événement demeure à jamais lié au temps et au lieu qui l’ont causé et conditionné ; passé, il ne saurait peser sur notre élaboration du présent et de l’avenir ; présent, il s’investit dans une même formule constante, propre à notre collectivité. C’est ainsi qu’au sein du vécu s’opposent l’histoire et l’infra-histoire ; l’une est simple éphéméride, alors que l’autre est permanente ; la première est d’autant plus conséquente qu’elle s’enracine dans la seconde, et la seconde est d’autant plus signifiante qu’elle donne une forme, un contenant à la première. Ces deux pôles, de sens contraire, ne sont ni inverses ni contradictoires ; ils relèvent de deux réalités : l’une concrète et immédiate, l’autre qui en est soustraite a posteriori, les deux étant nécessaires. Unamuno renvoie donc dos à dos les traditionalistes espagnols, qui s’entêtent à faire revivre les momies, et les partisans de l’Europe, qui s’obstinent à verser l’essence de l’Espagne dans un moule qui n’est pas le sien.
En 1902 également paraît un second roman, Amor y pedagogía. Unamuno y décrit et ridiculise l’illusion des biologistes, des sociologues, des pédagogues et autres positivistes, qui cherchent à modeler l’homme de demain, un surhomme génial. Le héros, soumis à un pareil traitement, se donne la mort pour la plus « inexplicable » des causes. Aussi bien l’auteur se demande s’il n’aurait pas dû laisser au lecteur le choix entre deux dénouements.
La vida de don Quijote y Sancho
prolonge l’oeuvre de Cervantès par une exégèse tout à fait libre et qui écarte délibérément les intentions de cet auteur. L’ouvrage paraît en 1905 à l’occasion du troisième centenaire de la première édition de Don Quichotte.