The Centaur (le Centaure, 1963),
qui reçut le National Book Award, est un livre plus savant et plus ambitieux, nourri à la fois de souvenirs d’enfance et de mythologie classique. Updike y transpose le mythe du centaure Chiron, frappé d’une flèche empoisonnée.
L’immortel demi-dieu souffre tant qu’il demande aux dieux la grâce de mourir en expiation du crime de Prométhée. Chiron est ici un professeur d’Olinger, tyrannisé par son directeur et ses élèves. Son fils, Peter, dévoré par un psoriasis, tient le rôle de Prométhée. En trois jours d’hiver, père et fils revivent le cheminement de Chiron vers la mort et de Prométhée vers la liberté. Sur le thème central de la place de l’homme dans la création se greffe celui de la mort du père après qu’il a donné au fils la force de vivre. Pré-
cédé d’une épigraphe de Karl Barth, ce superbe et savant roman semble marquer un apaisement de l’inquié-
tude d’Updike : à l’image du lièvre effaré succède celle du centaure, qui choisit le destin de mortel. Ce roman ambitieux trouve sa signification dans le contrepoint minutieux de la réalité et du mythe. La qualité même de la vision poétique sécrète une sérénité : car, si l’immortel centaure trouve ici la mort d’un commis voyageur, cette mort n’est dénuée ni de signification ni de beauté.
Of the Farm (la Ferme, 1965), qui succède à un troisième recueil de nouvelles autobiographiques (The Olinger Stories, 1964), est un roman inspiré par les souvenirs d’enfance d’Updike.
Cette oeuvre, plus simple et dépouillée que les précédentes, évoque le week-end d’un trio désuni à la campagne : la mère et l’épouse de Joe Robinson se querellent, pendant que lui est déchiré entre sa nostalgie de la ferme d’enfance et sa vie indépendante à New York.
Couples (Couples, 1968) eut un gros succès de scandale. Updike y dresse l’organigramme des rapports sexuels d’une petite ville près de Boston, où l’on couche par ennui, par jalousie ou par vengeance. C’est en partie un livre à clés. Mais cette chronique d’échangeurs dans une Amérique d’après la
« pilule » est en réalité une épître aux fornicateurs, où Updike poursuit une méditation puritaine. Cette histoire naturelle du sexe n’est pas une encyclopédie érotique, mais l’histoire du vide moral et politique. Dieu a abandonné l’Amérique, dont l’Église brûle, comme Sodome, à force de dégradation. Pour Updike, le couple est ici
la machine à perpétuer le péché, car il détruit la communauté des âmes et détourne la créature de sa vocation spirituelle. Contre la « dolce vita » yan-kee, Updike prêche ici le réarmement moral.
Bech : a Book (Bech voyage, 1970) pose le problème de l’écrivain dans le monde moderne. C’est moins un
roman qu’un subtil portrait à facettes d’un écrivain juif qui fait penser à Saul Bellow. Livre-miroir, Bech pré-
sente sept aspects d’un intellectuel qui rêve en voyageant, découvre l’Europe communiste, le snobisme londonien et même la drogue. Timide et gaffeur, exploité mais critique, ce nouveau Candide visite au fond le labyrinthe de l’angoisse existentielle. Mais il ne s’y laisse pas enfermer. Il s’en sort avec humour, demeurant jusque dans la critique « humain trop humain ».
En 1971, avec Rabbit redux (Rabbit rattrapé), Updike revient au personnage de Rabbit. Résigné, revenu à sa famille, celui-ci est, cette fois, abandonné par sa femme. Cocu et chômeur, il tente de se recycler en abritant des anarchistes et des drogués. Il faudra un incendie pour le tirer de son égarement idéologique. Updike passe ici downloadModeText.vue.download 33 sur 635
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20
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en revue les principaux aspects de la crise américaine : drogue, conquête de l’espace, problème noir, libération de la femme, enfance délinquante... Longtemps considéré comme non engagé, Updike montre ici son intérêt pour les problèmes sociaux. Mais le roman y perd en dimension métaphysique.
Ainsi, ce styliste semble avoir
composé peu à peu une comédie de
moeurs, faite d’instantanés, qui s’élargit jusqu’à englober les principaux problèmes de son temps et à les situer dans une perspective éternelle et métaphysique. Pleinement conscient de la crise de civilisation, il demeure un modéré, avec une tendance au conservatisme puritain. Parti d’une conception assez superficielle et précieuse de l’écriture,
il est parvenu à voir dans l’écriture es-thétique la meilleure manière de lutter contre la corruption et la désintégration sociale. Paradoxalement, cet esthète a donc trouvé dans l’écriture une forme d’engagement. Il reste que l’oeuvre à venir modifiera peut-être ce jugement sur un écrivain doué, brillant, mais profondément troublé.
J. C.
& J. Cabau, la Prairie perdue. Histoire du roman américain (Éd. du Seuil, 1966). /
D. D. Galloway, The Absurd Hero in American Fiction (Austin, 1966 ; nouv. éd., 1970). /
P. Dommergues, les U. S. A. à la recherche de leur identité (Grasset, 1967). / H. M. Harper, Desperate Faith (Chapel Hill, North Carolina, 1968). / M. Saporta, Histoire du roman américain (Seghers, 1970).
uranium
Élément chimique métallique.
L’uranium, dernier élément naturel de la classification de Mendeleïev*
(no 92), fut découvert en 1789 par l’Allemand Klaproth et isolé en 1841 par le Français Peligot.
Propriétés et usages
de l’uranium métal
Propriétés
L’uranium est un métal blanc, très ductile ; il se ternit à l’air par oxydation ; sous forme de poudre fraîche, il peut s’enflammer spontanément.
C’est un corps radioactif qui, par désintégrations successives, donne naissance à d’autres éléments radioactifs, parmi lesquels le plus important est le radium* ; uranium et radium se trouvent toujours associés dans les minerais suivant une proportion de l’ordre de 3 millions de parties d’uranium pour une partie de radium. L’uranium naturel comprend trois isotopes, dont le plus abondant est l’uranium 238 (on le fabrique par irradiation du thorium 232
dans les réacteurs nucléaires), mais on connaît également une dizaine d’isotopes artificiels de l’uranium dont les nombres de masse sont compris entre 227 et 240. Le pourcentage des iso-
topes de l’uranium naturel peut varier.
En effet, dans des échantillons d’hexafluorure d’uranium produits à partir de concentrés de minerais provenant du gisement d’Oklo, au Gabon, on a observé des concentrations en uranium 235 variant entre 0,440 et 0,740.
On pense qu’à l’origine de l’ère primaire (il y aurait quelque 1,7 milliard d’années) une réaction en chaîne se serait produite et qu’une sorte de pile atomique aurait fonctionné pendant peut-être un million d’années !
L’uranium 235 est appelé substance fissile, en ce sens qu’il est susceptible de subir la fission nucléaire par absorption d’un neutron thermique, et l’uranium 238 substance fertile, c’est-à-dire qu’il est susceptible d’être transformé en une substance fissile (en l’occurrence le plutonium 239) par capture de neutrons.
Avec l’oxygène, on peut avoir quatre oxydes : UO2, brun ; UO3, orange ; UO4, jaune pâle ; U3O8, vert.
Usages
Avant la Première Guerre mondiale, on exploitait les minerais d’uranium pour en extraire le radium, qui était utilisé dans le monde médical pour le traitement du cancer ; après la Seconde Guerre mondiale, l’uranium devint l’élément principal. L’uranium métal n’avait auparavant aucune application industrielle ; en revanche, quelques-uns de ses oxydes et de ses sels étaient utilisés dans les industries de la céramique et de la verrerie pour la coloration des verres et des émaux.
Fabrication de
l’uranium métal