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pient appelé bol et tournant à grande vitesse autour d’un axe. La différence de masse des deux isotopes est si faible qu’il faut faire tourner la centrifugeuse à une vitesse linéaire énorme, qui peut atteindre 500 m/s, ce qui pose des problèmes particuliers de résistance des matériaux.

L’intensité des forces centrifuges étant proportionnelle à la masse des corps, les atomes d’uranium 238 sont chassés vers la périphérie. Aussi le gaz situé au centre du « bol » est-il enrichi en uranium 235, tandis qu’il est appauvri près de la paroi. Simultanément, on force le fluide, en le soumettant à des différences de température, à opérer dans la centrifugeuse des mouvements de convection assurant des échanges à contre-courant entre le gaz enrichi et le gaz appauvri.

Ce procédé d’ultracentrifugation

était utilisé à l’origine dans deux petites usines : l’une à Almelo, en Hollande, et l’autre à Capenhurst, en Grande-Bretagne.

Le projet européen

À la suite des difficultés d’approvisionnement en pétrole il a été décidé, à la fin de novembre 1973, de construire une usine européenne d’enrichissement de l’uranium par le procédé de la diffusion gazeuse.

Cette usine sera installée dans le Tricastin (vallée du Rhône), à côté de Pierrelatte ; elle pourra assurer dès 1980 l’alimentation en uranium enrichi de quatre-vingts centrales de 1 000 MW et consommera annuellement 13 500 t d’uranium naturel sous forme d’hexafluorure UF6 et une énergie électrique de 22 à 23 milliards de kilowatts-heures, qui sera fournie par quatre centrales nucléaires d’une puissance unitaire de 900 MW.

Ce projet, présenté par la société EURODIF, groupe cinq partenaires

européens (Belgique, Espagne, France,

Italie, Suède).

Cette usine permettra d’économiser, estime-t-on, 120 millions de tonnes de pétrole par an ; sur le plan national, 40 p. 100 de notre fourniture énergé-

tique à la fin du siècle parviendront du secteur nucléaire.

Ajoutons que, sur le plan européen, une autre société, URENCO, groupant la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l’Allemagne fédérale, envisage de ré-

soudre le problème de l’enrichissement de l’uranium en se fondant sur la technique de l’ultracentrifugation.

Les dangers de l’uranium

L’uranium naturel

y L’uranium émet un rayonnement

alpha dont la portée dans l’air est de 2,6 cm.

Le danger d’irradiation externe est pratiquement nul ; on peut donc mani-downloadModeText.vue.download 35 sur 635

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20

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puler ce métal, ou ses différents minerais, comme s’il s’agissait d’un élément stable ; toutefois, pour éviter le risque de contamination, c’est-à-dire d’irradiation interne, il est recommandé de mettre des gants pour effectuer les manipulations.

y Le métabolisme de l’uranium est le suivant :

— sous forme de sel insoluble, l’uranium n’est pas absorbé par voie

digestive ;

— sous forme soluble, il atteint l’organe critique, le rein.

L’uranium, enrichi

y Si, avec l’uranium faiblement

enrichi, le danger de contamination est minime, il est quand même nécessaire, au-delà d’un enrichissement de 5 p. 100, de travailler dans des boîtes à gants (enceintes étanches en

dépression).

Voici quelques résultats de l’activité alpha exprimée en nombre de

désintégrations par minute et par microgramme :

— uranium naturel : 1,5 ;

— uranium enrichi à 20 p. 100 : 20 ;

— uranium enrichi à 90 p. 100 : 120.

y L’uranium enrichi présente un

autre risque, beaucoup plus sérieux et d’autant plus grave que le pourcentage en isotope 235 est plus élevé : c’est celui de criticité.

Le risque de criticité de l’uranium enrichi s’explique par l’accumulation de matière fissile en quantité égale ou supérieure à la masse critique ou en concentration trop élevée dans un liquide. La réaction en chaîne peut alors se déclencher, ce qui, matériellement, se traduit par l’apparition d’une intense lueur bleue accompagnant une forte irradiation en rayons gamma et en neutrons, laquelle peut être mortelle pour les personnes du voisinage.

Ph. R.

Deux savants

Martin Heinrich Klaproth, chimiste allemand (Wernigerode 1743 - Berlin 1817). Il a découvert le zirconium (1789), le titane (1795) et l’urane, qu’il considérait comme un corps simple.

Eugène Melchior Peligot, chimiste français (Paris 1811 - id. 1890). Il établit en 1835, en même temps que J.-B. DUMAS*, les propriétés de la fonction alcool et retira l’uranium de l’urane en 1841.

F Énergie / Isotopes / Nucléaire (énergie) / Ra-dioactivité / Radium.

& P. Devaux, Uranium (Éd. Médicis, 1946).

/ J. J. Katz et E. Rabinowitch, The Chemistry of Uranium (New York, 1951). / E. Kohl, Uran (Stuttgart, 1954). / G. Jurain, l’Uranium (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964).

urbanisation

Évolution spatiale et socio-professionnelle tendant à une concentration croissante des hommes dans les villes.

La dimension spatiale

Le monde s’urbanise à un rythme rapide. En 1800, il n’y avait guère que 22 millions de personnes résidant dans des villes de plus de 20 000 habitants ; cela représentait 2,4 p. 100 de l’humanité. En 1960, 800 millions de personnes, soit 27,1 p. 100 de la population mondiale, vivaient dans cette même catégorie de centres. En 1970, si l’on prend en considération tous les noyaux urbains retenus par les services officiels des divers pays (la définition en varie notablement, on y reviendra), on compte 1 370 millions de citadins, soit 38 p. 100 de la population mondiale. Comme le croît démographique général est rapide, cela veut dire que la population urbaine augmente à un rythme très soutenu : au cours des deux dernières décennies, il est peu de nations où le taux d’accroissement de cette population urbaine ait été infé-

rieur à 2 p. 100 par an ; il a atteint dans bien des cas 4 ou 5 p. 100 et dépassé même 6 p. 100 dans quelques régions.

Il est prévisible que la population urbaine sera devenue majoritaire dans le monde avant 1990.

La dimension

sociologique

Les statistiques fournissent une image saisissante de la concentration de la population dans les villes. Elles appré-

hendent ainsi une des deux dimensions de l’urbanisation, la dimension spatiale, la plus facile à mesurer. L’autre aspect de la transformation est plus malaisé à définir : il est sociologique et traduit le passage d’une vie où la collectivité de petite dimension joue un rôle prédominant à une situation où les solidarités cessent d’être locales, où les échanges se multiplient et où les flux d’information s’intensifient dans tous les domaines.

Les travaux des sociologues et des psychosociologues éclairent les mutations que l’on décrit sous le nom d’urbanisation. Dans les groupes étroits des sociétés archaïques et des socié-

tés paysannes, l’individu évolue dans un milieu peu nombreux ; il connaît tout le monde et ne peut jamais disparaître dans l’anonymat. Il a un horizon intellectuel nécessairement limité. Il dépend pour l’essentiel de son acculturation, de ce qui lui est appris directement dans la famille, dans le groupe de jeunes avec lesquels il joue ou dans les cellules auxquelles il se trouve progressivement intégré au fur et à mesure qu’il prend de l’âge. Le langage, les connaissances techniques, la morale, tout provient, en définitive, du milieu proche. Le conservatisme général est bien moins une attitude choisie que la traduction, au plan des comportements, de l’étroitesse des perspectives et de la pauvreté des techniques de la vie maté-

rielle et sociale.

Les sociétés locales traditionnelles sont peu différenciées au plan de leurs ressources : la plus grande partie de leurs membres doivent travailler pour tirer de la nature avare ce qui est indispensable à la subsistance du groupe.