Les Oiseaux firent l’objet, pour ce qui est des espèces américaines, des monographies somptueusement illustrées de John James Audubon (v. 1780-1851) et de Charles Lucien Bonaparte (1803-1857). Citons également celles qui sont dues à René P. Lesson et Gould pour diverses familles. Les migrations aviaires furent étudiées par Hermann Schlegel (1828), Johan Axel Palmén (1876), tandis que leur « baguage »
fut introduit par H. C. C. Mortensen (1890). Le comportement des Oiseaux fit l’objet des observations de Christian et Alfred Brehm (1861-1869), tandis que R. Owen décrivait le premier Ar-chaeopteryx, espèce fossile découverte en 1861. La classification des Mammifères fut entreprise par divers auteurs (Illiger, 1811 ; de Blainville, 1816 ; Owen, 1841) qui utilisaient tel ou tel
caractère anatomique, les travaux de G. Cuvier sur leur squelette et leur dentition constituant la base des travaux ultérieurs.
Écologie et zoogéographie
Le terme même d’oecologie (au-
jourd’hui écologie), qui désigne la science étudiant les rapports des organismes avec le milieu, fut créé par Ernst Haeckel (1866) [v. écologie et évolution biologique].
L’action de divers facteurs phy-
siques ou chimiques (température, lumière, teneur de l’air en oxygène ou en gaz carbonique, etc.) fut étudiée chez divers animaux (Invertébrés et Vertébrés). C’est ainsi que, chez des Tardigrades et des Rotifères, Louis Doyère découvrit le phénomène dit aujourd’hui d’« anabiose » (ou dessè-
chement), qui leur donne la possibilité de résister à la chaleur et qui s’observe aussi chez certains Nématodes. C’est Karl August Möbius (1825-1908) qui créa les termes d’espèces eurythermes ou sténothermes, selon qu’elles supportent des variations larges ou étroites de température. Le même auteur (1877) forgea le terme de biocénose pour désigner l’ensemble des êtres vivant dans un milieu donné. L’étude des lois ré-
gissant les populations fut entreprise par Malthus* (1798, 1803) et perfectionnée par Adolphe Quetelet (1835), William Farr (1843) et A. Spencer (1852).
La zoogéographie*, ou réparti-
tion géographique des animaux, dont l’étude avait été amorcée par Buffon au XVIIIe s., fut poursuivie par Lacepède, qui divisait la surface du globe en 26 régions zoologiques délimitées par l’orographie, l’hydrographie, le climat, l’altitude et la distribution des animaux déjà connus. On trouve des idées voisines chez Humboldt (1808) et, pour ce qui est des Mammifères, chez Illiger (1804-1811) et Philip L. Scla-ter (1858), pour ce qui est des Reptiles chez A. Günther (1858), tandis que Ludwig K. Schmarda (1853) donnait le premier ouvrage d’ensemble sur la question. Citons encore les contributions d’Alfred Russel Wallace et de Thomas Henry Huxley (v. évolution
biologique).
Zoologie marine
Si l’étude morphologique et biologique des animaux marins fut entreprise dès l’Antiquité par Aristote et poursuivie dans les siècles ultérieurs, ce n’est qu’à partir du XIXe s. qu’elle fit l’objet de travaux systématiques. Pour ce qui est de la France, citons les observations de Jean-Victor Audouin et de H.-Milne Edwards (1832-1834) sur la faune littorale de la Manche et de l’Atlantique, où ils distinguèrent plusieurs zones de peuplement. Armand de Quatrefages de Bréau (1810-1892) entreprit des recherches analogues (1841-1853). Le plus grand zoologiste « marin » français du siècle dernier fut Henri de Lacaze-Duthiers (1821-1901), le fondateur des laboratoires maritimes de Banyuls et de Roscoff et l’auteur de remarquables travaux sur divers Invertébrés.
D’autres zoologistes de divers pays européens s’illustrèrent également dans ce domaine : Filippo Cavolini (1756-1810) et Stefano Delle Chiaje (1794-1860) en Italie ; Edward Forbes (1815-1854) et Thomas Henry Huxley (1825-1895) en Grande-Bretagne ; Michael Sars (1805-1869) en Norvège ; Japetus Steenstrup (1813-1897) au Danemark ; Johannes Müller (1801-1858) et Martin H. Rathke (1793-1860) en Allemagne, déjà cités à propos de leurs études sur l’Amphioxus.
Pour une meilleure étude des ani-
maux marins, la création de laboratoires situés au bord de la mer devint indispensable. Dès 1843, P. J. Van Beneden avait créé, en Belgique, une station zoologique à Ostende. En
France, c’est Victor Coste (1807-1873) qui fonda à Concarneau (1859) le premier laboratoire maritime. Puis ce fut la création de ceux de Roscoff (1872), de Sète (1879), de Banyuls (1881), d’Arcachon (1883), de Villefranche-sur-Mer (1886), qui dépendait à l’origine de l’université de Kiev (Russie) et fut ensuite rattaché à celle de Paris, d’Endoume-Marseille (1888), etc.
En Italie, la station zoologique
de Naples fut fondée en 1874 par un Allemand, Anton Dohrn, tandis qu’en
Angleterre était créé le laboratoire de Plymouth (1881), en Russie ceux de Sébastopol (mer Noire) et de Mourmansk (océan Arctique), aux ÉtatsUnis celui de Woods Hole (1886). En Afrique du Nord furent fondées les stations marines d’Alger et de Salammbô (Tunisie), et au Viêt-nam celle de Nha Trang.
Tous ces établissements jouèrent un rôle considérable dans le développement des études sur la morphologie, l’embryologie et la physiologie des animaux marins pendant la seconde moitié du siècle. Il en fut de même des grandes croisières océanographiques organisées à la même période.
Jusqu’en 1850, en effet, l’étude de la faune marine était limitée aux espèces du littoral et du plateau continental.
Dès 1859, on découvrit à 2 000 m de profondeur, en Méditerranée, des animaux vivants (coraux, Mollusques, Bryozoaires) fixés sur un câble télégraphique immergé. À partir de 1861 fut entreprise l’exploration systématique du fond des mers par plusieurs naturalistes à bord de divers navires et, de 1872 à 1876, l’expédition anglaise du Challenger, qui parcourut l’Atlantique et le Pacifique, marque le véritable début de l’océanographie moderne par les matériaux et observations considé-
rables qu’elle permit de recueillir.
D’autres expéditions furent organi-sées : en France, les croisières du Travailleur et du Talisman (1881-1883), organisées par L. de Folin ; aux États-Unis, celles du Blake (1877-1880) et de l’Albatross (1899-1900), par A. Agassiz (v. océanographie) ; en Allemagne, celle du Valdivia (1899-1900), par Karl Chun.
Il faut enfin mentionner l’oeuvre du prince Albert Ier de Monaco, un des fondateurs de l’océanographie moderne, qui, de 1884 à 1915, avec ses navires (Hirondelle I et II, Princesse-Alice I et II), entreprit une trentaine de campagnes scientifiques dans l’Atlantique et les mers arctiques et fit construire le Musée océanographique de Monaco (1910) [v. océanographie].
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20
11816
Phénomènes de sexualité et
embryologie
Ces phénomènes furent très étudiés à cette époque, tant chez les Invertébrés que chez les Vertébrés.
Chez les Protozoaires, ils furent mis en évidence par divers biologistes (conjugaison des Ciliés, décrite par Émile Maupas en 1888-89 ; sexualité des Sporozoaires, par Fritz Richard Schaudinn, Michał Siedlecki et Louis Léger, etc., vers la même époque).
Chez d’autres Invertébrés furent observés des cas d’intersexualité (études sur la bonellie, ver marin [Johann W. Spengel en 1879], sur divers Invertébrés parasités par des vers ou des crustacés [Rathke, 1837] ; notion de castration parasitaire [Alfred Giard, 1888]).
Des cas de gynandromorphisme
furent signalés aussi bien chez des Crustacés et des Insectes que chez des Poissons et des Oiseaux. Enfin, la notion d’alternance de générations (sexuées et asexuées) fut mise en évidence par Adelbert von Chamisso
(1819) et Steenstrup (1842-1845).
L’embryologie fit de grands progrès avec Karl Ernst von Baer (1792-1876), qui découvrit l’ovule des Mammifères (1827), qu’il compara à la vésicule germinative de l’oeuf d’oiseau, décrite par Purkinje (1825). De 1828 à 1837, von Baer publia un important ouvrage sur le développement embryonnaire des animaux, dans lequel il énonça un certain nombre de lois qui seront reprises par Haeckel (1866) sous le nom global de « loi biogénétique fondamentale », selon laquelle l’ontogenèse (ou développement individuel) serait une courte récapitulation de la phylogenèse (développement de la lignée).