Citons encore les travaux de A. Kovalevski (1867) et de E. Metchnikov sur le développement embryonnaire des Tuniciers et des Céphalocordés (Amphioxus).
À la fin du siècle, l’embryologie devint expérimentale avec les recherches
de Laurent Chabry (1855-1894), de Wilhelm Roux (1850-1924) et de Hans Driesch (1867-1941), grâce au perfectionnement des techniques de microdis-section. Vers la même époque (1897), Paul Marchal (1862-1942) découvrit le phénomène de la polyembryonie
(développement de plusieurs embryons par oeuf) chez un Hyménoptère. Rappelons enfin les progrès de la tératologie, ou étude des monstres, avec les travaux d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1805-1861) et de Camille Dareste (1822-1899), qui cherchèrent à provoquer l’apparition d’anomalies au cours du développement embryonnaire.
Éthologie
Ce mot fut créé en 1854 par I. Geoffroy Saint-Hilaire pour désigner la science étudiant la « conduite » (nous dirions aujourd’hui le « comportement »)
des animaux. Nous avons vu que, au XVIIIe s., Réaumur avait été un précurseur dans cette discipline par ses observations sur les moeurs des Insectes.
Celles-ci seront reprises au siècle dernier par J. H. Fabre (1823-1915), le célèbre auteur des Souvenirs entomologiques, publiés à partir de 1879
(v. entomologie).
Malgré les critiques ultérieures de certains, il s’avère que la plupart de ses minutieuses observations sont exactes.
Ch. Ferton (1856-1921) étudia plus particulièrement les moeurs de certains Hyménoptères. Citons encore les noms de G. J. Romanes (1848-1894), de Charles B. Davenport (1866-1944), qui étudia les tropismes, et de Charles O. Whitman (1842-1910), qui publia une mise au point sur le comportement animal (Animal Behavior, 1898).
Évolution
Charles Darwin* (1809-1882) révolutionna la biologie par la publication de son ouvrage Sur l’origine des espèces (1859), où, se fondant sur la variabilité des espèces animales et végétales, il mit en évidence le rôle de la sélection naturelle dans le maintien des individus possédant certains caractères morphologiques ou physiologiques les favorisant dans la lutte pour l’existence.
Les acquisitions biologiques de l’époque (travaux de Cuvier, progrès de l’embryologie, théorie cellulaire, etc.) contribuèrent au succès des idées darwiniennes malgré les attaques des fixistes et du clergé.
August Weismann (1834-1914)
[v. génétique] formula en 1883 sa théorie de la continuité du plasma germinatif, montra l’indépendance des cellules somatiques et germinales, chez lesquelles il supposait une concurrence amenant une sélection germinale. C’est là la base du néo-darwinisme, qui allait être fortifié au début du XXe s. par la découverte des mutations succédant à celle des lois de Mendel (1865), mises en évidence chez les végétaux.
Le XXe siècle
Les acquisitions de notre siècle amenèrent la zoologie à son état actuel, sur lequel on ne peut insister de façon détaillée, car, de nos jours, les progrès de cette discipline se confondent souvent avec ceux de la biologie et de la physiologie animales. Voyons cependant rapidement quelles furent les plus importantes de ces acquisitions.
Méthodes d’étude
La zoologie actuelle a beaucoup
bénéficié des progrès constants de la microscopie optique (construction de microscopes binoculaires, d’ultrami-croscopes, de microscopes à lumière ultraviolette, à lumière polarisée, à contraste de phase) et surtout de la microscopie électronique, qui permet des grossissements considérables. Parallèlement furent réalisées des coupes ultrafines (de l’ordre de 100 Å) permettant l’observation microscopique au niveau moléculaire.
Le cinéma scientifique appliqué à la zoologie, qui débuta en 1904 (film d’Antoine Pizon sur le développement d’une Ascidie), a fait des progrès considérables, et la méthode de l’accé-
lération a permis de voir des mouvements très lents, tandis que celle du ralenti autorisait l’analyse des mouvements rapides.
L’utilisation des radio-isotopes (ou
marqueurs radioactifs) a permis de suivre les déplacements d’insectes (par exemple fourmis dans la fourmilière) ou des Vertébrés (oiseaux).
Les progrès de la biochimie ont
permis de rapprocher ou de séparer diverses espèces d’après leurs caracté-
ristiques chimiques. La spectrographie a été également utilisée pour déterminer la spécificité biochimique de certains parasites vis-à-vis de leurs hôtes.
Le XXe s. a vu paraître plusieurs grands traités de zoologie, tels ceux de Willy Kukenthal, publiés à partir de 1925, d’Auguste Lameere (1929, 7 vol.), et enfin celui qui est dirigé par Pierre-Paul Grassé (32 vol. parus en 1975).
Inventaire faunistique
Avec le perfectionnement des méthodes d’étude, le nombre d’espèces animales connues s’est accru considérablement à partir de 1900, et des groupes zoologiques jusqu’ici entièrement inconnus furent découverts. Tel est le cas des Protoures, Zoraptères, Notoptères, trois ordres d’insectes décrits respectivement par Filippo Silvestri (1907, 1913) et G. C. Crampton (1915). Il en est de même des Pogonophores, vers marins benthiques découverts en 1914
et qui constituent un nouvel embranchement, et de la sous-classe des Mys-tacocarides (Crustacés), individualisée en 1943 dans le milieu aquatique dit
« interstitiel ». D’autres découvertes concernent des animaux appartenant à des groupes que l’on croyait éteints.
Tel est le cas des Mollusques mono-placophores du genre Neopilina découverts dans le Pacifique en 1952 et du coelacanthe, poisson du genre Latimeria (Crossoptérygiens) mis en évidence sur la côte orientale d’Afrique en 1938
et retrouvé depuis au voisinage des Comores.
L’okapi (Giraffidé) a été découvert dans les forêts du Congo au début du siècle.
Acquisitions diverses
Une des grandes découvertes zoologiques du XXe s. est la mise en évidence du rôle des Insectes piqueurs dans la transmission de diverses maladies
infectieuses (pou et fièvre récurrente : Edmond Sergent et Foley, 1908 ; pou et typhus exanthématique : Charles Nicolle et collaborateurs, 1909, etc.).
Les toxoplasmes (Toxoplasma)
furent découverts chez les Rongeurs (1908), puis chez l’Homme (1937). On les classe aujourd’hui dans les Sporozoaires. Il faut signaler aussi dans ce même groupe la découverte du cycle exo-érythrocytaire des Plasmodium d’Oiseaux et de Mammifères. Cette acquisition devait avoir une grande importance en médecine clinique.
L’étude cytologique des Proto-
zoaires (libres et parasites) a fait l’objet de nombreux travaux, et leur ultrastructure a pu être précisée grâce au microscope électronique.
Le rôle de certains d’entre eux (Flagellés), vivant en symbiotes de termites et de blattes dans la digestion du bois consommé par ces insectes, a pu être précisé.
La lutte contre les insectes nui-
sibles a été entreprise à l’aide d’autres insectes dits entomophages qui vivent en parasites de ceux-ci, et, à partir de 1939, ont été mis au point les insecticides de synthèse (D. D. T., H. C. H., etc.).
Un autre domaine de recherches, relativement récent, est celui de l’endo-crinologie des Invertébrés (Crustacés, Insectes, Mollusques). On a pu en effet mettre en évidence chez ceux-ci des organes neuro-sécréteurs qui déterminent le déclenchement de la mue (travaux de N. Hanström, de V. B. Wigglesworth, de C. Williams, etc.).
Hélène Charniaux-Cotton a mon-