La coutume du prêt du bétail (ukusisa) existe. L’extension du travail urbain et industriel, le manque de main-d’oeuvre qui s’ensuit expliquent la disparition de la division sexuelle du travail. Toutefois, l’organisation collective du travail subsiste pour la construction de huttes ou pour les labourages. Le peu d’importance des échanges traditionnels, la domination des valeurs liées aux troupeaux font dire aux Zoulous à propos des revenus monétaires que
« l’argent n’a pas de veaux ».
Les croyances religieuses sont dominées d’une part par des références, un peu vagues, à des êtres suprêmes et de l’autre par un culte des esprits ancestraux assez complexe. Les Zoulous distinguent Unkulunkulu (le vieux, le très vieux), qui est le créateur de toutes choses (on utilise ce terme pour désigner le premier d’une lignée), le paradis ou maître du paradis, du tonnerre et de la pluie, et Inkosazana, la princesse du paradis et fille du premier qui permit la maturation des maïs. Quant aux esprits des ancêtres, ils ont la charge de surveiller leurs descendants. Ils visitent la terre sous la forme d’un serpent et se font connaître dans les rêves, dans les signes prémonitoires et les maladies.
Ces affaires sont réglées grâce à des sacrifices de remerciements ou de réparation au cours desquels on tue une bête ; il existe également des spécialistes de la divination, mais la christianisation risque de remettre fondamentalement en cause toutes ces croyances.
J. C.
L’histoire
Le Zoulouland (ou Zululand) est le pays, adossé au Swaziland et au Mozambique, qui a été laissé aux Zoulous après les annexions effectuées par les Blancs en 1840 et 1887. Il a été rattaché au Natal* de 1897 à 1972, date où son autonomie lui a été rendue, en tant que Bantoustan, sous le nom de Kwazulu. Il compte 27 000 km 2 et une population d’environ 2 millions d’habitants, dont beaucoup travaillent dans les plantations du Natal et les mines du Transvaal. Malgré sa fertilité naturelle, le pays est surpeuplé et il y règne une grande pauvreté.
S’il est probable que les Bantous*
ne dépassent pas le Limpopo au Xe s., l’archéologie et divers témoignages montrent qu’ils tiennent les régions situées aux confins de l’Orange et du Transvaal au XIe s. (Sothos) et le Natal au plus tard au XIVe s. (Ngonis).
Lorsque, au XVIe s., les Portugais s’installent à Lourenço Marques, aux portes du futur Zoulouland, le commerce se développe entre ce centre européen et
les zones minières du plateau (Sothos).
Cela provoque la différenciation sociale des Ngonis du Nord, qui tiennent cette route, au moment où l’apparition des colons hollandais dans le Sud bloque l’expansion des Bantous.
Les anciens royaumes segmentaires cèdent la place, dans la, seconde moitié du XVIIIe s., à des États plus importants, dont le contrôle territorial est plus efficace et dont l’organisation militaire se fonde sur une réforme des classes d’âge inspirée des Sothos. C’est le cas des Ngwanes (Swazis), des Ngonis du futur Natal, des Ndwandwés et des Mtetwas du roi Dingiswayo (1807-1818). Parmi downloadModeText.vue.download 608 sur 635
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20
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les vassaux de ceux-ci se trouve le petit clan des Zoulous, dont le chef a un fils illégitime, Chaka (1786-1828), qui se distingue comme guerrier. Dingiswayo l’impose à la tête de son clan en 1816
et, quand il est tué par les Ndwandwés du roi Zwide, en 1818, Chaka organise la résistance et fonde l’Empire zoulou.
En quelques années, il se rend maître du Natal, impose sa suzeraineté aux Ngwanes, et ses armées étendent au loin leurs ravages.
Chaka met une intelligence remar-
quable au service de sa volonté de domination pour compenser une enfance humiliée qui explique une férocité parfois proche de la folie. Il transforme complètement la société en regroupant toutes les classes de jeunes gens en villages militaires, sièges des « régiments ». Les clans sont ainsi fondus en une nation, et les vaincus vite assimilés. La tactique rénovée rend leur assaut irrésistible (lances à manches courts, attaque « en cornes » visant à exterminer l’ennemi au lieu de le mettre en fuite, comme dans la tradition). Ces méthodes seront adoptées non seulement par ses sujets, mais par ses ennemis.
La formation de l’Empire zoulou
a ouvert pour toute l’Afrique du Sud une période de troubles effroyables.
La sécession d’éléments zoulous et la
fuite des vaincus amènent la destruction des sociétés traditionnelles et la formation de nouveaux États, comme le Lesotho, par une réaction en chaîne qui s’étend jusqu’au désert du Kalahari dans l’Ouest, au Zambèze et même au lac Victoria dans le Nord. Ces remous permettront aux États boers, issus du
« Grand Trek » de 1835, de s’installer sans trop de peine.
Cependant, Chaka essaie en vain
d’utiliser à son profit les commer-
çants britanniques qu’il a autorisés à s’installer à Durban en 1824. Il meurt assassiné en 1828 par son demi-frère Dingaan (ou Dingane), qui lui succède.
La nation que Chaka avait forgée
va lui survivre, mais non sa grandeur militaire. Dingaan est confronté dès 1837 à l’arrivée des Boers : après avoir fait massacrer en février 1838
Piet Retief, il est écrasé à Bloodriver, le 16 décembre 1838 par les troupes boers d’Andries Pretorius. Après son assassinat en 1840, son frère Mpande (ou Panda) est couronné roi du Zoulouland par les Boers du Natal, auxquels il s’était allié dans leur révolte contre Dingaan. Mpande cède alors aux Boers le vaste pays situé au sud de la rivière Tugela et devient vassal de la nouvelle République boer du Natal, qui, dès 1844, est transformée en colonie britannique. Renonçant à la guerre, Mpande essaie de se faire oublier et obtient l’amitié de l’officier politique du Natal, Theophilus Shepstone. Celui-ci intronise son fils Cetewayo comme roi des Zoulous, en 1873.
Mais la volonté de fédérer tous les Blancs d’Afrique du Sud amène les Britanniques à entreprendre, en 1879, l’élimination du puissant État noir que constitue le Zoulouland. Malgré une résistance remarquable (bataille d’Isandhlwana, janv. 1879), les armes à feu l’emportèrent ; Cetewayo est déporté en août 1879 et le Zoulouland divisé en 13 chefferies. Après l’échec d’un retour de Cetewayo (1883-84) et la vaine tentative de son fils Dinizulu pour reconstituer le royaume, le Zoulouland devient protectorat britannique (1887), puis est annexé au Natal en 1897. Les Zoulous sont alors soumis au système d’exploitation raciste de l’éco-
nomie sud-africaine. Le rétablissement d’une certaine autonomie en 1972, peu avant que la décolonisation du Mozambique les fasse sortir de leur isolement, annonce sans doute que la fin de la nuit est proche pour eux, sinon pour leurs frères du Natal.
Y. P.
F Afrique du Sud (république d’) / Natal.
& E. J. Krige, The Social System of the Zulus, Shuter and Shooter (Londres, 1936). / A. Vila-kazi, Zulu Transformations (Pietermaritzburg, 1962). / D. H. Reader, Zulu Tribe in Transition (New York, 1966).
Zuiderzee (le)
Golfe de la mer du Nord, pénétrant profondément à l’intérieur du territoire néerlandais.
Le nom signifie littéralement « mer du Sud », par opposition à la « mer du Nord » et à la Baltique (Oostzee, ou
« mer de l’Est »). Depuis qu’il a été barré par une digue (1932), le Zuiderzee porte le nom de lac d’IJssel (IJsselmeer).
Du Zuiderzee
au lac d’IJssel
Le Zuiderzee est une création des transgressions marines de l’époque historique, qui ont considérablement agrandi et mis en communication avec la mer le lac Flevo des Romains ; la ligne de rivage se fixe à peu près à la fin du Moyen Âge grâce à la construction de digues sur le pourtour ; mais au milieu du XIXe s., encore, l’île de Schokland (qui abrite aujourd’hui un musée), rongée par les eaux, doit être évacuée. Profond en moyenne de quelques mètres seulement, mais avec des chenaux accessibles aux navires d’alors, le Zuiderzee est extrêmement fréquenté par la navigation maritime du XIIe s. au XVIIIe s. ; moins dangereux que la mer du Nord malgré ses tempêtes, il s’ouvre en effet sur la Scandinavie et les pays de la Baltique, avec lesquels les Pays-Bas entretiennent d’importantes relations commerciales : des ports bien abrités comme Kampen (près de l’embouchure de l’IJssel) et