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Amsterdam* témoignent de cette activité. Au XVIIe s., encore, le Zuiderzee relie plus qu’il ne les sépare l’ouest et le nord-est du territoire néerlandais actuel : des navires chargés de grains, de tourbe, de bétail, de beurre et de fromage y croisent les services réguliers de voyageurs joignant Amsterdam aux petits ports du sud de la Frise*, de l’Overijssel* et de la Gueldre*. Mais déjà des difficultés apparaissent : les chenaux s’envasent alors que la taille des navires augmente, et ceux-ci ne peuvent plus toujours accéder à pleine charge au port d’Amsterdam ; le commerce maritime s’oriente plus vers l’ouest que vers le nord, au bénéfice surtout de Rotterdam. Au cours de la première moitié du XIXe s., on doit creuser un canal d’Amsterdam au Helder et, de 1865 à 1876, le canal de la mer du Nord, qui détourne vers l’ouest le trafic du grand port néerlandais. Parallèlement, la concentration de la navigation maritime se fait aux dépens des petits ports du Zuiderzee, tandis que la construction des réseaux routier et ferroviaire ruine rapidement le cabotage. Vers 1870, un voyageur français, H. Havard, publie un récit dont le titre seul donne une idée de la situation : Voyage aux villes mortes du Zuiderzee ; des ports comme Hoorn et En-khuizen, qui avaient connu une grande prospérité, n’ont plus qu’une médiocre activité de pêche, et les relations entre les rives du golfe ont presque complè-

tement disparu. De lien, le Zuiderzee est devenu obstacle.

Le premier projet de reconquête

sur la mer date du XVIIe s., mais seuls les moyens techniques de l’ère industrielle et les possibilités financières d’un État moderne pouvaient permettre une opération de cette ampleur. Après plusieurs études au cours de la seconde moitié du XIXe s., les graves inondations de 1916 font prendre la décision de commencer les travaux (1918). La première étape, qui dure jusqu’en 1934, comprend deux éléments distincts :

— la création d’un polder expérimental de 20 000 ha, le Wieringermeer, par rattachement de l’île de Wieringen au continent (1925), la construction d’une digue de ceinture (1929), l’assè-

chement (1930) et la mise en culture

(1934) ;

— l’établissement de la digue de fermeture du Zuiderzee (Afsluitdijk), entre Wieringen et la côte frisonne (29 km) ; les travaux, qui durent de 1927 à 1932, se heurtent à d’énormes difficultés techniques, mais sont finalement menés à bien ; large de 90 m, haute de 7 m au-dessus de la mer, la digue est percée d’écluses permettant le passage de petits navires (de pêche notamment) et la régularisation des eaux dans ce qui deviendra peu à peu un lac d’eau douce, le lac d’IJssel.

La digue porte une route (le projet de construction d’une voie ferrée ne sera pas réalisé) qui raccourcit sensiblement les distances entre Amsterdam et le nord du pays (la Frise en particulier), qui souffrait de son isolement depuis le déclin de la navigation à travers le Zuiderzee. Enfin, elle assure la protection des travaux ultérieurs et abaisse considérablement le coût des digues de ceinture des nouveaux polders.

La poldérisation

du Zuiderzee :

les travaux

Comme la plupart des projets de poldérisation, celui qui a été retenu ne prévoit pas l’assèchement complet du lac d’IJssel ; à cela trois raisons principales : l’utilité de conserver une réserve d’eau douce, la volonté de maintenir en activité les petits ports du littoral et de l’île d’Urk, l’inégale qualité agricole des dépôts sous-marins. En effet, si la partie méridionale du lac comporte des sédiments argileux et argilo-sableux à partir desquels peuvent se développer de bons sols de culture, les sables grossiers et les graviers de la partie nord présentent un intérêt beaucoup moindre. Aussi décide-t-on de limiter les gains de terres à 225 000 ha, répartis entre quatre polders (outre le Wieringermeer). Le premier, le polder du Nord-Est (Noordoostpolder), couvre 48 000 ha ; les travaux d’endiguement commencent en 1937, se terminent

dans des conditions difficiles en 1942, mais la guerre retarde l’assèchement et la mise en culture, qui n’interviennent qu’après la Libération ; ce polder est contigu au « vieux pays », où il détermine un abaissement de la nappe phréa-downloadModeText.vue.download 609 sur 635

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20

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tique préjudiciable à l’agriculture.

C’est pourquoi les travaux ultérieurs laisseront entre les polders et l’ancien rivage des étendues aquatiques (Ve-luwemeer, Gooimeer...), utilisables en outre pour la navigation et le tourisme.

En 1950 commence l’endiguement du Flevoland-Oriental (Oostelijk Flevoland), dont les 54 000 ha sont asséchés en 1957 et mis en culture à partir de 1962. De 1959 à 1968, c’est le tour du Flevoland-Méridional (Zuidelijk Flevoland), dont l’aménagement agricole se termine actuellement (43 000 ha).

Reste le Markerwaard (56 000 ha), dont l’endiguement est déjà bien avancé.

Depuis le Wieringermeer, la

connaissance du milieu et les moyens mis en oeuvre ont beaucoup progressé, mais les techniques utilisées restent fondamentalement les mêmes. La

première étape consiste à entourer l’espace à conquérir sur les eaux d’une digue constituée de sable, d’argile, de fascines et de blocs de rocher (que les Pays-Bas doivent importer de l’étranger) ; puis un système de pompes électriques assèche le polder, ce qui prend près d’une année, car la hauteur d’eau peut dépasser 5 m. On obtient alors une vasière qu’il faut drainer (canaux, drains souterrains en poterie, plantation de roseaux), niveler et transformer en terres de culture. Tout ce processus, y compris les premières années d’expé-

rimentation agricole, est à la charge de l’État : le lotissement des terres n’intervient que lorsqu’elles sont en état d’être exploitées.

Les polders,

espace agricole

Un des buts essentiels de l’opération était à l’origine le gain de terres cultivables dans un pays où la petite taille des exploitations, les fortes densités de population, l’énorme consommation d’espace par les villes, l’industrie et les voies de communication posaient le problème de la survie de l’agriculture et du monde rural. Cette colonisation

devait concilier deux objectifs contradictoires : créer une agriculture moderne et rentable, mais aussi satisfaire à des besoins sociaux en fournissant des terres ou du travail au plus grand nombre possible de paysans et de salariés agricoles issus du vieux pays. Il n’était donc question ni de diviser les polders en quelques très vastes exploitations de type nord-américain, ni de les découper en une multitude de petites unités insuffisantes pour assurer la subsistance d’une famille. Il a fallu rechercher une taille minimale, variable selon les systèmes de culture proposés par les agronomes (polyculture à base céréalière, association culture-élevage, élevage, horticulture) ; mais la rapidité de la modernisation de l’agriculture a entraîné une augmentation des dimensions des exploitations au fur et à mesure que de nouveaux polders étaient mis en valeur : ainsi, la superficie moyenne de 25 ha des exploitations non horticoles du polder du Nord-Est (contre 40 ha dans le Flevoland-Oriental) paraît faible aujourd’hui pour faire vivre une famille et pour assurer un emploi à plusieurs ouvriers agricoles.

L’agriculture des polders repose cependant sur des bases très favorables.