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Il traduit le « climat » propre à chacun

— rusticité des Chartreux et des Franciscains, distinction affable des Dominicains ou des Hiéronymites —, mais aussi certaines constantes de types psychologiques (les dominateurs, les doux, les anxieux) ou d’attitudes spirituelles : absence d’emphase et séré-

nité, disponibilité au martyre comme au miracle, attente de la visite céleste (Saint Pierre crucifié chez saint Pierre Nolasque, Prado ; le Christ chez le père Salmerón, Guadalupe, etc.) qui baigne la vie quotidienne de solennité et de mystère.

Mais ce secteur monastique repré-

sente à peine la moitié de l’oeuvre connu de Zurbarán, qui est aussi un évocateur, pathétique autant que discret, de la solitude du Christ dans la Passion (Sainte Face, Stockholm ; plusieurs Christ en croix : Séville, Prado, Ermitage, etc.), un puissant constructeur d’apôtres, de docteurs, de martyrs, d’une majesté tranquille. Il est surtout l’un des peintres les plus sensibles de la jeune femme et de l’enfant : et cela moins dans les images hiératiques de saintes aux lourdes parures que dans ces Immaculées adolescentes, fières et secrètes (Madrid, Prado, musée Cerralbo, etc.) qui font paraître fades celles de Murillo, ou ces « Enfances »

de la Vierge et du Christ (la Vierge enfant endormie, Jerez ; l’Atelier de Nazareth, Cleveland), humbles scènes d’intérieur chargées de symboles et de présages. Enfin, Zurbarán « peintre des choses » est la grande découverte de notre temps. La conscience pleine d’amour avec laquelle il rend les pains, les fruits et les fleurs, les vanneries et les poteries, la vigueur expressive des volumes et des reflets, comme la sobriété et la rigueur de la composition donnent une grandeur religieuse aux morceaux de nature morte si nombreux

dans ses tableaux, et plus encore à downloadModeText.vue.download 612 sur 635

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20

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quelques bodegones, dont la Corbeille de fruits, avec tasse et citrons de l’ex-collection Contini de Florence (1633) est le plus célèbre.

Tel quel, avec ses grandeurs et ses limites, Zurbarán occupe une place à part dans l’art espagnol. Inégal, parfois maladroit quand un sujet ne l’inspire pas, inapte aux compositions savantes, dé-

pourvu d’invention (mais marquant ses emprunts de sa griffe, qui les simplifie et les solennise), il incorpore à sa peinture des influences multiples : Dürer*, la Flandre maniériste et baroque, le ténébrisme caravagesque ; en Espagne, le tendre et mélancolique Morales*, et ceux qui ont appris le « maniérisme réformé » de l’Escorial avant d’évoluer vers le réalisme : le Sévillan Roe-las*, le Tolédan Sánchez Cotán. Mais l’influence majeure semble celle de la sculpture polychrome en bois, surtout en la personne du Sévillan Montañés*, qui a si fortement marqué Zurbarán : reliefs cassants, figuration statique et monumentale, indifférence aux demi-teintes et à l’enveloppe atmosphérique, qui donnent parfois au réel une sorte d’irréalité magique. On comprend

que, par rapport à ses contemporains Vélasquez et Cano*, Zurbarán fasse vers 1650 figure d’attardé, figé dans son univers raide et immuable. En revanche, la sensibilité d’une époque formée par Cézanne* et le cubisme*

l’adopte sans effort. Ce monde épique, viril et candide, nourri de certitudes, qui associe sans effort le surnaturel au quotidien, vient rafraîchir notre âge aride. Il exprime en tout cas, mieux que les visions frémissantes et désincar-nées du Greco*, cette Espagne rurale des plateaux, paisible et grave, qui est peut-être la plus profonde Espagne.

P. G.

& J. A. Gaya Nuño, Zurbarán (Barcelone, 1948). / M. S. Soria, The Paintings of Zurbarán (Londres, 1953). / P. Guinard, Zurbarán et les peintres espagnols de la vie monastique (Éd.

du Temps, 1961). / R. Torres Martin, Zurbarán, el pintor gótico del siglo XVII (Séville, 1963). /

M. L. Caturla, Fin y muerte de Zurbarán (Madrid, 1965). / P. Guinard et T. Frati, Tout l’oeuvre peint de Zurbarán (Flammarion, 1975).

Zurich

En allem. zürich, principale v. de Suisse ; 407 000 hab. (715 000 hab.

pour l’agglomération).

La géographie

Le développement de Zurich a été favorisé par toute une série de facteurs naturels et humains : site et situation géographique favorables, proximité de zones agricoles riches et densé-

ment peuplées, existence d’un artisanat de vieille tradition orienté vers les échanges et acceptant le fait industriel ; dynamisme d’une population, essentiellement protestante, qui sut faire de la ville, dans le cadre de l’autonomie cantonale, une véritable métropole européenne ; enfin, conditions politiques issues de la neutralité suisse et assurant la stabilité.

Le site et la situation

Le lac de Zurich (Zürichsee) est installé dans la dépression déterminée par les deux chaînons de direction S.-E. -

N.-O., le Zimmerberg, au sud, et le Pfannenstiel, au nord. C’est à la terminaison nord du lac que s’est développée la ville de Zurich, là où la Limmat joue le rôle d’exutoire. La ville, tout en étant en contact avec les Alpes, s’ouvre sur le Mittelland. La terminaison septentrionale du lac, à la hauteur de la vieille ville, est formée par une couronne des moraines würmiennes. C’est en contournant cet arc que la Sihl va rejoindre la Limmat. Un ensellement entre le Zürichberg et le Käferberg ouvre le lac de Zurich et la vallée de la Limmat en direction de la vallée de la Glatt (Dübendorf, Schwamendingen, Oerlikon [Örlikon], Glattbrugg), plus pauvre en eau. Cela a favorisé l’expansion de la ville vers le nord et le nord-est (indépendamment du pourtour du lac).

Le lac de Zurich se trouve à une altitude de 406 m. Le point le plus élevé

situé sur le territoire municipal est le Uetliberg, appelé aussi Uto, culminant à 871 m. L’arc morainique, si important pour la fixation de la vieille ville, a été, à plusieurs endroits, percé par les eaux de fusion des glaciers, laissant des passages importants, ainsi que des collines. Décisive pour la genèse de la ville a été la colline Lindenhof, dominant la Limmat de plus de 20 m. La ville doit beaucoup au lac, qui constitue un environnement qui n’a cessé d’être valorisé. Ses bords ont été colonisés dès la préhistoire. La Limmat, d’une largeur de 200 m à la sortie du lac, se rétrécit jusqu’à 50 m à la hauteur de l’hôtel de ville. Le lac jouant le rôle de régulateur, les rives de la Limmat sont donc attractives jusqu’au confluent de la Sihl, qui perturbe considérablement son cours.

Le développement urbain

Les routes naturelles longeant le lac se rejoignent au nord de celui-ci pour se séparer de nouveau, formant une es-pèce d’étoile soulignant l’importance de la situation géographique au contact du monde alpin et du Mittelland. Le pont de l’hôtel de ville a été le point de convergence et de dispersion décisif. Un établissement celte, d’abord, un point d’appui militaire romain, ensuite, ont occupé cet emplacement.

Des enceintes successives agrandirent la ville, axée sur la rivière. La ceinture morainique est franchie au XIVe s., en direction de l’actuelle Bahnhofs-trasse. La ville comptait alors de 6 000

à 7 000 habitants. Le XVIIe s. voit la construction d’une enceinte à la Vauban. La situation de la ville était telle que celle-ci contrôlait tous les ponts in-téressant les régions voisines. De plus, elle était le lieu de rupture de charge entre la navigation lacustre et fluviale, d’une part, et les transports routiers, d’autre part.

L’artisanat s’était développé, très tôt, sur les rives de la Limmat utilisant la force hydraulique de cette dernière.

Moulins, scieries et forge étaient alignés côte à côte. Les reste de ces établissements industriels étaient visibles jusqu’en 1949. Les maisons pittoresques des corporations, conservées

dans le voisinage rappellent ces activités passées.