Les ponts déterminèrent aussi la
localisation des nombreux marchés.
Au XIXe s., les fortifications cédèrent la place à des espaces verts. Ce fut l’occasion de construire des édifices publics.
C’est ainsi que, sur la « Hochschul-terrasse », furent implantés l’université, l’École polytechnique fédérale (Polytechnicum), l’hôpital cantonal, les écoles cantonales, etc. La gare principale fut construite, au nord, sur un terrain vierge, en 1847. Elle permit de réaliser la première liaison suisse (Zurich-Baden). La gare donna naissance, sur près de 3 km, à de multiples activités industrielles et commerciales.
Le travail de la soie fut introduit d’Italie dès le Moyen Âge. Celui du coton le fut, de Locarno, au XVIe. La révocation de l’édit de Nantes amena de nombreux huguenots dans la ville.
L’industrie textile en profita en premier. Le travail à domicile était largement répandu à Zurich et dans les campagnes environnantes. Des entrepreneurs zurichois contrôlaient ainsi downloadModeText.vue.download 613 sur 635
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20
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les campagnes voisines. Au milieu du XIXe s., on dénombrait à Zurich 40 usines à soie et 18 grossistes en soieries. La fabrication de broches à filer, de métiers à tisser est une consé-
quence du travail du textile. Ainsi na-quirent des quartiers industriels de part et d’autre de la Limmat, au nord de la vieille ville. Mais rapidement l’industrie déborda le cadre urbain pour s’installer dans les environs, notamment à Oerlikon. Les quartiers présentent des différences sociales assez considé-
rables. Les fonds de vallée ont été rapidement colonisés par les populations ouvrières. L’habitat est plus aéré sur les coteaux, à proximité du lac. Plus on s’éloigne de la ville, plus les habitations sont cossues. La topographie ainsi que l’industrie ont amené une véritable ségrégation sociale. C’est sur les pentes du Zürichberg qu’on trouve les plus belles habitations.
Les aspects démographiques En 1833, Zurich ne comptait encore que 35 000 habitants. La croissance s’accélère à la fin du XIXe s., la ville atteignant 104 000 habitants en 1888
et 168 000 en 1900. Immigration, ex-cédent des naissances et annexions de communes en sont les causes. Toutefois c’est au XXe s. que se place la croissance la plus rapide : 215 000 habitants en 1910 et 440 000 en 1960. Depuis cette date, il y a une légère régression (407 000 en 1972) qui est due à l’émigration vers la périphérie de nombre de personnes aisées.
L’immigration continue a légère-
ment altéré la répartition en fonction des langues parlées. En 1970, la répartition est la suivante : sur 1 000 habitants, 827 parlent l’allemand, 24 le français, 89 l’italien, 60 diverses langues. Zurich peut passer pour une ville protestante, mais en pourcentage la population de confession protestante n’a cessé de reculer (54,1 p. 100 en 1972).
La structure de la population montre un fort pourcentage de personnes
âgées. Plus de 16,3 p. 100 ont plus de 65 ans. À la base de la pyramide des âges, les moins de 20 ans regroupent 20,2 p. 100 de la population. Les étrangers n’étaient que 3 250 en 1836, mais 74 000 en 1970, dont 30 500 Italiens.
La vie industrielle
En apparence, l’industrie ne donne pas des caractères originaux à Zurich.
Toutefois, avec près de 46 p. 100 des actifs (artisanat compris, selon la définition suisse), elle constitue l’activité première de la ville, animant d’autres secteurs économiques. Les quelque 6 000 établissements industriels dissé-
minés dans la ville donnent une idée de la variété du travail industriel, qui repose sur une tradition artisanale vivace.
La construction de machines, d’appareils et d’équipements arrive très largement en tête, avec environ un tiers des effectifs ouvriers. Cette branche est une spéciale zurichoise. Elle s’exprime le mieux à travers l’importante
fabrique de machines d’Oerlikon, de réputation mondiale, aujourd’hui incorporée dans le puissant groupe germano-suisse Brown Boveri & Cie (BBC). Mais, à côté de ce géant, on trouve une multitude d’entreprises de moyenne importance travaillant activement pour l’exportation. L’industrie métallurgique (chaudronnerie, etc.) arrive en seconde position, précédant les industries graphiques, qui emploient plus de 12 000 travailleurs. Zurich est la métropole de la confection suisse (près de 12 000 emplois). L’industrie chimique (pharmacie), avec 4 p. 100
des emplois industriels, occupe une place plus modeste. Technologique-ment très avancée, travaillant en étroite collaboration avec l’université et le Polytechnicum, l’industrie zurichoise contribue activement aux exportations suisses.
La métropole commerciale et
financière de la Suisse
Le commerce, la banque et les assurances occupent un peu plus de
100 000 personnes. Grâce à sa situation géographique exceptionnelle, Zurich assure un rôle de distribution et de redistribution à l’échelle de la Suisse entière, voire de l’étranger immédiat.
Les principales maisons commerciales suisses ont au moins une antenne à Zurich. Les banques et assurances fournissent à elles seules un peu plus de 16 000 emplois dans la ville. La Banque nationale suisse (banque centrale) a un double siège à Berne et à Zurich. Plus de 80 banques ont leur siège principal ou au moins une succursale importante à Zurich.
La Bourse, dont le volume de transactions est élevé, est une des premières du monde. Elle a permis de mobiliser de nombreux capitaux au profit de l’économie zurichoise. La ville s’appuie sur une vaste région industrialisée et urbanisée. Dans un rayon de moins de 30 km, on trouve ainsi deux centres urbains qui épaulent la puissance économique de Zurich : Baden, siège de la puissante BBC, et Winterthur, siège d’une des plus puissantes compagnies d’assurances.
Un centre culturel et touristique
De ville suisse, Zurich s’est hissé à, partir de la fin du XIXe s. au rang de métropole européenne.
La taille des établissements universitaires n’est peut-être pas considérable, mais leur renommée est grande. L’université (fondée en 1833) est fréquentée par 9 800 étudiants (1973). Le fameux Polytechnicum (fondé en 1855), fierté de la Suisse, compte 7 000 étudiants, dont seulement 1 350 sont du canton de Zurich, mais 4 500 du reste de la Suisse et 1 100 étrangers. On mesure le rôle national et international de Zurich à travers ces chiffres.
La vie culturelle est fondée sur des équipements nombreux, variés et de très haut niveau. Le tourisme est à la fois d’affaires et culturel. À l’attrait de la vieille ville s’ajoute l’attraction de la technologie suisse. Le tourisme est non seulement une importante source de revenus, mais encore de devises.
Une métropole internationale et
alpine
Au XIXe s., l’essor de Zurich a été favorisé par les grandes percées alpines et le développement des chemins de fer.
De ce fait, la ville est devenue une véritable plaque tournante ferroviaire, intéressant l’ensemble de la Suisse, mais aussi l’Italie, la France, l’Allemagne, voire des pays plus lointains du fait de l’importance des tunnels alpins.
Aujourd’hui, les routes et autoroutes accentuent la valeur du carrefour zurichois. L’aéroport, installé dans la zone urbanisée de Kloten, est le premier de Suisse. Inadapté au trafic moderne, il est en voie d’extension. En 1972, le trafic a porté sur 5,5 millions de passagers, classant Zurich au onzième rang des aéroports européens. La compagnie Swissair a son siège à Zurich.
F. R.
L’histoire
L’histoire de Zurich remonte au
IIIe millénaire avant l’ère chrétienne.
Quand les glaciers se furent retirés, les bords du lac de Zurich se peuplèrent de cités lacustres. Au cours des 500 ans
qui précédèrent notre ère, des tribus celtiques, et plus tard les Helvètes, établirent des colonies agricoles et bâtirent une forteresse sur l’Uetliberg.