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Les Romains, ayant conquis l’Hel-

vétie au Ier s. apr. J.-C., construisirent une citadelle et une station de péage (Turicum) sur le Lindenhof. Selon la légende, les premiers chrétiens qui s’établirent à Zurich faisaient partie de la légion Thébaine ; parmi eux se trouvaient Felix, Regula et Exuperantius, qui furent décapités (v. 303) à l’endroit où se dresse aujourd’hui la Wasser-kirche : les trois martyrs devinrent les patrons de la ville.

Lors de la décadence de l’Empire

romain, les Alamans envahirent la cité. Les alentours du lac furent soumis par les Ostrogoths et plus tard par les Francs. À la fin du VIIIe s., une downloadModeText.vue.download 614 sur 635

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 20

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église, que remplacera aux XIe-XIIIe s.

le Grossmünster, fut construite (vraisemblablement par Charlemagne) et un chapitre de chanoines fut institué. En 853, Louis II le Germanique (petit-fils de Charlemagne) fonda une abbaye de femmes, Fraumünster, en l’honneur de Felix et Regula. Sa fille Hildegarde en fut la première abbesse.

Investie de droits et privilèges très étendus, l’abbesse de Fraumünster fut pendant plusieurs siècles la souveraine incontestée de Zurich. Le Lindenhof était dominé par le château servant de résidence royale (Pfalz), autour duquel on construisit des églises, des couvents et les habitations destinées aux dignitaires de la cour, marchands et artisans.

La petite cité médiévale, qui comptait 6 000 habitants, jouit d’une heureuse prospérité pendant 350 ans. Le nom de Rüdiger Manesse, avec son cercle de « Minnesänger », d’artistes et de mécènes, témoigne d’une première floraison littéraire et artistique au XIIIe s.

En 1218, Zurich fut proclamée ville libre. Un siècle plus tard, les artisans, ayant à leur tête Rudolf Brun (v. 1300-

1360), renversèrent le gouvernement aristocratique (1336). Treize corporations artisanales fondées à cette époque prirent en main le gouvernement de la cité avec la corporation des « seigneurs », comprenant les aristocrates et les marchands. Elles exercèrent le pouvoir durant plus de 300 ans et subsistent encore aujourd’hui, comme associations culturelles et sociales, sans aucune influence politique.

En 1351, Zurich adhéra à la Confé-

dération helvétique, fondée en 1291, dont elle forma le cinquième canton.

Après maintes querelles territoriales contre Schwyz et les autres Confédérés (guerre de Zurich, 1436-1446), l’alliance des cantons fut définitivement consolidée vers 1450. L’acquisition du comté de Kyburg en 1452 et de la ville de Winterthur en 1467, une participation déterminante aux guerres de la Confédération contre l’État bourguignon valent à Zurich — au sommet de sa puissance — une influence prépondérante au sein de la Confédération, spécialement sous le gouvernement de son bourgmestre Hans Waldmann

(1435-1489).

Le 29 janvier 1523, le théologien Ulrich Zwingli* fait adhérer Zurich à la Réforme. La cité fut dès lors un centre de sa nouvelle doctrine en Suisse ; elle eut par la suite à souffrir de luttes confessionnelles. Quand ces querelles eurent pris fin, Zurich connut un renouveau de prospérité économique et culturel, marqué par les noms de J. J. Bodmer et de J. J. Breitinger —

qui redonnèrent un lustre à la littérature allemande —, de Salomon Gessner,

peintre et poète bucolique, de Johann Martin Usteri, écrivain et peintre, de Johann Kaspar Lavater, un des créateurs de la physiognomie et grand ami de Goethe, de Heinrich Pestalozzi, pédagogue de réputation mondiale, de Heinrich Füssli, peintre, etc. En 1756, Zurich comptait 11 600 habitants.

Pendant la première moitié du

XIXe s., Zurich subit des transformations profondes. Au développement rapide de l’industrie dans le canton et la ville (industrie textile, construction de machines) s’associa l’émancipation démocratique des paysans et

des bourgeois contre les traditionnels groupements patriciens élitaires. Depuis 1848, année où fut établie la nouvelle constitution fédérale, Zurich n’a cessé de jouer un rôle de premier plan dans les destinées de la Confédération, grâce à sa puissance économique et à l’influence de personnalités comme Alfred Escher (1819-1882), initiateur de la création du Polytechnicum et de la construction de lignes de chemin de fer, parmi lesquelles celle du Saint-Gothard. Au début du XIXe s., la ville entreprit de raser ses fortifications et engloba treize faubourgs, avec lesquels elle ne forma plus qu’une seule commune à partir de 1893.

La seconde moitié du XIXe s. fut une période de prospérité économique ; elle fut aussi marquée par le rayonnement considérable de la vie culturelle zurichoise, ses représentants les plus illustres étant Gottfried Keller et Conrad Ferdinand Meyer, classiques de la littérature allemande. Des personnalités éminentes telles que l’écrivain Georg Büchner et l’historien Theodor Mommsen enseignèrent à l’université et au Polytechnicum. Nombres d’artistes, d’écrivains, de savants et d’hommes d’État ont vécu et travaillé à Zurich, Richard Wagner entre autres.

Au XXe s., la ville fut en proie aux luttes de partis. Après la Première Guerre mondiale, les socialistes

conquirent la majorité dans les deux conseils de la ville (1925-1928) et la conservèrent jusqu’en 1949. Depuis lors, les forces politiques en présence tendent à s’équilibrer. (Une particularité intéressante de cette époque fut la création d’un nouveau parti indé-

pendant par l’entreprenant Zurichois Gottlieb Duttweiler, créateur des su-permarchés « Migros ».) En 1934, huit autres faubourgs ont été rattachés à la commune de Zurich.

H. O.

F Suisse.

& P. Kläni, Zürich. Geschichte der Stadt und des Bezirks (Zollikon, 1948).

Zwingli (Ulrich)

Réformateur suisse (Wildhaus, cant.

de Saint-Gall, 1484 - Kappel, cant. de Zurich, 1531).

Les débuts

Ulrich (ou Huldrych) Zwingli naît le 1er janvier 1484 à Wildhaus, petite bourgade alpestre dépendant de l’abbaye de Saint-Gall. Fils d’une famille nombreuse mais aisée de paysans, il grandit dans une atmosphère de fidé-

lité à l’Église et de conscience civique solide. Tout enfant, il est confié à un de ses oncles, prêtre, qui lui enseigne le latin, avant qu’il aille parfaire sa formation à Vienne et à Bâle. Après des années de très bonnes études, il quitte l’université et, en 1506, devient curé de Glaris. Quelques années se passent sans histoires ; il s’intéresse avec d’autres à l’Antiquité redécouverte, participant aux heurs et malheurs des mercenaires suisses : aumônier des vaincus de Mari-gnan, il en tire la conclusion que seule la neutralité est compatible avec la situation et le tempérament des Suisses.

Comme ses paroissiens ne l’entendent pas de cette oreille, il les quitte en 1516 et devient prédicateur du pèlerinage d’Einsiedeln. Comme Luther, il se plonge alors dans le texte grec du Nouveau Testament, qu’Érasme vient d’éditer et, sans grande crise, avec une entière conviction, il découvre que le centre de l’Évangile est le pardon, la bonne nouvelle de la miséricorde du Christ.

Le réformateur

Dès lors, sa prédication a un sel et une verve inusités : il est promu à la collégiale (Grossmünster) de Zurich en 1518 et commence, le 1er janvier 1519, pour l’instruction du peuple, à y pratiquer la lectio continua, lecture et explication d’un texte d’un bout à l’autre ; cette manière de prêcher sera longtemps une des caractéristiques des réformés, face aux luthériens restés fidèles à l’usage catholique des péri-copes. Et sans que l’on puisse bien en dater les étapes, il parvient petit à petit au terme d’une évolution où, d’humaniste qu’il était, il est devenu protestant : les ouvrages de Luther, qu’il découvre vers 1520, correspondent à une certitude déjà établie en lui et qu’il