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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

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songe seulement à l’importance du cadre extérieur dans un roman comme la Princesse de Clèves. La personne est ici effacée derrière le type, l’honnête homme apparaît comme modèle, non

comme incarnation.

Avec le siècle suivant s’ouvre une nouvelle période dans la manière de situer l’homme : le moi s’affirme d’em-blée, récusant toute autre vérité que lui-même. « J’ose croire n’être fait comme aucun autre de ceux qui existent », prétend Rousseau dans les premières lignes des Confessions : et telle est bien cette nouvelle personne engendrée par les philosophes, forte et individualisée dans ce qu’elle croit être son bien le plus précieux et qu’elle traduit par une exaltation du moi que le romantisme exploitera de façon systématique.

« Siècle de dissolution de l’individu », ainsi qu’on a coutume de l’appeler, notre siècle est caractérisé par un renversement radical des valeurs sur lesquelles s’appuyait la culture occidentale. Aujourd’hui, la personne en arrive à douter de sa propre existence : et c’est Proust, dont le je d’À la

recherche du temps perdu reste mysté-

rieux parce qu’il se cherche constamment, car, « malgré le nombreux bilan de ses richesses, tantôt les unes, tantôt les autres sont indisponibles ». Ainsi, tant qu’elle demeure vivante, la personne n’a qu’un caractère « fictif ».

Elle peut se mirer, éparse, sans espoir d’unité. C’est ce que tentent de montrer les pièces de Pirandello, dont les héros connaissent le secret sans pouvoir l’atteindre, puisqu’il est dans l’âme et que « je ne puis espérer y pénétrer ».

Cette situation apparemment sans espoir engendre ce que l’on a qualifié de sentiment de l’absurde* : c’est pourquoi s’est développée une philosophie de l’engagement (Sartre, Camus), qui, refusant les conclusions passives de l’absurde littéraire, tente de se créer par l’action. La personne n’est plus donnée comme préexistante, passive : pour exister, elle doit se nier et s’affirmer tout à la fois, ainsi que l’exprime Sartre : « Je suis ce que je ne suis pas et ne suis pas ce que je suis. »

D. C.

F Absurde / Journal intime / Mémoires / Roman.

J. Merlant, De Montaigne à Vauvenargues.

Essai sur la vie intérieure et la culture du moi (Soc. fr. d’impr. et de libr., 1914). / J. Prévost, Essai sur l’introspection (Au Sans Pareil, 1927).

/ P. Trahard, la Vie intérieure (Boivin, 1947). /

R. Pascal, Design and Truth in Autobiography (Londres, 1960). / P. Lejeune, l’Autobiographie en France (A. Colin, coll. « U 2 », 1971).

autodrome

Enceinte privée comportant une piste de vitesse et un circuit routier, parfois des installations annexes pour les essais de voitures automobiles, et dans laquelle se déroulent des courses de vitesse, ou qui sert de lieu d’étude pour les constructeurs.

Conception, succès et

déclin de l’autodrome

Conçu pour être le théâtre de courses de vitesse, l’autodrome comporte un anneau (ou piste de vitesse) avec virages relevés et un circuit routier présentant de grandes difficultés pour mettre à l’ouvrage tous les organes mécaniques des véhicules en présence.

L’avantage de l’autodrome, organisation privée, est d’être constamment disponible pour les courses tout en présentant, pour les spectateurs, un maximum de sécurité et de facilité. En revanche, l’entretien des installations, notamment la réfection régulière du sol, nécessairement onéreux, n’est pas couvert par les recettes provenant des droits d’entrée perçus. Après le succès initial de ces entreprises, le déclin survint rapidement. En 1925, on comptait au moins un autodrome en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, et trois en France. Actuellement, deux seulement conservent quelque activité : Montlhéry (sur la commune de Linas) en France et Monza en Italie.

Encore ne sont-ils soutenus que par les abonnements annuels versés par les constructeurs, qui les utilisent pour leurs essais particuliers.

y L’autodrome de Linas Montlhéry fut réalisé par Alexandre Lamblin (1885-1937), qui acquit, dans la région de Linas, à 25 km de Paris, un domaine de 650 ha comportant deux châteaux

— dont l’un subsiste encore — et trois fermes. L’anneau de vitesse, d’un développement de 2,333 km, dessiné

par l’ingénieur Jamin, est composé de deux lignes droites de 180 m chacune et de deux virages relevés pour permettre une vitesse de 230 km/h, en arc de cercle, raccordés par des « lima-

çons » de Pascal. La largeur de la piste est de 18 m, mais elle atteint 21,20 m dans les courbes. Inauguré en août 1924, l’autodrome, dont le circuit routier est de 14,737 km, était déclaré en faillite en 1928. Géré par un syndic jusqu’en 1938, il fut racheté par le ministère de la Guerre, qui l’utilisa de 1939 à 1946 sans l’entretenir.

En 1946, l’Union technique de

l’automobile et du cycle entreprit sa remise en état et lui adjoignit des pistes d’essais spéciales qui ont été placées à l’intérieur de l’anneau de vitesse et qui sont utilisées par les constructeurs.

y L’autodrome de Monza, en Ita-

lie, tracé aux portes de la ville, est à direction nationale. Sa configuration générale est différente de celle de Montlhéry. L’anneau de vitesse, d’un développement de 4,25 km pour une largeur minimale de 9 m, est comparativement moins rapide, les virages étant moins relevés.

Le circuit routier ne comporte aucun virage en épingle à cheveux. Son développement est de 5,75 km, y compris la petite piste de vitesse, à l’intérieur de la grande, d’un développement de 2,385 km.

Circuits permanents

Pour pallier la disparition des autodromes, on a réalisé des circuits permanents, tracés à l’aide du réseau routier national, et sur lesquels les installations à poste fixe subsistent toute l’année. La circulation des voitures downloadModeText.vue.download 14 sur 583

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est seulement interrompue pendant les essais et le jour de l’épreuve. En France, les plus connus sont le circuit très rapide de Reims Gueux et surtout le circuit de la Sarthe, à 5 km du Mans, qui, sur ses 13,461 km, comporte les

virages difficiles de Mulsanne, d’Ar-nage et du Tertre-Rouge. À l’étranger, il faut citer : en Belgique, Spa Francor-champs (14,175 km) ; en Suède, Karls-koga (3 km) ; en Allemagne, le difficile circuit montagneux du Nürburgring (28,265 km), à 60 km de Coblence ; en Hollande, Zandvoort (4,193 km), à 5 km d’Amsterdam ; à Monaco, le

« circuit dans la cité » (3,145 km).

J. B.

autofinancement

Remploi de ses profits par une

entreprise*.

C’est seulement après la Seconde

Guerre mondiale que, en France, l’autofinancement, pratiquement ignoré du fait de la stagnation de l’économie française au cours des années 30, est devenu un sujet d’analyse. Sous l’empire des nécessités, notamment en fonction de la modernisation de l’économie, et sous l’influence de la révolution keynésienne, qui insiste sur le rôle stratégique de l’investissement*, le rôle de l’autofinancement a, en quelque sorte, été découvert. L’énorme effort exigé par la reconstruction réclamait un accroissement rapide de la production et des investissements, et, par voie de conséquence, de considérables ressources de financement. L’autofinancement allait devenir dans ces conditions la méthode normale de financement de l’investissement.

Parallèlement, la création d’une

comptabilité* nationale, au départ même des travaux qui devaient inspirer le premier plan de modernisation et d’équipement, dit « plan Monnet »

(1947-1953), était subordonnée au rassemblement des statistiques nécessaires à l’établissement du compte capital des entreprises. Ainsi furent formulées les premières estimations des profits non distribués.

La connaissance de l’autofinance-