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Le baroque fait son apparition vers 1630

et se développe à Sucre notamment, où, parmi les monuments les plus caractéristiques, figurent les façades de Santa Bárbara (v. 1633) et de la cathédrale (1685), cette dernière oeuvre de José González Merguete. Quant à l’architecture « mé-

tisse », elle doit son originalité à un riche décor qui puise son inspiration dans la flore et la faune tropicales ou réinterprète des motifs de l’art de la Renaissance et de l’art précolombien. San Lorenzo de Potosí (1744), Santiago de Pomata, San Francisco de la Paz, l’église de la compañía à Potosí, entre autres, illustrent ce style. Le monument le plus typique du baroque est l’église de Santa Teresa à Cochabamba (plans anonymes de 1753).

Si le franciscain Manuel de Sanahuja, qui a reconstruit la cathédrale de Potosí (1809-1836), se situe dans la tendance néo-classique, les architectes Felipe Bertrés et José Núñez de Prado témoignent ensuite, à La Paz, d’un plus grand académisme. Les courants éclectiques ne sont dépassés qu’à partir de 1940 : les architectes Luis et Alberto Iturralde, influencés par le cubisme, ouvrent la voie aux tendances modernes.

SCULPTURE

Ses premières manifestations sont d’importation espagnole, telle la « Vierge de la Candelaria » de la cathédrale de La Paz. Auteur de la Vierge de Copacabana, l’Indien Francisco Tito Yupanqui fut un artiste très populaire. Le plus beau retable de la fin du XVIe s. est celui d’Ancoraimes, de caractère maniériste. L’influence du réalisme de Mar-tinez Montañez est sensible chez un autre sculpteur sévillan venu en Bolivie, Gaspar de la Cueva.

Après une longue période quasi improductive, le XXe siècle voit se manifester le talent de Marina Núñez del Prado, à l’inté-

rieur du courant « indigéniste ».

PEINTURE

Le maniériste italien Bernardo Bitti (v.

1548-1610) est l’initiateur de la peinture en Bolivie, suivi de Gregorio Gamarra. Le baroque, connu grâce aux gravures flamandes et à l’influence de Francisco de Zurbarán, trouve en Melchor Pérez de Holguín (v. 1665-1724) son plus illustre représentant. Doué d’un talent très personnel dans l’interprétation du paysage et des figures, il se situe parmi les meilleurs peintres hispano-américains de cette époque. Au XIXe s., on relève les noms du portraitiste Juan Bautista Ugalde (1808-1860) et de Zenón Iturralde, introducteur du romantisme ; au XXe s., ceux de Guzmán de Rojas, représentant du nationalisme pictural ayant l’Indien pour personnage central, et de Maria Luisa Pacheco, peintre cubiste de classe internationale.

Traduit d’après S. S.

H. E. Wethey, Arquitectura virreinal en Bolivia (La Paz, 1963). / J. de Mesa, T. Gisbert de Mesa et coll., La iglesia y el patrimonio cultural (La Paz, 1969).

Böll (Heinrich)

Écrivain allemand (Cologne 1917).

La plupart de ses récits sont situés dans son pays d’origine, la Rhénanie, plus précisément la région de Cologne et la grande zone industrielle qui s’étend du Rhin inférieur à la Westphalie. Böll n’est assurément pas un écrivain du terroir, mais il n’a jamais caché son attachement à sa terre natale ni tout ce que son oeuvre lui doit. Ses ancêtres paternels avaient quitté l’An-

gleterre pour demeurer catholiques. Né dans la grande ville, dans un quartier populaire et une famille d’artisans, il donnera souvent un cadre semblable à ses nouvelles ou à ses romans ; le Rhin n’est pas loin et Heinrich Böll en parle volontiers.

Mais c’est un homme de ce temps-ci, et déjà dans ses souvenirs d’enfance les grands événements politiques ont leur place : « Mon premier souvenir, c’est le retour de l’armée de Hindenburg ; grise, en bon ordre, elle a défilé devant nos fenêtres avec ses canons, ses chevaux, son désespoir ; j’étais sur le bras de ma mère et je regardais les colonnes sans fin qui marchaient vers le pont du Rhin. » Puis il y eut l’inflation de 1923, la crise économique de 1929-30, le chômage, la radicalisation de la lutte politique, la prise du pouvoir par Hitler (« quelques années plus tard, les chômeurs étaient tous casés : policiers, soldats, bourreaux, travailleurs dans l’armement... le reste était au camp de concentration »). Notations sans pathé-

tique ni emphase, mais avec une ironie souvent amère, telle est la manière de Böll.

Ses premiers livres relatent tous des épisodes du temps de guerre, non pas des combats, mais des situations saisies souvent en marge de la guerre pour leur valeur révélatrice, ainsi dans Le train était à l’heure (1949) ou Voyageur, si tu vas à Spa... (1950).

Le titre de cette nouvelle était

aussi celui du premier recueil qui fit connaître le nom de Heinrich Böll. Ces quelques pages font revivre dans un monologue intérieur entrecoupé de notations narratives les impressions d’un soldat blessé, évacué dans un hôpital provisoire qui se trouve justement être l’école d’où il est parti peu de temps avant. Mais tout est devenu autre et lui-même aussi.

L’immédiat après-guerre, l’Alle-

magne des décombres, du marché noir, de l’occupation alliée, des hivers meurtriers et des familles entassées dans ce qui restait des maisons fournissent le décor et les sujets de plusieurs récits de Heinrich Böll. Les images de cette époque se mêlent encore aux souvenirs

de guerre dans Der Zug war pünktlich (1949) et Wo warst du, Adam ? (1951).

La nouvelle intitulée Lohengrins Tod raconte la mort d’un orphelin de guerre obligé, dans les années juste après 1945, de faire vivre un jeune frère : il vole du charbon dans les convois qui vont vers les hauts fourneaux, se blesse grièvement en voulant sauter d’un train en marche et meurt à l’hôpital. Le médecin découvre alors son prénom :

« Il s’appelait Lohengrin, car il était né en 1933, au moment où les illustrés publiaient des photos de Hitler au festival de Bayreuth. » Image symbolique à coup sûr que celle de ce Lohengrin né en 1933 et mort misérablement

en 1945. Autre symbole cher à Böll la croix qui, sur le mur de son école, transparaît à travers la mauvaise couleur qui a été étendue sur le mur après 1933 pour masquer l’ancienne appartenance catholique de l’établissement.

Böll est, en effet, un écrivain catholique, mais très volontiers critique envers l’Église comme envers la société établie. Cela apparaît particulièrement dans la deuxième partie de son oeuvre, celle qui se situe dans l’Allemagne restaurée, revigorée, devenue riche et prospère dans les années entre 1950 et 1960 : Und sagte kein einziges downloadModeText.vue.download 521 sur 583

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

1618

Wort (1953), Haus ohne Hüter (1954), Billard um halbzehn (1959), Ansichten eines Clowns (1963), Billard um halbzehn est, de tous les romans de Böll, celui qui embrasse la plus longue pé-

riode, puisque l’action s’étend sur trois générations, de l’époque wilhelminienne aux lendemains de la défaite de 1945. Quant au clown, il est une sorte de symbole de la conscience intellectuelle dans la société contemporaine : il a au plus haut degré le sentiment non seulement de la relativité des valeurs grâce auxquelles se soutient la société établie, mais aussi de l’absurdité des situations qu’elle impose. Le clown est aussi un raté, un artiste manqué, à qui sont restés seulement le regard critique et un ricanement qui rappelle parfois celui de Christian Buddenbrook, cette

figure du roman de Thomas Mann dont tout le talent était dans la parodie et la moquerie. Le clown de Böll est plus populaire, plus tragique, plus proche de la misère.

La foi catholique de Böll n’est pas sans problèmes et son credo, qui doit beaucoup à Kierkegaard, est assez proche du credo quia absurdum. La philosophie de l’absurde transparaît souvent dans cette oeuvre qui se sauve par une sorte d’amour des simples, de cordialité proche des petites gens. Böll refuse toutes les conventions et les satisfactions immédiates d’un monde dont il embrasse l’évolution d’un regard de plus en plus large (Gruppen-bild mit Dame, 1971). En 1972, il a reçu le prix Nobel de littérature.