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nom de Thana Creek. La façade de

l’île regardant vers le continent se prê-

tait donc à l’aménagement d’un port convenablement abrité contre les tempêtes de l’océan Indien, assez agité pendant la mousson.

Les étapes de

la croissance

Les îles ne sont pas restées désertes avant l’arrivée des Européens, mais elles ont surtout été occupées par des pêcheurs.

Avec la phase des comptoirs (1534-1850) commence véritablement la

croissance. La région appartint d’abord

aux Portugais, qui développèrent peu le port, car ils possédaient plus au nord le comptoir de Sūrat. C’est lorsque Bombay fut cédée aux Britanniques, en 1661, que commença l’essor. La ville devint alors le principal comptoir anglais de la côte ouest, puis, avec le début de la conquête, une base d’opérations contre les Marathes notamment, et, enfin, la capitale de l’une des trois

« présidences » de l’Inde britannique.

La fonction commerciale et politique permit d’atteindre 250 000 habitants vers 1850.

À cette date s’amorce la phase d’industrialisation. Les Britanniques s’in-téressèrent très tôt à la culture du coton sur les terres noires du nord-ouest de la péninsule. À partir de 1850, ils commencèrent à développer une industrie de traitement du coton, d’abord de la filature pour l’exportation vers la Chine, puis du tissage. Très tôt, des communautés indiennes, parsis de Bombay et castes commerçantes issues du Gujerat voisin, se lancèrent également dans les entreprises d’industrie textile. Aussi, usines et banques apparurent-elles dans l’agglomération, dont l’activité fut stimulée de surcroît par l’ouverture du canal de Suez et par la guerre de Sé-

cession aux États-Unis, qui fit monter rapidement les prix du coton. Malgré des périodes difficiles, notamment lors de la crise mondiale, l’activité continua à se développer, et, en 1941, la ville atteignait environ 1 500 000 habitants.

La période contemporaine (depuis

1941) a vu cette croissance s’accélérer.

D’une part, la guerre amena la création de vastes marchés pour les produits industriels ; d’autre part, la politique d’industrialisation du gouvernement indien draina vers Bombay des capitaux importants. L’accélération générale de la croissance démographique lui profita également, si bien que, en 1951, l’agglomération avait 2 800 000 habitants, 4 100 000 en 1961. En 1971, la population approchait 6 millions d’habitants.

Il s’agit pour une large part d’immigrants récents : en 1951, 27 p. 100

seulement des habitants de Bombay y étaient nés, et la ville ne comptait que 774 femmes pour 1 000 hommes.

Les activités actuelles

Elles sont marquées par l’importance du port et de l’industrie. Bombay vient au premier rang en Inde pour le tonnage débarqué et embarqué (environ 20 Mt par an). L’industrie est diversifiée. Le textile figure toujours en tête, avec les filatures et tissages de coton.

Il souffre de son ancienneté même, car beaucoup d’usines sont vétustés et ont une productivité assez faible, si bien que les prix de revient sont élevés et que la concurrence de centres plus modernes se fait sentir.

Les industries nées du port sont le type classique (notamment le raffinage du pétrole). Mais surtout, depuis l’indépendance, ont été créées des industries de transformation diverses, fabrications de machines et de véhicules notamment, ainsi qu’un grand complexe d’industrie chimique. Un centre atomique a été construit au nord, à Trombay. Enfin, il existe une puissante activité artisanale qui revêt deux formes : à un artisanat classique, fondé en partie sur le traitement des matériaux de récupération, est venue s’ajouter une multitude de petits ateliers qui ont des équipements assez modernes et produisent notamment

des machines-outils et des pièces dé-

tachées. Au total, l’industrie emploie plus de 600 000 personnes.

Capitale financière, politique et commerciale, Bombay offre de surcroît dans le secteur tertiaire plus de 700 000 emplois. Activité réelle donc, même si elle est souvent peu productive et si les revenus sont bas. La ville a un pouvoir d’attraction certain sur des régions éloignées, comme la côte méridionale de la péninsule.

La structure de

l’agglomération

L’urbanisation affecte la totalité de l’île de Bombay et le sud de celle de Salsette. Bombay s’étire du sud au nord sur plus de 25 km, avec une largeur maximale de trois à quatre kilomètres. L’île de Bombay a une forme rectangulaire, mais au sud elle dessine deux pointes, comme les pinces d’un crabe (pointe de Colaba à l’est et de Malabār Hill à l’ouest). Les anciens îlots de lave contrastent nettement avec

les régions basses, progressivement conquises sur la mer par drainage et remblaiement. Les parties hautes ont été recherchées par les habitants aisés, car les brises de mer y apportent de la fraîcheur en fin d’après-midi, avantage appréciable avant l’avènement du conditionneur d’air.

L’urbanisation a commencé au sud

et à l’est de l’île, autour du port, puis a gagné vers le nord et l’ouest. Des quartiers très différenciés reflètent l’histoire de ce développement.

Le quartier du « fort » est situé au sud-est de l’île. Les installations militaires qui lui ont donné son nom ont maintenant disparu, et le quartier est devenu celui des affaires et de l’administration. Armateurs, banquiers, industriels, administrateurs sont encore dans une très large mesure installés dans des bâtiments de cinq ou six étages, de style néo-classique, ou d’un néo-gothique victorien rendu fort curieux par des incorporations de traits de style « mongol ». Les grands bâtiments modernes font une apparition assez timide. Les espaces dégagés pour faciliter le tir à partir du fort ont été transformés en esplanades qui aèrent le centre.

Les quartiers résidentiels aisés entourent le « fort ». Ceux de la pointe de Colaba et de la colline de Malabār (du côté de l’océan Indien) sont anciens, et leurs villas éparses dans la verdure ne manquent pas d’un certain charme assez désuet. Des immeubles modernes très élevés y apparaissent actuellement, ainsi que sur les remblaiements du fond de la baie.

La vieille ville indienne flanque cet ensemble au nord. Elle a été créée pendant la « phase de comptoirs », avant 1850, mais s’est beaucoup den-sifiée depuis. Actuellement, elle forme un ensemble très congestionné qui contient la moitié de la population de la ville. Des maisons de trois ou quatre étages, avec des balcons de bois plaqués sur les façades, sont souvent surpeuplées. Les petits commerces et les activités artisanales, parfois modernisés, donnent une grande impression d’activité.

Les quartiers industriels proprement dits forment deux groupes distincts, mais partiellement contigus : le quartier du port commence immédiatement au nord du « fort » et s’allonge sur toute la façade orientale de l’île ; le quartier industriel central, construit depuis 1850, borde au nord la vieille ville indienne. Les usines textiles, souvent assez dégradées, alternent avec des habitations surpeuplées qui forment un chaos compliqué d’immeubles collectifs construits par les industriels et de petites maisons d’aspect rural.

L’ensemble des quartiers décrits

forme un bloc compact dans les deux tiers méridionaux de l’île de Bombay.

Dans le nord de celle-ci et dans l’île de Salsette, les extensions récentes sont beaucoup moins continues. Des usines modernes (le long des voies ferrées) alternent avec des quartiers résidentiels moyens en immeubles collectifs, quelques unités résidentielles riches, des villages de pêcheurs peu transformés et aussi de tristes bidonvilles au bord des marécages ou sur le flanc des collines. Le plus moderne voisine donc avec le plus misérable, et l’agglomération se perd peu à peu dans les marécages.

D’une manière générale, les services publics n’ont pas pu suivre le rythme de l’urbanisation, et la vie est pénible à Bombay pour les plus pauvres. De plus, les liaisons avec l’intérieur sont difficiles ; les routes et les voies ferrées, peu nombreuses, construites à travers les marais, sont surchargées.