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EFFETS THERMIQUES.

Le problème paraît plus complexe, et les experts ne sont pas d’accord sur les résultats à prévoir en ce domaine. Dans

la stratosphère (10 à 25 km d’altitude), l’air étant trente fois moins dense que la troposphère (0 à 10 km), les radiations thermiques ne subiront qu’une très faible absorption. Celle-ci est due à la vapeur d’eau et non à l’oxygène ou à l’azote de l’air. Or, les trois quarts de la vapeur d’eau ne s’élèvent pas audelà de 4 km, et celle-ci n’existe dans la stratosphère que dans la proportion de 1/500 de sa valeur au sol ; les rayons thermiques se dirigeant obliquement ne seront donc pas atténués.

Le rendement maximal des engins

de fusion est obtenu par une explosion entre 25 et 80 km d’altitude. Aussi, le général soviétique Pokrovski estime-t-il qu’une bombe de 50 à 60 Mt explosant à ces altitudes pourrait allumer des incendies dans un cercle de 150 km de rayon ; la quasi-totalité de l’énergie libérée est irradiée jusqu’au sol, notamment dans la bande des infrarouges. Si la bombe A apparaît capable de détruire une ville, la bombe H serait par excellence l’arme stratégique qui pourrait détruire toute une région. Sou-lignons enfin que, dans les bombes de fusion, il n’y a pas, du moins théoriquement, de production de radio-activité instantanée, sauf celle qui provient du détonateur de fission. En raison de l’altitude où elles doivent exploser et de l’étendue de leur rayon d’action, les bombes H sont surtout destinées à l’armement des missiles. Il en résulte que, après avoir réalisé une miniaturisation suffisante de l’engin, il a fallu le loger dans l’ogive d’un missile : les Américains ont mis presque dix ans à résoudre ce problème.

RETOMBÉES RADIO-ACTIVES.

Par rapport à ceux d’une bombe A, les effets de l’explosion d’une bombe H

se trouvent aggravés par le phénomène dit « des retombées radio-actives ». Le champignon nucléaire entraîne en effet dans l’atmosphère un tonnage considé-

rable de matériaux les plus divers, qui vont retomber dans une zone affectant l’allure d’un cigare recourbé de 300 à 400 km de long et de 100 km de large.

Ce danger vient s’ajouter aux effets immédiats de la bombe, mais la protection contre ce péril est assez simple : si l’on se trouve à une distance du

point zéro telle que les constructions soient à peu près intactes, il suffit de rester à l’intérieur, de préférence dans les parties basses, et d’attendre que les consignes soient données pour sortir.

Conséquences des

explosions nucléaires

De 1945 à 1963, date où les accords de Moscou ont mis un terme aux explosions aériennes, l’énergie dégagée par l’ensemble des explosions nucléaires a été évaluée à environ 700 Mt, soit 200

pour le secteur de la fission et 500 pour le secteur de la fusion.

Afin d’apprécier l’importance de

ces chiffres, on notera que l’énergie dégagée de 1939 à 1945 par l’ensemble des projectiles tirés par tous les belligérants est estimée voisine de 5 Mt de T. N. T. Ainsi, « en temps de paix », l’homme a fait exploser en énergie dégagée 140 fois plus que pendant la Seconde Guerre mondiale.

Comme la fission engendre la radio-activité, on peut se demander dans quelle mesure ces explosions ont augmenté la radio-activité naturelle. Si on estime que, dans une bombe A, il y a formation d’environ 50 g de produits de fission par kilotonne, on arriverait, pour 200 Mt, à un poids de l’ordre d’une dizaine de tonnes de ces produits.

Par ailleurs, la répartition de l’activité totale résiduelle des explosions nu-cléaires serait de : un tiers en retombée locale (arrivant au sol dans les 24 heures qui suivent l’explosion) ; un tiers en retombée différée ; un tiers en suspension dans l’air (dont une partie resterait pendant un certain temps dans la stratosphère). Du fait de la formation de produits de fission à longue période (il y en a une quinzaine), il peut y avoir augmentation de la radio-activité naturelle qui proviendra de l’action des pluies. En fait, c’est la formation des nuages qui, au niveau où elle se produit, draine les poussières. Celles-ci sont concentrées dans les nuages, qui les agglomèrent dans les gouttes de pluie avec lesquelles elles précipitent au sol : c’est le plus important du phé-

nomène des retombées. En outre, des retombées dites « sèches » existent en l’absence de toute précipitation et semblent être une autofiltration des

produits de l’atmosphère sur le sol ; elles représentent 20 p. 100 des retombées stratosphériques, 40 à 60 p. 100

des retombées troposphériques.

Le strontium 90. Le plus étudié des radio-éléments à longue période est le strontium 90 ; c’est un émetteur bêta de période 28 ans, chimiquement voisin du calcium, dont il suit le métabolisme.

On calcule qu’une équivalence de 1 Mt de T. N. T. libère 143 000 Ci de strontium 90, ce qui créerait, en supposant une répartition uniforme à la surface du globe, une contamination radio-active de 0,2 à 0,3 mCi par kilomètre carré.

Toutefois, la contamination du sol par les retombées n’est pas uniforme.

On a constaté que la plus grande partie du strontium 90 est retombée dans l’hémisphère Nord aux alentours du 40e parallèle, et qu’il n’y a eu aucun échange de contamination entre les deux hémisphères Nord et Sud. Si, au lieu de ne considérer que le strontium 90, on fait intervenir l’ensemble des produits de fission, on arrive par mégatonne de T. N. T. à une activité totale de 330 000 Ci. Les activités bêta totales des retombées sur la France ont ainsi atteint en millicuries par kilomètre carré : 550 en 1961, 1 300 en 1962 et 1963, 300 en 1964, 80 en 1965, 25 en 1966, 13 en 1967, 23 en 1968, 27 en 1969.

L’ensemble des sources naturelles de radio - activité contribue en moyenne à l’irradiation de l’homme pour une dose dite « gonade » de l’ordre de 100 millirems (mr) par an. À cette dose annuelle s’ajoute une dose supplémentaire due aux retombées radio-actives : elle est estimée à quelques millirems.

L’équilibre de la terreur

Des cinq pays qui, en 1970, possèdent l’arme nucléaire, seuls les États-Unis et l’U. R. S. S. s’affrontent et font régner dans le monde un certain équilibre fondé sur la terreur des armes nucléaires stratégiques. Après diverses fluctuations, on estimait en 1970 que leur puissance était équivalente dans le domaine des missiles balistiques intercontinentaux : 1 000 à 1 200

I. C. B. M. environ dans chaque camp.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 3

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Si les Américains semblent plafonner à ce nombre depuis 1967, les Soviétiques ont accompli depuis lors un prodigieux effort, puisqu’ils ne disposaient à cette date que de 300 engins environ.

Alors que, chez les Américains, cet armement nucléaire stratégique est réparti entre les I. C. B. M. basés au sol (« Minuteman » et « Titan II » de portée 10 000 km) ou sur sous-marin (« Polaris A2 » ou « A3 ») et les bombes emportées par bombardiers lourds

« B-52 » ou « B-58 », du côté sovié-

tique, les engins les plus redoutables seraient les « SS 9 », dont la charge atteint 25 Mt et la portée 16 000 km.

Ainsi on estime que l’U. R. S. S. pourrait détruire 55 p. 100 de la population américaine avec 200 têtes nucléaires de 1 Mt, alors qu’il en faut 1 200 aux États-Unis pour anéantir 45 p. 100 de la population soviétique. Cette disparité est due à la différence des concentrations urbaines de ces deux pays, dont les stocks nucléaires atteignaient en 1970 de 20 000 à 40 000 Mt pour chacun d’eux.

On comprend dès lors l’importance des efforts consentis par les États-Unis pour tenter d’établir un système de protection aérienne de leur territoire. Mais le coût des antimissiles (ABM) en restreint nécessairement l’emploi (v. aé-